ART

Rencontre avec Byzant, jeune street-artiste de Lyon

La photo d’un graff annonçant « Les murs avaient des oreilles… maintenant ils ont la parole. » est probablement une photo connu de tous. Ce graff exprime parfaitement l’un des objectifs du street-art : faire passer un message. Byzant, jeune graffeur, fait partie de ces artistes qui souhaitent partager ses idées. On a discuté avec lui.

Byzant est un lycéen de 16 ans vivant à Lyon qui a décidé de se mettre au graff. Cette dénomination est évidemment bien large mais il est bon de savoir que l’on peut classer le street-art en différentes catégories : « Le vandale, nous explique Byzant, ce sont des blazes qui sont écrits le plus de fois possible, dans des endroits plus ou moins légaux. » Il existe aussi le mural qui se caractérise par des fresques directement sur des murs, et également le pochoir. C’est dans cette dernière catégorie qu’a décidé de s’aventurer notre lycéen il y a six mois. Les pieds bien sur terre et la tête sur les épaules, le jeune lyonnais sait ce qu’il veut et d’entrée il précise :

« Je suis plus dans la dénonciation des problèmes de société et dans la politique que dans l’artistique »

En effet, à travers ses pochoirs, Byzant dénonce, soutient, revendique des idées, il est engagé Byzant ! La question qui dérange (ou non) est donc posée : et la légalité dans tout ça ? Mais ça n’a pas l’air d’être tabou, l’ado s’y connaît et répond sereinement à la question :

« La légalité est un autre problème ; la loi dit “La destruction, la dégradation ou la détérioration volontaire d’un bien appartenant à autrui dont il n’est résulté qu’un dommage léger est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe” et  “Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger” : en clair c’est illégal. »

Ça n’a pourtant pas l’air de le déranger plus que ça. Mais il tient tout de même à préciser que malgré l’illégalité du graff, il existe des lieux prévus à cet effet, « plus ou moins tolérés ». Byzant reste cependant respectueux et choisit soigneusement les endroits où il graffe. Il souligne le fait qu’il ne faut pas détériorer quelque chose qui a de la valeur et ajoute : « C’est rare en effet de voir des graffitis sur des belles pierres. »

Donc, si on résume, Byzant veut faire passer des idées tout en restant respectueux de l’environnement urbain dans lequel il agit. Pour ce faire, il a choisi le pochoir. Mais c’est quoi, exactement ? Réponse du tac au tac :

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Byzant – Tout droits réservés

« Alors moi perso je prends des images sur internet et je les retravaille, ou sinon je les fais direct. Après, je mets la photo sur clé USB et j’utilise un vidéo projecteur pour projeter l’image sur le papier. Je dessine le contour sur le papier et après je découpe. »

Ça paraît simple comme bonjour, si on l’écoute ! Jusqu’ici donc le budget reste raisonnable (si on a un vidéo projecteur à portée de main), mais ensuite il s’agit de graffer, c’est coûteux ?

« J’utilise des bombes Flame (elles me conviennent même si les caps se bouchent vite). Avec une bombe on peut faire plusieurs dizaines de pochoirs, sachant qu’elle coûte environ 4€, cela n’est pas extrêmement cher. En revanche pour faire un mur (ou un wagon) il faut beaucoup de bombes, donc plus cher. »

Malgré le fait que le pochoir soit à la portée de tout le monde et peu cher, Byzant semble rester sur sa faim :

« Je suis de plus en plus attiré par les fresques. Utiliser les lettres à notre guise est particulièrement agréable, jouer sur les couleurs pour faire mieux qu’avant ou mieux que celui qui vient de recouvrir ton dernier tag… » et d’ajouter « Le graffiti est un art qui est éphémère, quand ce n’est pas un agent municipal qui le recouvre, c’est un autre graffeur… »

Sur ces mots s’achève notre conversation. On souhaite à Byzant, ce jeune plein d’ambition, une bonne continuation.

Pour en savoir plus sur le graff n’hésitez pas à regarder le documentaire Faites le mur ! de Banksy.

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