P’tit Quinquin c’est d’abord un joyeux bordel. Tout commence par la découverte de cadavres fourrés dans des vaches folles par un mystérieux « exterminateur » dans un gentil village de la côte boulonnaise. Un genre de duo à la Laurel et Hardy mène l’enquête…
Le personnage le plus drôle du P’tit Quinquin est sans aucun doute le commandant, une espèce de Charlot cocaïnomane au visage convulsé de tics et de mimiques et à la démarche plus que bancale. C’est évident, une série policière dont l’affaire est menée par deux gendarmes incompétents qui commencent leur enquête en pleine messe d’enterrement, et où le rôle du médecin légiste est tenu par un vétérinaire d’abattoir, ça tourne forcément au gag généralisé.
On ne doute pas un instant que l’extravagance burlesque de Dumont serve plus à disséquer et subvertir l’horreur humaine, qu’à nous faire innocemment éclater de rire. Pour ne citer qu’un exemple, lors de la scène la plus tragique du film qui met en scène la tentative de suicide d’un enfant de 10 ans, le commandant s’adonne à une roulade jamesbondesque à faire sourire les plus cyniques d’entre nous. Le comique est là comme pour redoubler l’anormalité, souligner l’incohérence d’événements qui minent réellement notre société.
Autour de cette belle tripotée d’idiots gravitent P’tit Quinquin et ses amis, de vrais sales gosses qui balancent des pétards sur les cyclotouristes néerlandais sortis pique-niquer. Mais ce sont ces “baby-gangsters” qui ajoutent un peu de candeur à cet hilarant mais macabre bordel. Juchés sur leurs VTTs, tous les cinq nous emmènent en promenade sur les plages boulonnaises qui semblent désertées de toute humanité. On oublie un instant l’effroyable bêtise humaine et on se rappelle à quel point la nature est belle.
Pour une fois que le comique ne se vend pas comme un divertissement abrutissant, profitons en. La bonne dose de drame cuisinée au comique par Dumont est outrageusement incorrecte. Après tout le rire n’est il pas le meilleur moyen d’exorciser le tabou ?
Dans sa mini-série présentée à Cannes au Printemps dernier, Bruno Dumont multiplie des intermèdes gores plus farfelus que ceux de NCIS et des gags tout droit sortis du cinéma burlesques des années 20, si bien qu’on ne sait plus très bien dans quoi ranger P’tit Quinquin. Entre série policière et chronique de l’absurde, c’est à se demander si la Croisette n’a pas été en proie à un canular.