La rentrée musicale s’est faite en beauté, avec des sorties d’EP et d’albums pour nous faire démarrer l’année. Voici quelques idées d’écoutes pour égayer le froid hivernal qui s’installe durablement. A vos casques !
Benjamin Clementine – At Least For Now
Après ses deux EP Glorious you et Cornerstone, Benjamin Clementine vient juste de sortir son dernier album At least for now. L’artiste originaire d’Angleterre, qui a fait récemment la couverture des Inrocks, nous offre un album riche et généreux de onze longs morceaux présentés à la fin de l’année 2014. La voix de velours de Benjamin chante la mélancolie même, accompagnée de son éternel piano et de quelques instruments qui construisent une ambiance si particulière. Il est très compliqué de définir le style musical de Clementine, qui se dirigerait plutôt vers la pop avec des accents classiques. Cette ambivalence se retrouve sur le titre Adios sur lequel on remarque des envolées vocales presque lyriques. On trouve aussi sur l’album des titres doux et caressants comme London et Then I heard a bachelor cry. D’autres chansons sont plus lancinantes, à l’image de St Clementine ou de Condolence, presque hypnotiques. Cornerstone, qui était déjà disponible sur l’EP du même nom, est vibrant d’émotion avec une voix pleine et puissante. Les paroles évoquent la solitude, le mal être. Sur Nemesis, Benjamin Clementine travaille le souffle. L’intime et ciselé The People and I nous dévoile un éventail d’émotions avec une montée finale tout en puissance. Le dernier titre de l’album, Quiver a little, est chuchoté et résonne comme si nous nous trouvions dans une église avec, en fond sonore, des cloches qui résonnent. Le premier album de Benjamin Clementine est donc le produit de plusieurs années de travail et d’émotions comme contenues trop longtemps et enfin libérées sur le fil d’une harmonie ciselée. Vivement la suite !
Julia Coutant

Barclay – Droits réservés
Paradis – Couleurs Primaires
Ce jeune duo formé sur Paris en 2011, use de la langue de Molière avec kitsch, pop et romantisme, l’agrémentant de nappes pop-house et d’âcreté techno. Souffle de singularité au sein de la scène musicale française, ce duo composé de Simon Mény et Pierre Rousseau vient juste de dévoiler son premier EP, Couleurs Primaires. Sur de simples mélodies touchantes, ils déploient une électropop mélancolique, envoûtante et dansante, dépeignant avec leur palette aérienne, les couleurs primaires des méandres de l’intimité. Tout débute avec Garde-le pour toi, bijou hypnotique de l’intime sur lequel se déroule une house chaude et enivrante. Touchante et séduisante, leur mélodie se mêle au chant langoureux, secret et électrisant. Le mystère se poursuit au sein de l’atmosphère nocturne du crépusculaire, romantique et élégant du titre Sur une chanson en français. Le bal des oubliés nous fait tournoyer au cœur d’une danse frénétique, portée par une rythmique techno fringante. Les corps se déploient dans l’intimité, adoptant les décibels comme rythme cardiaque. Des remix des deux premiers morceaux viennent clôturer cet EP harmonieux et efficace.
Marie-Madeleine Remoleur
Uncode – CMTRN EP [AFK013]
Un retour en force de la part du talentueux et prolifique producteur italien Uncode, qui signe cette fois ci chez Affekt Rec quatre titres à l’intensité palpable, tout en sachant rester sobres, sans fioritures, et parfaitement adaptés à des sets de deep techno.
Victor Jayet Besnard
Cavale Blanche – Deer Funeral
Les rennais, anciennement nommés Cavale, opèrent désormais sous le nom de Cavale Blanche, formation que l’on retrouve d’ailleurs au sein du collectif nøthing regroupant des groupes de la nouvelle scène shoegaze et cold wave française (dont la compilation est sortie le 2 février). Surfant sur une mystérieuse vague à la croisée du shoegaze, de la dream pop et de la cold wave, le duo formé par la bassiste Mathilde et le guitariste froid Lucinaire ont dévoilé début janvier leur premier EP Deer Funeral. Au cœur d’une atmosphère crépusculaire, ces bretons dévoilent avec sensualité un souffle poète mêlé avec éclat aux nappes vaporeuses de claviers et aux éclats éthérés des guitares. Sur ce premier EP, le duo rennais nous offre six titres gracieusement produits. La nuit s’enfonce doucement, dans une ambiance électrique, bondissant d’un emballant et aérien Cavalerie qui perce la nébulosité au gré du chant nerveux des guitares. Le crépuscule chavire progressivement dans l’obscurité profonde avec le magnétique Onze et le cabalistique When Are You Going. Après France, France évasion graduelle et ethérée de guitares saillantes, le décor glacial s’installe définitivement avec le méditatif et mystique Widow avant que le spacieux et éponyme Deer Funeral nous entraîne avec élégance et splendeur en plein cœur d’une nuit sépulcrale, dantesque et cafardeuse. En bref, un premier EP réussi pour le groupe rennais qui vient de rejoindre la maison de disque Sentence Records.
Marie-Madeleine Remoleur