SOCIÉTÉ

Le discours de l’Union d’Obama : une année de challenges face à une majorité républicaine

C’est le 20 janvier dernier que le président américain, Barack Obama, a prononcé le traditionnel discours sur l’état de l’Union. Face au Congrès, une série de mesures sociales pour la classe moyenne a notamment été annoncée, mais également d’autres mesures plus internationales concernant le terrorisme, l’Iran, la normalisation des relations avec Cuba ou encore la question de Guantanamo. Cet article revient sur le contenu et les promesses du Président, pour le « dernier quart » de sa présidence.

Qu’est-ce que le discours sur l’état de l’Union ?

Le discours sur l’état de l’Union, en anglais State of the Union address, est un événement annuel où le président des États-Unis présente son programme pour l’année en cours. Il est prononcé à Washington, plus exactement au Capitole, où les deux chambres, c’est-à-dire la Chambre des représentants ainsi que le Sénat, sont réunies.

Il est à noter que le discours de cette année fut un peu particulier pour Obama. Bien qu’il ait déclaré devenir plus habitué et détendu pour cette pratique, pour la première fois depuis son élection en 2008, le président américain a dû présenter son programme devant une majorité républicaine. Il s’est ainsi exprimé devant un Congrès dont les deux chambres sont contrôlées par ses adversaires républicains. 

Le discours et la plume.

Barack Obama est un auteur. Il a écrit une autobiographie, « Les Rêves de mon père. L’histoire d’un héritage en noir et blanc » ainsi qu’un essai-programme best-seller intitulé « L’Audace d’espérer », ce qui explique pourquoi il écrit également la plupart du temps ses propres discours. Cependant, la situation est un peu différente pour le discours sur l’état de l’Union. Le Président possède une plume qui réfléchit et travaille au discours plusieurs mois à l’avance avant de lui soumettre. S’il l’approuve, seules quelques corrections sont ajoutées, cependant si la proposition ne plaît pas, le Président réécrit alors lui-même son script.

De 2009 à 2013, ce poste de « plume » était occupé par Jon Favreau, ayant participé à la campagne de 2004 du démocrate John Kerry. Il a ainsi participé au discours d’investiture du 24 février 2009 de Barack Obama. Cependant, depuis deux ans, c’est Cody Keenan qui se charge des discours. Il était le second de Jon Favreau, et possède une plume plus dynamique et acérée, peut-être plus appréciée en temps difficile, face à l’écriture plus lyrique de Favreau.

L’enjeu de ce discours, et ses priorités.

On pourrait croire que prononcer le discours sur l’état de l’union sachant qu’il ne reste à Obama que deux ans de mandat présidentiel ne soit pas important. Au contraire, l’enjeu pour le président est de montrer qu’il est toujours capable de gouverner, en particulier face à une majorité républicaine. Il doit affirmer son assurance et sa ténacité par le biais des promesses pour l’année qui vient de commencer. Un vrai challenge étant donné que l’audience est de plus en plus faible au fil des années. Cependant, la popularité d’Obama s’est vue croître, notamment en raison de la bonne forme des indicateurs économiques : le chômage est tombé à 5,8 % tandis que la croissance est à 5 % en rythme annualisé au dernier trimestre, son plus haut niveau depuis 11 ans.

Obama a annoncé l’entrée des Etats-Unis dans une nouvelle ère économique, tournant la page ainsi à la violente récession qu’ils ont subi suite à la crise des subprimes. Il a ainsi prévu une réforme fiscale qui prévoit l’élimination de nombreuses niches, un accès à la propriété facilité, l’amélioration de l’accès à l’Internet haut-débit, ou encore la gratuité des “community colleges” (sous certaines conditions) qui offrent des formations universitaires courtes. Il a ensuite appelé à faire avancer les accords de libre-échange avec l’Union européenne et la région Asie-Pacifique, cet appel étant principalement dirigé au Congrès. De bien belles promesses, malheureusement la majorité républicaine constitue un gros obstacle pour mener à bien ces objectifs. En effet, bien qu’Obama puisse opérer certains changements par décrets, le soutien du congrès est cependant crucial à la réalisation de réformes plus profondes et structurelles.

Un focus international

Barack Obama a fait plusieurs annonces et promesses dans son discours, s’engageant en priorité, sur le plan international, à vaincre l’organisation Etat Islamique (EI, ou ISIS). De façon plus généralement relative au terrorisme, il a évoqué les derniers attentats, au Pakistan mais également l’affaire Charlie Hebdo de Paris, se déclarant solidaire de toutes les personnes ciblées par les terroristes ”  dans le monde, d’une école au Pakistan aux rues de Paris”. De plus, le Président a donné un message fort, et de soutien en dénonçant la résurgence de l’antisémitisme et en condamnant les stéréotypes sur les musulmans, qui se sont malheureusement propagés après les dernières attaques terroristes notamment.

De façon plus précise, le président américain a également évoqué ses relations avec l’Iran et Cuba. Concernant l’Iran, Obama craint que de nouvelles sanctions ne fassent que renforcer l’antagonisme de leurs relations tout en célébrant l’échec de la diplomatie, annonçant qu’il imposerait son Veto si de telles mesures étaient votées. Il a ensuite évoqué avec espoir la possibilité qui est offerte à son pays jusqu’au printemps de négocier un accord complet empêchant l’Iran d’obtenir une arme nucléaire.
Obama a ensuite mentionné Cuba, faisant écho aux discussions sur la normalisation des relations deux pays datant de décembre dernier. Il a ainsi lancé un appel afin de commencer le travail pour mettre fin à l’embargo.

Le conflit en Ukraine n’est pas non plus passé sous silence, il fut au contraire l’occasion pour Barack Obama de rappeler la position de son pays dans le monde : “Nous défendons le principe selon lequel les grandes puissances ne peuvent malmener les petites en nous opposant à l’agression russe, en soutenant la démocratie en Ukraine et en rassurant nos alliés de l’Otan. (…) Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis qui se tiennent forts et unis avec leurs alliés, tandis que la Russie est isolée et que son économie est en lambeaux.”

Enfin, suite à la parution des rapports de torture de la CIA à la prison de Guantanamo notamment, la promesse de fermer la prison a été renouvelée, bien que les initiatives en semblent loin… En effet, des transferts de prisonniers vers des pays tiers se sont certes accélérés, mais aucune date de fermeture n’a encore été prévue ni annoncée. Obama a ensuite profité de ce sujet délicat pour réaffirmer l’engagement de son pays envers la justice.

En conclusion, c’est un discours sur l’état de l’Union plein d’espoir et de promesses. On voit bien que le Président des Etats-Unis se bat pour combattre le « lame-duck », syndrome qui touche les locataires de la Maison Blanche perdant leur influence politique en fin de mandat. Ainsi, malgré un Congrès défavorable, Obama a deux ans pour prouver que le dernier quart de sa présidence importe, et qu’il fera une différence.

Attachée de presse de cinéma et blogueuse, je fais partie de l'équipe de Maze depuis plus de quatre ans maintenant. Le temps passe vite ! Je suis quelqu'un de très polyvalent: passionnée d'écriture ("j'écris donc je suis"), de cinéma (d'où mon métier), de photo (utile pour mon blog!), de littérature (vive la culture !) et de voyages (qui n'aime pas ça?). Mon site, www.minimaltrouble.com, parle de développement personnel, de productivité, de minimalisme mais aussi de culture :)

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