CINÉMA

Compte-rendu des César

Il est 21h. La salle presse est remplie de caméras et de journalistes. L’AFP, les quotidiens nationaux, la presse spécialisée et Maze Magazine.

Des écrans de partout pour retransmettre la cérémonie et une estrade, surplombée par un pupitre. Louane rafle la première récompense. C’est l’espoir féminin, malheureusement. Elle ne viendra d’ailleurs jamais rencontrer la presse. Peu à peu les vainqueurs se succèdent pour répondre aux questions. Ils passent d’abord par le studio photo de l’académie, puis la radio et enfin les autres médias. Les journalistes applaudissent quand ils arrivent, parfois poliment, parfois à tout rompre. Sissako, le réalisateur de Timbuktu, sera venu un nombre de fois incalculable. C’était presque trop. Son film est magnifique, mais de là tout rafler… après être reparti bredouille de Cannes il a fait le (trop) plein de César, mais il trouvait toujours quelque chose de nouveau à dire.

Les journalistes se déchaînent


Les journalistes sont une espèce particulière. Ils réagissent énormément. Quand un prix est décerné et qu’ils n’approuvent pas, ils hurlent presque. Aucune retenue en salle de presse. Ce fut le cas pour Louane, un “ooooh non” général s’est élevé. Mais là, c’était mérité. Les combattants par contre, a été bien applaudi. La presse a ses chouchous, l’académie en a d’autres.

Le clou du spectacle, c’est lorsque l’homme en costard qui organise le question-réponse annonce la venue imminente de Sean Penn. Lui, l’immense acteur, aux multiples grands rôles, à la carrière impressionnante, à deux pas de nous. Il ne reste que pour 2 questions, mais tout de même, c’est Sean Penn, à 10cm de nous. L’annonce de son arrivée provoque un brouhaha incessant. Mais lorsqu’il arrive, c’est particulier. Des applaudissements, mais personne ne se lève. Ce n’est pas la standing ovation que la salle du Châtelet a pu lui offrir. Il se dit heureux de pouvoir rendre ses collègues américains jaloux, puis repart, digne comme seul Sean Penn sait l’être.

Une longue soirée

Ce fut une longue soirée. Très longue. Le champagne a coulé à flot pour faire passer les 4h de cérémonie. D’habitude c’est 3, “seulement”. A la fin, c’est la chienlit, on croise Testud qui cherche sa voiture et qui a l’air d’avoir bien savouré le champagne. Adèle Haenel qui vient parler de son prix et qui a enlevé ses chaussures tellement elle semble épuisée. Elle garde à peine les yeux ouverts.

Niney vient aussi, tout fébrile qu’il est. L’émotion peut paraître fausse lorsqu’elle est retransmise à la télé, mais quand ils arrivent 5 minutes après avoir récupéré leur César, ils sont encore tout chamboulés et tremblants. A ce jeu là, Stewart tremble comme personne. Ses pieds menaçaient de s’effondrer à tout moment, sur ses hauts talons. Quand quelqu’un lui demande ce que ça fait d’être la première actrice américaine à recevoir un César, elle répond : « c’est une question très bizarre. »  Certains  vainqueurs veulent aller fumer leur clope tranquillement, d’autre boire un coup, les interviews sont généralement très courtes. Sauf Sissako, qui a décidément toujours quelque chose à rajouter !

Timbuktu au sommet

Un triomphe donc, celui de Timbuktu. Petite surprise. 7 prix et pas des moindres, ce n’est pas rien. La guerre des biopics sur St Laurent n’aura pas eu lieu. Et Pierre Niney a éteint l’incendie allumé par les médias, qu’il a d’ailleurs remercié avec humour pour cela en salle de presse. Certains discours furent très longs, mais d’autres étaient sincères, avec un vrai message derrière. Edouard Baer a été fidèle à lui même, il a “Baerisé”, avec l’humour qu’on lui connait depuis quelques années déjà, mais avec de l’audace aussi. Celle d’aller dans le public faire un film, celle de faire chanter aussi. Mais il fallait écourter les discours, 1h de retard ça commence à faire.

On ne reviendra pas sur la victoire de Mommy et l’absence de Dolan, le même qui reproche aux Oscar de ne pas le nommer… Jolie réussite en revanche pour Les combattants qui a raflé 3 prix : meilleur premier film, espoir masculin et meilleure actrice. Adèle Haenel est la nouvelle coqueluche du cinéma français, elle gagne tous les ans. Mais elle est douée, une magnifique carrière s’offre à elle.

Les César ont récompensé l’audace, le cinéma d’auteur avec Timbuktu, le cinéma qui ose, qui a une véritable portée politique et historique avec Timbuktu toujours. Mais les César ont aussi récompensé la jeunesse à travers Les combattants, Haenel, Kateb pour Hippocrate et Niney. Ce dernier parlait du besoin pour la France d’une jeunesse qui rêve. Il a amplement raison. Et les César ont contribué à cela, enfin ! On leur reproche souvent de ne pas être assez jeune, c’est chose faite. Que cela continu.

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