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Louvre Abu Dhabi : lentement, mais sûrement !

District de Saadiyat, fin novembre 2014.

Un étonnant spectacle se déroule : les 4 piliers du dôme de 7000 tonnes du musée du Louvre sont mis à l’épreuve ; on pose le monstre. Auparavant supporté par plus de 100 piliers “provisoires”, l’étape finale de sa mise en place a été un franc succès. Après de long tests de résistance en Californie, la solidité et la résistance des piliers du musée ont été confirmées.

Cette pose a été faite en présence de M. Ali Majed Al Mansoori, président de la société de développement du tourisme et de l’investissement d’Abu Dhabi. Ce dernier s’est félicité de ce chantier et de l’investissement des équipes qui réunissent ce qui se fait de meilleur en terme d’architecture et de BTP.

Peu de temps après, encore dans la démesure habituelle, c’est la liste des prêts des musées français qui est dévoilée : pas moins de 300 œuvres seront prêtées lors de l’année d’ouverture du musée, pour un total d’environ 600 exposées.

Parmi celles-ci on retrouve notamment une effigie de Ramsès II, une toile de Léonard de Vinci, L’Apollon du Belvédère, Bonaparte franchissant les Alpes de David, La gare Saint Lazare de Monet, Bacchus à la Cuve de Rodin, L’Autoportrait de Van Gogh, La nature Morte au Magnolia de Matisse ou encore La Big Electric Chair de Warhol. Ces prêts, exceptionnels, uniques ont été consentis par de nombreux musées français, représentés par l’AFM, l’Agence France Museums, organisme en charge du Louvre Abu Dhabi (Côté Français). Ils viendront s’ajouter aux collections, déjà bien fournies, propres au Louvre Abu Dhabi

La construction de ce musée aura été longue et coûteuse, tant pour les équipes françaises que saoudiennes. Longue, très longue, la construction a pris un retard assez considérable . Tout d’abord programmée pour une ouverture en 2014, il n’ouvrira finalement que fin décembre 2015. Cela dit, les travaux sont loin, très loin d’être finis : seul le béton et le dôme ont été posés, mais pas forcément finis. Il reste encore a mettre en place tous les systèmes électriques, informatiques, ainsi que les systèmes de refroidissement. Cela sans oublier la mise en place des collections et de la décoration intérieure.

Ce chantier titanesque a bien évidemment un prix : près de 2 milliards d’euros, dont 1 versé aux musées français sur une période de 30 ans. Malins, ces derniers ont su écarter le gouvernement qui est aujourd’hui totalement impuissant face aux dérives de l’AFM. Cette dernière s’est apparemment calmée depuis 2010. En effet, en 2012, les émiriens échaudés avait fait la commande d’un audit sur les acquisitions faites par les “experts” du Louvre. En effet, ces derniers se sont laisser allés et ont dépensés des sommes faramineuses pour des œuvres… pas si exceptionnelles que ça. De plus, ils auraient aussi poussé l’achat de 9 toiles de Cy Twombly en échange d’une esquisse de celui-ci pour orner le plafond de la salle des bronzes. Ils n’ont pas non plus envoyé l’équipe de formation et de gestion promise…

Il faut néanmoins souligner le fait qu’au delà de ces dérives, et du mécontentement qui en a découlé, Abu Dhabi est extrêmement fier de sa collection, certes très hétéroclite ; il en a même publié un catalogue. De plus, le chantier du musée reste prioritaire sur la liste des musées de l’île du “bonheur” (Saadiyat). Fleur Pellerin avait d’ailleurs manifesté la volonté du gouvernement de boucler ce projet en le visitant peu de temps après sa nomination au ministère de la culture.

Si tout se passe comme prévu, le musée devrait ouvrir fin décembre cette année. Néanmoins, il semble réaliste d’anticiper de légers retards. En effet, il reste toujours une quantité titanesque de travaux à faire. Ces derniers sont aussi régulièrement dénoncée par diverses ONG du fait du non respect des droits des travailleurs étrangers. Ces derniers sont exploités, permettant ainsi une avancée rapide des travaux.

Rendez-vous donc en fin d’année pour voir si ce chantier exceptionnel se finira enfin !

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