CINÉMA

Kirill Emelyanov : l’enfant, l’amant dans Eastern Boys

Paris, gare du Nord. Une bande de jeunes Ukrainien impose leur nonchalance à l’activité fourmillante de la gare. Marek, l’un d’entre eux, immobile et envoutant, attire l’attention de Daniel, un quarantenaire célibataire. Ils se donnent rendez-vous au domicile de Daniel. Le lendemain ce n’est pourtant pas Marek qui pénètre dans l’appartement de Daniel mais toute une bande venue piller son appartement. Au détour de la scène presque irréelle du pillage supervisé par un playboy sadique, un désir indéfinissable soude les deux personnages du début à la fin. Sans être celle de la bergère et du ramoneur, l’histoire interroge poétiquement la conciliation entre la passion et l’hétérogénéité du monde.
C’est l’atonie des scènes sexuelles qui éveillent notre interrogation. Désir et plaisir, sont-ils les seuls objets des rencontres entre Daniel et Marek ? La tension sexuelle qui les unie dans les premiers moments du film s’affaiblie rapidement pour se transformer en une affection pleinement platonique.
Marek est en fait un nouveau né affublé de toutes les entraves du héros romantique. Il va faire naitre en Daniel autant d’amour que d’angoisse. Son corps, son visage qui dans la première scène n’était que provocation et vulgarité, font place à une figure tout à fait originale. Marek est l’éphèbe farouche, l’enfant à gâter et l’adolescent turbulent. Kirill Emelyanov, ce tout jeune acteur russe jongle avec ses trois personnages avec une aisance folle. Donnant à Eastern Boys toute son harmonie poétique. On en redemande.

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