Karidja Touré a accepté de nous rencontrer dans un petit bureau du 9e arrondissement de Paris. Dans deux grands fauteuils, autour d’un bureau en verre, la discussion s’engage. L’actrice est d’un naturel à couper le souffle. Elle répond aux questions sans hésitation, avec un large sourire et un doux regard.
Le cinéma est entré dans sa vie un peu par hasard. Elle en rêvait bien sûr, mais c’est lors d’une balade à la foire du trône que tout a commencé. La directrice du casting du nouveau film de Céline Sciamma l’a abordé. Tout s’est alors accéléré. Elle devait rappeler pour savoir si elle était intéressée par le projet. Elle a passé 4 ou 5 castings sans connaître le scénario. C’était le début de Bandes de fille.Elle a été énormément touchée par le scénario, car ce sont « des trucs réels » qui sont montrés. L’histoire de la fille de 3e qui ne peut pas passer en seconde générale, ça pourrait être la sienne. L’histoire des copines qui se font suivre dans le magasin, c’est son quotidien. Elle est reconnaissante à Céline Sciamma de mettre ça en lumière. Sa mère aussi, raconte-elle amusée : « à chaque fois ma mère me dit, tu diras à Céline que c’est vrai ce qu’elle raconte, que c’est vrai ! » C’est vrai que le cinéma français ne met pas tout en lumière. Qu’il se cantonne à certaines histoires, à certaines classes sociales, à certaines zones géographiques. Et Karidja a raison de préciser qu’il n’y a pas d’actrice noire en France. Malheureusement.
Initiation au cinéma
Bande de filles c’est une belle histoire pour elle. Elle ne connaissait pas les autres actrices avant. Elles sont devenues amies. « On n’arrête pas de s’envoyer des sms avec Assa » s’amuse t-elle. Elle rentre dans un monde qu’elle ne connaît pas, elle découvre tout, les festivals, la promotion du film, les shootings photos, les récompenses aussi. Et elle pourrait bien être sacrée meilleure espoir du cinéma français le 20 février prochain. Elle ne « réalise pas trop » tout ce qui lui arrive parce qu’elle ne « pensait pas à la suite » quand elle a fait le film.
Elle raconte d’ailleurs que la première fois qu’elle l’a vu entièrement monté elle n’a regardé que sa tête, ses boutons, sa façon de marcher. La deuxième fois elle a regardé ses « copines pour se faire des critiques à chacune » et la troisième fois elle a regardé l’histoire.
En attendant, elle rêve encore de cinéma, de varier les plaisir avec « des films différents, des films d’action, des films de danse. » Elle aimerait aussi retourner pour Céline Sciamma, même si elle n’est pas sûre que celle-ci accepte : « elle en a marre de nous ! » rigole t-elle. Elle a passé quelques castings, elle a été approchée quelques fois. « Si ça ne marche pas, c’est que ce n’est pas le moment » précise t-elle.
Pour l’instant, elle garde la tête sur les épaules. Elle continue ses études « pour garder un pied dans le monde réel et se lever en ayant un but. » Elle reste surtout cette jolie fille, spontanée et naturelle. Ce qui lui va parfaitement. Et surtout, elle donne espoir à la jeunesse d’aujourd’hui. ET pour cela, on la remercie.