2014, année sombre par bien des aspects surprend quant à ses sorties cinématographiques. Du loufoque (The Grand Budapest Hôtel) à l’odyssée (Les combattants), le public vient rêver. Plus que jamais, le cinéma se veut populaire par beaucoup de récits humains loin du pessimisme et de la pitié (Bande de Filles, Mommy…). L’univers imaginaire de la SF où le déjanté est le grand élu : nous devenons Astronaute avec Interstellar, voyageons dans un futur rosé grâce à Her, partons à travers les méandres de l’animation par Le vent se lève. Mais le cinéma cette année a été maintes fois une expérience de groupe. Un intense moment de partage et d’émotion. Le cinéma de 2014 nous fait du bien en nous emmenant dans une folie douce que l’on espère, 2015 n’éradiquera pas.
LE TOP
2 – Mommy, Xavier Dolan
3 – Interstellar, Christopher Nolan
4 – Gone Girl, David Fincher
5 – Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch
6 – True Detective, Nic Pizzolatto
7 – Her, Spike Jonze
8 – Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée
9 – Le vent se lève, Hayao Miyazaki
10 – Les combattants, Thomas Cailley
LE CHOIX DES RÉDACTEURS
Only lovers left Alive, Jim Jarmusch
Only Lovers Left Alive nous permet en 2h d’observer la déliquescence d’une ville, Détroit, mais aussi celle d’un monde, le notre. Et pourtant au travers des objets, de l’art et de la relation d’Adam et Eve une certaine continuité réside, alors que le reste semble se détruire. Jim Jarmusch a signé un nouveau bijou, toujours aussi emprunt de culture underground, qui ravira plus d’un amoureux de musique. Louison Labordie
Maps to the stars, David Cronenberg
Loin du Hollywood scintillant qu’on nous vend dans les médias, Maps to the stars est la peinture sombre d’un milieu où les stars ressemblent plus à des bêtes de foires qu’à de beaux apollons. Entre relations incestueuses, crises d’hystéries sur cuvettes de chiottes et apparition surnaturelle en poésie, c’est encore un film à l’image de Cronenberg : jouissif, malsain, étrange et viscéral. Ni pessimiste, ni caricatural, Maps to the stars est une œuvre de génie où se mêlent vices, philosophie et narration. Mais c’est aussi et surtout dernier vrai rôle de Julianne Moore… peut-être avant longtemps. Benoît Michaëly
Mommy, Xavier Dolan
Non pas parce que c’était pour moi le meilleur, mais parce qu’en allant le voir, je me suis sentie appartenir à un tout, une communauté. Dans la salle, il s’est passé quelque chose. On était ensemble à vivre ce fort moment, un vrai partage ! Marie Beckrich
Alliant de merveilleux plans, une bande son à couper le souffle et des acteurs vrais et audacieux, Xavier Dolan nous livre, avec Mommy, un mélo-drame puissant sur les liens mère et fils. Thibaut Galis
Xavier Dolan nous embarque à travers sa caméra dans un monde tout aussi beau que déchirant, où tous les sentiments sont poussés à l’extrême, où les personnages hurlent et où l’ambiance est oppressante quoique majestueuse. Mommy est une ode grandiose aux sens, aux couleurs éclatantes, à la puissance des sons qui transpercent le silence, et plus profondément une ode à la jeunesse qui cherche à s’exprimer. Anne-Charlotte Msnr
Boyhood, Richard Linklater
Boyhood était pour moi l’un des meilleurs films de 2014. Une ambiance originale et unique est créée grâce aux acteurs qu’on voit évoluer et grandir. Le réalisme du film le rend très émouvant et même poétique. Le thème du passage de l’enfance à l’âge adulte est traité avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Un magnifique film. Valentine Fourcart
Alleluia, Fabrice Du Welz
Peu de films en cette année 2014 nous ont secoués viscéralement, Alléluia du belge Fabrice Du Welz en fait partie. Mélangeant les genres avec subtilité (enchaînant une scène d’horreur avec une scène à la limite de la comédie musicale), développant ses personnages bigger than life jusque dans leurs derniers retranchements, les filmant avec une promiscuité tantôt dérangeante, tantôt bouleversante, et livrant une scène fantasmagorique sous acide la plus hypnotisante qui nous ait été donné de voir depuis longtemps : Alléluia dynamite un cinéma de genre francophone en berne depuis de nombreuses années, et offre une véritable alternative dans notre paysage cinématographique. Nicolas Renaud