Nouveau film de Mélanie Laurent, après Les adoptés en 2010, l’actrice passe une fois encore derrière la caméra. L’actrice-réalisatrice est plutôt bien reçue par la critique en général, et Respire ne fera pas exception.
Une fois de plus, la réalisatrice se porte volontaire pour être le reflet de problème sociaux. Respire retrace l’histoire de Charlie, jeune fille de 17 ans, bon élève à la famille compliquée. Au lycée, c’est l’âge des soirées, des premières fois. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », écrivait Rimbaud. Pourtant, Mélanie Laurent nous démontre l’inverse. Tout peut être très sérieux à 17 ans. Quand Charlie rencontre Sarah, belle, sûre d’elle et culottée, les choses changent. Les deux adolescentes ne vont pas tarder à devenir très proches. Petit à petit c’est une véritable fusion qui les entraînent. Des vacances aux confidences, tout se fait en duo. Charlie casse son carcan pour un grand changement d’air. Mais quand cette amitié tourne aux harcèlements, la relation, elle, devient étouffante.
Des actrices à couper le souffle
Joséphine Japy incarne le rôle de Charlie dans ce film. Son talent à déjà pu être testé sur grand écran avec notamment Le Moine ou encore Neuilly sa mère. Sans recourir à un jeu hystérique, Joséphine Japy frôle la folie avec brio. Une évolution grandement jouée par la jeune actrice. Avec elle à l’affiche, l’effrontée Lou de Laâge alias Sarah. Cette dernière, malgré son élégance et son visage fin, a le pouvoir de glacer le sang.
Ce film dérange, il montre une relation vicieuse. On perçoit le besoin et la joie de Charlie quand elle peut enfin se permettre de s’ouvrir, de crier, de rire, de voir de nouvelles choses avec Sarah. Ces deux filles n’ont pas de qualités ou de vices plus excentriques que ceux que l’on peut croiser tous les jours. Et les clichés sur la féminité ont été évincés : ni trop fragile, ni trop manipulateur, le duo toxique est très bien interprété. Toujours sur le fil, on perçoit aussi tout le moment du déclin jusqu’au harcèlements scolaire.
Une dénonciation ?
Mélanie Laurent a le mérite de faire un film extrêmement juste, et c’est en cela qu’il est dérangeant. En effet, une nouvelle élève arrive dans sa classe de Terminale et une amitié infernale et délirante se crée. C’est un événement ordinaire, avec des filles ordinaires, pas plus méchantes que d’autres. Une amitié qui va pourtant mal finir. Des millions d’élèves vivent ça et souffrent silencieusement, ce film d’une fausse banalité vient rompre cela. C’est un récit d’apprentissage qu’offre la réalisatrice sans une bonne dose de violence.
La grande absence de ce film reste l’équipe pédagogique. Alors qu’un bon nombre de scènes sont tournés dans l’établissement scolaire, à aucun moment les professeurs n’interviennent. Dénonciation, l’air de rien. Le harcèlement tient à cœur à Mélanie Laurent qui a avoué rêver depuis ses 17 ans de réaliser un tel film. Avec ses différentes expériences elle a dont pu constituer des personnages avec justesse ; jusqu’à vouloir que les spectateurs, eux aussi, trouvent ça (légitimement) grave et intolérable.
Un équilibre qui ne séduit pas
Un film vraisemblablement bien tourné, sûrement bien joué, qui tente de trouver un équilibre entre psychologie, apprentissage et terreur, qui malheureusement ne conquit pas tout à fait. Un peu long, les « pauses » de rire ou d’ambiances festives qui permettent une respiration, ne permettent pas pour autant d’accrocher le spectateur au fond de son siège. Sortir des salles obscures avec une impression de fiction éducative, un peu nauséeuse ne donnerait pas envie d’y retourner. Film à voir, film « social », mais film à ne voir sans doute qu’une fois.