CINÉMA

Eden : Mélo psycho ou conte psyché ?

Eden était un peu attendu comme le retour aux années 90, les Beats, la vie et les couleurs psychédéliques. Un retour sur la French Touch décevant face aux attentes suscitées.

Aller voir Eden, c’était vouloir s’immerger dans les basses de la House et les voix du Garage. Vouloir danser à travers Sven, le héros inspiré du frère de Mia – la réalisatrice – et retrouver les mélodies de la French Touch perdues après les années 2000. Mais s’il y a bien les soirées, les DJ’s et le LSD, tout cela reste  superficiel. Le scénario se focalisant  uniquement sur Sven, la frustration est trop souvent de mise pour le spectateur, forcé de quitter les soirées au bout de quelques minutes. Sven joué par Felix de Givry est un paradoxe à lui tout seul :  un homme de la nuit, un homme qui danse, un homme qui vit ? C’est à cela que l’on s’attendait mais il n’en est rien. Au contraire même, Sven ne vit pas. Il subit ses amis, la drogue, l’évolution de l’électro puis la fin de la French Touch. Il est las, mou et fade. La sensualité qui avait pu exister dans Un amour de jeunesse est inexistante ici. Il y a un carcan constant : les scènes de sexes sont avortées, celles de désespoir, coupées. Alors que peut faire le spectateur puisqu’il ne peut ni profiter d’une BO magnifique assez longtemps ni pénétrer l’intimité de Sven ? Finalement, Mia Hensen Løve semble s’être perdue dans la vie de son frère qu’elle ne peut complètement atteindre.

eden 1

Ad vitam/ CG cinéma/ France 2 cinéma / Blue marlyn

L’esthétique reste le plus réussi : les nuits sont éclairées de rose ou de bleu, rythmées par les danseurs.  Les jours, eux, sont épurés et lumineux. Les dialogues sont constitués de banalités quotidiennes qui auraient chez Godard témoigné d’un flegme avantageux mais qui ici, ennuie le spectateur. Bizarrement, alors que la vie de Sven rencontre de plus en plus d’embûches, le gris lui, très présent au début disparaît rapidement. En effet, le film va surtout raconter sa décadence : a l’apogée de la French Touch, Sven se fait un nom en tant que DJ, enchaîne les nuits, enchaîne les filles. Mais la French Touch se perd dans les années 2000, les vinyles sont remplacés par les ordinateurs, et à l’exception des Daft Punk (en toile de fond dans Eden) peu survécurent.  L’histoire est donc principalement centrée sur cette chute. Les années de la French Touch tellement rêvées paraissent bien loin. Rappelons que le film fait plus de deux heures et que le peu d’action sert à nous anéantir totalement. Mélangeant fiction et réalité (quelques soirées filmées  se sont réellement déroulées), Mia Hansen Løve se perd quelque peu. Son frère semble un mythe pour la réalisatrice qui en fait quelqu’un d’assez maigre finalement. La French Touch ne ressort que peu. Eden est donc une histoire fade sauvée par une BO en or.

Il vous faudra donc attendre encore pour retrouver le conte psyché de la French Touch, Eden en bon apéro.

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