MUSIQUE

Don Bosco Haps

Bosco Delrey, Steeve pour les intimes, jeune artiste New Yorkais, nous a livré un show endiablé au Belvedere de Namur à l’aide d’un rockabilly bouillonnant. L’artiste a créé un set mêlant son dernier album The Green Tiger’s alibi ainsi que son précédent, Everybody Wah !. L’ambiance chaleureuse de cette petite salle renforçait la sensation de proximité avec l’artiste et ses musiciens. Alternant hypnose lancinante avec des titres comme Esquisite Libs ou Afterlife et rock avec Baby’s Go a Blue Flame, Bosco Delrey a conquis le public du Belvedere. Nous avons eu la chance de discuter des heures durant avec lui, il a même accepté de répondre à quelques questions pour Maze.

Tu mélanges énormément de sonorités dans tes chansons, d’ou tires-tu ton inspiration ?

En général j’écoute beaucoup de Bach, le grand compositeur baroque, mais pour ce qui est de mes chansons, je tiens mon inspiration de tous les endroits que je visite. Tout vient de mes premiers enregistrements à New York, et de tous les sons de rue qui les ont accompagné. Dans le quartier on écoutait beaucoup de hip-hop, et même si on ne le ressent pas dans mes chansons, c’est de là que je tiens toute ma culture musicale. J’ai beaucoup été influencé par les sons grunge basiques, notamment grâce aux soirées dans lesquels je me rendais. En déménageant à Paris j’ai bien sur été frappé par d’autres univers. C’est comme si toutes les chansons que j’écoutais prenaient une dimension différente dans cette ville.  La façon d’enregistrer a également beaucoup varié. A New-York, tout était brut alors qu’à Paris, j’ai appris à enregistrer des chansons dans une optique de calme et de précision. Les parisiens font toujours en sorte de produire un son pur qui ne détruira pas les oreilles des gens qui écoutent, alors que dans mon quartier natal, tout était agressif, jusque dans les musiques enregistrées.

La musique est un art. Es-tu attiré par l’art en général ? As-tu déjà eu envie de mêler les disciplines ?

Ça peut vraiment être sympa de composer une chanson en regardant une peinture, ou de dessiner en écoutant de la musique. J’ai souvent été dans des expos avec ma guitare pour composer. Ce qui pourrait être sympa aussi c’est de jouer pendant qu’un artiste peint, comme une sorte de démonstration. Ça m’intéresserait beaucoup de faire ça. Tous les arts sont géniaux parce qu’ils reflètent matériellement ce que l’on ressent à l’intérieur de soi. Aucune forme d’expression n’est moins valorisante qu’une autre. Mêler les genres reviendrait à trouver une infinité de moyens d’exprimer ses sentiments. Que ce soit par un film ou par un dessin ou encore par une photo, on peut toujours dire ce que l’on ressent, parfois même sans l’aide des mots.

Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ? 

C’est très simple. Je fais ce à quoi j’ai toujours aspiré. Si j’arrive à vivre rien qu’en écrivant des chansons et en composant des musiques, c’est un putain de miracle. Je suis reconnaissant de pouvoir vivre de ma passion. Il n’y a pas que la musique bien sur, mais tout ce qui l’entoure : être devant une salle comble, voyager à travers le monde, enregistrer des sons qui plaisent aux autres, et plein d’autres choses.

Quand j’étais à l’école primaire, je griffonnais toujours dans les coins de mes cahiers. Ca aurait été génial que quelqu’un me dise : « Ok c’est bon, tu peux arrêter l’école, et te mettre à faire ces dessins pour gagner de l’argent ». C’est à peu près ce que je ressens quand je réalise que je peux vivre de ma musique. On ne m’a pas demandé de faire de grandes études pour partager mes chansons avec le public. C’est la vie rêvée de beaucoup de gens. Je suis sûr que tout le monde est un musicien au fond de lui. Même si tout le monde ne sait pas chanter, on peut jouer d’un instrument ou composer pour d’autres gens. Toutes les branches de la musique sont faites pour qui souhaite partager ses émotions.

J’aurais adoré être professeur de piano, mais ça nécessite un énorme travail des mains et de la dextérité. Je n’aurais jamais eu le courage, dans mon adolescence, de bosser autant pour un instrument. J’admire tous ceux qui maîtrisent sur le bout des doigts le piano ou la guitare, ou même n’importe quel autre instrument, parce que c’est une vraie prouesse.

Bosco Delrey - Tout droit réservé

Bosco Delrey – Droits réservés

Quels sont tes prochains projets ? Comment se passe ta tournée ?

Je ne suis pas vraiment en tournée. Après trois ou quatre dates, ma seule envie c’est de rentrer chez moi à Paris. Je suis devenu très casanier.

En ce qui concerne la musique, quel est ton meilleur/pire souvenir ? Qui est la personne la plus intéressante que tu aies rencontrée ? 

(Après plusieurs minutes de rire, Bosco se décide à répondre, de façon surprenante). En général, mon pire souvenir reste celui d’un jour ou je me suis fait pipi dessus à la maternelle. C’était horrible, j’ai du marcher dans les couloirs avec mon pantalon mouillé, entrer dans le bureau de l’infirmière et lui demander un nouveau pantalon, mais tout le monde savait que ce n’était pas le mien parce qu’il ne m’allait pas du tout. Mon meilleur souvenir c’était surement le moment de ma naissance, j’ai vu les médecins, ils étaient sympa, on a bien discuté. Non sans rire, ça devait être quand j’avais deux ans et que j’ai couru à travers une prairie. Je me sentais déjà libre à l’époque.

J’ai rencontré tellement de personnes incroyables dans ma courte vie, c’est super difficile de me décider. Ce sont probablement mes parents, parce qu’on peut rencontrer autant de personnes intéressantes qu’il en existe, ils sont attirants à leur niveau, mais une fois que tu apprends à connaître personnellement tes parents, au-delà de leurs rôles de géniteurs, tu te rends compte qu’ils sont incroyablement géniaux. Tu te reconnais en eux, il y a un vrai lien entre vous, et au fur et à mesure tu réalises que tu es exactement comme eux, de l’humour jusqu’à la façon de s’habiller. Nous sommes presque tous des copies de nos parents. Apprendre d’ou ils viennent et ce qu’ils ont fait pour en arriver là, ça vaut plus que toutes les personnes connues ou folles que j’ai pu croiser durant ma vie.

Même si on sait que tu préfères jouer seul, qu’est-ce que ça te fait de travailler avec des musiciens ? 

Ca dépend, c’est très difficile de trouver les bonnes associations de personne pour qu’un projet fonctionne. J’adore bosser en studio, et pas seul chez moi, parce qu’on en apprend tous les jours. Tu apprends les différents styles de tous les producteurs qui te tournent autour.

La dernière fois que j’ai travaillé avec des musiciens, c’était avec une des membres du groupe CSS, elle a tenté ses idées vocales, puis j’ai ajouté ma guitare sur ce qu’elle faisait, je ne me suis pas contenté de lui donner une partition sans lui demander son avis sur ce qu’elle s’apprêtait à interpréter.

Mais cette optique est différente de celle où on est assis dans une pièce avec cinq mecs maniaques de leur instrument. D’ailleurs je suis pour la mixité dans un groupe. Avoir uniquement des garçons ou uniquement des filles ça créé un manque terrible dans la musicalité. Il manque souvent la finesse féminine ou le cote rigoureux masculin. Etre réunis comme ça, à écouter six instruments qui jouent chacun de leur côté, ça ne laisse pas place à une vraie ébauche de musique. Ça ressemble plus à du bruit qui sonne juste en fait. On ne peut pas entendre le fond de la chanson.

En bref, nous avons donc pu rencontrer un artiste complet, auteur, compositeur et interprète. En plus d’être excellent dans ce qu’il fait, il est de nature très sympathique. Nous attendons avec impatience la sortie officielle de son Green Tiger’s Alibi et lui souhaitons une longue carrière remplie d’excellents albums comme ceux que nous avons pu apprécier jusqu’à présent.

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

    You may also like

    More in MUSIQUE