SOCIÉTÉ

Travail, patrie

Ce vendredi 24 octobre le gouvernement a présenté devant l’assemblée son projet de réforme des allocations familiales : un accouchement dans la douleur. Chronique d’un enfant mort né ?

De la “modulation” des allocations familiales

700 millions euros d’économie, c’est le prix fixé par le gouvernement pour l’universalité des allocations familiales. Un principe mis en place par le général de Gaulle en 1945 à la base de notre système social français qui garantit à chacun la stricte égalité des allocations familiales. Un beau principe qui vaut aujourd’hui à la branche famille d’être déficitaire arguent les socialistes. C’est oublier qu’elle regroupe également la branche retraite depuis 2008 et ses 3 milliards de déficit. Décidés à ne pas s’embarrasser de débats idéologiques d’inspecteurs des finances, la réforme actuelle prévoit à partir de juillet prochain, que ces prestations soient dégressives en fonction des revenus. Elles diminueront de moitié à partir de 6 000 € de revenus, des trois quarts au-dessus de 8 000 €, tandis qu’elles ne variaient jusqu’à présent qu’en fonction du nombre d’enfants, sans aucun autre critère de distinction. Une proposition décriée par les communistes, la droite, le centre, une partie de la gauche, les écologistes etc. Bref, une proposition fédératrice. De célébration en célébration du Débarquement qui marquait le début de la fin de la Seconde guerre mondiale, la France voit pourtant son héritage historique détricoté. Les allocations familiales sont elles encore bien comprises par les politiques de ce siècle ?

Erreur de calcul

Trop souvent considérées à tort comme des aides censées contrebalancer la baisse du niveau de vie des jeunes parents, impliquée par la naissance d’un enfant, voilà les allocs réduites à un simple poste de dépense, déficitaire qui plus est, et donc mathématiquement victime de l’austérité budgétaire. Le mot investissement appartiendrait-il à une langue morte ?
« De quelque façon que nous organisions le travail, nos rapports sociaux, notre sécurité même, s’il est acquis que, décidément, le peuple français ne se multiplie plus, alors la France ne peut plus rien être qu’une grande lumière qui s’éteint. » Charles de Gaulle.

Il est en réalité question de capital humain. Le système social français est fondé sur le principe de solidarité inter-générationnelle, et donc sur une natalité positive ! Contribuer à l’éducation des générations futures n’est en rien un cadeau, il s’agit d’une avance. Une avance sur ce qu’il rapportera plus tard à la société, une économie, sur l’argent que nous n’aurons pas à dépenser pour financer les prestations sociales des plus âgés. Et quid des enfants qui doivent êtres élevés par l’État ? 40.000 euros par an pour un enfant placé dans une famille ou une structure d’accueil. Rappelons que le quotient familial qui prend en compte le fait que le niveau de vie de la famille diminue à mesure qu’augmente le nombre d’enfants, a été divisé par deux en quelques années.

De l’égalité à l’équité

Une mesure permettant la correction des inégalités de classes sociales ? Ce n’est malheureusement pas le cas selon les communistes et la CGT, debout contre une réforme qui télescope politique sociale et politique familiale. On sait que quelque soit la CSP des parents – ouvriers, employés ou cadres–, le niveau de vie baisse en moyenne de 13 % avec l’arrivée du premier enfant. Et voilà, à pas de loup, l’égalité remplacée par l’équité, et les citoyens mis en concurrence, y compris dans leurs droits les plus légitimes.

Pour aller plus loin :
http://m.lesechos.fr/idees-debats/la-desastreuse-socialisation-de-la-politique-familiale-0203873799267.htm
Pour toute tentative de corruption merci de demander la grille tarifaire à la direction.

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