MUSIQUE

Rencontre avec les Fatals Picards

Ciel bleu, fontaines monumentales, universités, centre-ville bourgeois ensoleillé et mémoire du peintre Cézanne rappelée un peu partout dans la ville… Il est tristement réducteur de résumer Aix-en-Provence en omettant de mentionner son festival de la chanson française, l’un de ces rendez-vous immanquables du Sud de la France, qui s’est tenu du 03 au 11 octobre 2014. Les amateurs de rock’n roll et de bons mots étaient présents pour applaudir les Fatals Picards, toujours en pleine forme, après une première partie assurée par “Laids Crétins des Alpes”, punks artisanaux qui valent le détour. Textes souvent humoristiques, parfois lucides et engagés sur des riffs qui déménagent, en phase avec un public endiablé, le show des Fatals Picards est resté fidèle à sa réputation.

Les Fatals Picards : Laurent Honel (guitare), Jean-Marc Sauvagnargues (batterie), Paul Léger (chant), Yves Giraud (basse)

Les Fatals Picards : Laurent Honel (guitare), Jean-Marc Sauvagnargues (batterie), Paul Léger (chant), Yves Giraud (basse)

C’est entre deux balances que Paul Léger et Yves Giraud, respectivement chanteur et bassiste du quatuor énergique les Fatals Picards, ont accepté de répondre aux questions de Maze.

Ce n’est pas la première fois que vous venez au festival de la chanson française du pays d’Aix. Qu’est-ce qui vous attire sur ce festival ?

Paul Léger : L’argent, l’argent !

Yves Giraud : Comme l’an dernier, ça a pas changé !

Paul Léger : On fait ça pour la monnaie. De toute façon comme disait un fameux groupe, “c’est la monnaie qui régit le monde, c’est la monnaie qui régit la terre, c’est comme ça on peut rien y faire”.

Yves Giraud : Non non, en fait, on nous a réinvités tout simplement.

Paul Léger : D’habitude c’est plutôt nous qui faisons la démarche de proposer nos services à des festoches et là c’est la cinquième fois qu’on vient et à chaque fois, ça se passe super bien. On est super bien accueillis et les gens qui nous accueillent sont contents eux aussi. C’est une affaire qui roule. Il y a quelques festoches comme ça en France où on est un peu des habitués et arriver dans des coins où les gens “ça leur fait plaisir de t’accueillir !”, c’est cool !

Vous avez actuellement un projet de DVD Live. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Paul Léger : On avait le projet de faire un DVD mais on se demandait comment le payer. On a donc décidé de passer par une plateforme de crowdfunding, comme ça se fait pas mal. Nous on avait jamais tenté le coup. On a demandé un peu moins de vingt mille balles et on les a eues en même pas quarante-huit heures, alors que normalement t’as trois mois pour le faire. Donc du coup on a rehaussé nos prétentions en essayant de faire un petit peu mieux. On a demandé aux gens de continuer à filer des thunes pour faire vraiment un chouette DVD avec un chouette packaging.

Yves Giraud : Un DVD qui va rassembler les quinze ans de carrière avec le florilège de tous les titres qu’on a pu composer, un spectacle de deux heures, avec du bonus, des backstages, et deux-trois conneries.

Est-ce qu’un album est en projet ?

Paul Léger : Il y a toujours un projet d’album.

Yves Giraud : On va faire un break de six mois à la fin de l’hiver, donc on reviendra avec des idées neuves.

Paul Léger : Ça va se faire dans la foulée, mais pour l’instant on est plus concentré sur le DVD.

Vous avez pris le choix de quitter les gros labels. Comment le justifier ?

Paul Léger : Si on avait trouvé des gens compétents avec qui on aurait fait du bon boulot, on serait resté là-bas mais le fait est que quand tu es sur des grosses grosses boîtes comme ça, qui ont plus l’habitude de bosser avec des Christophe Maé ou des Superbus, c’est vrai que quand ils se retrouvent avec des projets un peu comme nous, un peu alters, un peu difficiles à caser, ils savent pas bosser. Au lieu de nous aider ils nous foutaient plutôt des bâtons dans les roues. On a décidé de se passer d’eux, surtout qu’en plus ils prennent un paquet de pognon. On en revient toujours au pognon, mais tu vois c’est des gens qui foutent rien pour toi, qui à la limite t’emmerdent et qui te pompent la moitié de ton pognon. On a préféré repartir comme à la belle époque !

Yves Giraud : L’autoprod, c’est ce qui nous correspond le mieux je pense.

Vous étiez tout à l’heure à une conférence sur les paroliers. Comment se passe l’écriture d’un album ? Est-ce un travail collectif ?

Paul Léger : C’est plutôt Billy (Laurent, le guitariste, ndlr) qui s’y colle. C’est lui le gratteux. Mais il y a des chansons qu’on a écrites avec Yves. Y a pas de recette miracle en fait. C’est Billy qui finalise plutôt les trucs, les idées elles peuvent venir de droite, de gauche.

Yves Giraud : Surtout de gauche.

Paul Léger : On signe tous les textes à quatre de toutes façons. C’est plus équitable même si chacun a un boulot différent dans les Fatals.

La question que tout le monde se pose : Laurent est-il l’intello du groupe ?

Paul Léger : Bah il a des lunettes, mais en fait, le vrai intello, c’est moi !

Dave, qui apparaît dans le clip de Coming Out, est-il crédible dans le rôle du père homophobe ? Comment s’est passé le tournage ?

Paul Léger : Dave n’est pas crédible, mais le tournage s’est très bien passé. Dave est quelqu’un d’adorable, qui a répondu présent gracieusement pour notre clip. La journée avec lui s’est super bien passée, c’est quelqu’un d’assez sympa et il a plein d’anecdotes diverses et variées sur plein de personnalités du showbiz qui sont assez croustillantes. C’est un mec cool.

Puisqu’on parle des personnalités du showbiz, un mot sur Didier Wampas, peut-être ?

Paul Léger : Est-ce que Didier Wampas est réellement une personnalité du showbiz ? C’est surtout quelqu’un qu’on connait depuis longtemps, c’est un des rares mecs avec qui on a fait des trucs. Les mecs se battent pas pour faire des participations avec nous.

Yves Giraud : Il répond présent quand on demande un petit featuring. Sur Punk au Lichtenstein, il est passé au studio deux heures, il est venu et il s’est marré.

Paul Léger : On a fait des concerts avec lui, on l’a invité à un Olympia.

Yves Giraud : Il nous offre toujours sa douce et mélodieuse voix et ça fait toujours plaisir. Un super chanteur !

Paul Léger : (rires) Non.

Yves Giraud : Non.

Shaka Ponk s’est vu remettre la décoration de Chevalier des Arts et des Lettres par le Ministère de la Culture. Pourriez-vous envisager une telle décoration ?

Paul Léger : La médaille des chiffres et des lettres, comme on dit !

Yves Giraud : On en rêve !

Paul Léger : Si Shaka Ponk l’a, je vois pas pourquoi on l’aurait pas, étant donné que les mecs, ils chantent même pas en Français !

Yves Giraud : Je sais plus trop ce que ça veut dire cette décoration. Ça veut tout dire et rien dire.

Stallone l’a eue.

Paul Léger : Voilà, tu vois !

Yves Giraud : Oh putain !

Paul Léger : J’ai envie de te dire “pourquoi pas nous ?”.

Quels conseils donner à un groupe de jeunes désireux de faire du rock ?

Paul Léger : N’en faites pas, comme ça ça laisse plus de places aux…

Yves Giraud : … Non, non, faites du rock. Point. Te monte pas la tête. C’est ce que je dis à mes élèves ou aux petits groupes que je peux voir : faites du rock, et faites-le avec la niaque, avec passion, sans essayer de voir trop gros et si ça doit arriver, ça arrivera.

Paul Léger : Faut pas tracer de plans sur la comète. Faut juste bosser et être sympa. Bien jouer, jouer à l’heure, être disponible pour les fans.

Yves Giraud : La musique c’est pas un métier à proprement dit. Ça peut devenir un métier si tu tournes beaucoup.

Paul Léger : Vaut mieux monter ton groupe et vivre ça comme une bonne passion et te faire plaisir avec tes potes plutôt que de dire “oh putain je fais ça pour…” parce qu’en règle général, ça marche pas.

Merci aux Fatals Picards pour leur disponibilité, au festival de la chanson d’Aix, et surtout à Sophie Bertin pour l’interview ! Rendez-vous l’année prochaine !

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