MUSIQUE

Doolittle des Pixies – Électrique, poétique et cynique

Découverte du temps où j’étais au lycée, lorsque la curiosité m’a poussé à chercher d’autres morceaux que “Where is my mind ?” , les Pixies font partie de ces groupes que je n’ai jamais lâché et vers lesquels je reviens toujours tôt ou tard. Notamment avec Doolittle, fer de lance du rock alternatif des années 90.

Doolittle

Visuel pour la pochette de l’album créé par Vaughan Oliver en collaboration avec le photographe Simon Larbalestier. Le duo qui est à l’origine de tous les visuels des Pixies contribuera grandement à créer l’univers sombre et poétique developpé dans les texte du groupe – Droits Réservés

Doolittle  ?

L’album devait à l’origine s’appeler Whore (pute en anglais), mais lorsque le graphiste Vaughan Oliver propose au groupe d’illustrer la pochette avec un singe auréolé en référence à leur chanson Monkey Gone to Heaven, Franck Black, chanteur du groupe, décide de changer le nom de l’album en prenant un mot dans les paroles de la chanson Mr. Grieves. Ainsi Doolittle serait une référence à Jimmy Doolittle, un officier de l’US Air Force ayant mené en 1942 le premier bombardement de Tokyo désormais connu sous le nom de “Raid de Doolittle”.

« J’imaginais que les gens allaient penser que nous étions anticatholiques ou que j’avais été élevé dans la croyance catholique et que j’essayais de me faire passer pour un sale gosse qui rejetait sa religion. Un singe avec une auréole, avec un titre tel que Whore, ça allait nous attirer des tonnes de rumeurs et de conneries sur notre compte. Alors j’ai changé le titre. »

 

Entre surréalisme, surf rock et punk

En effet Franck Black a grandi dans un foyer très religieux et les références aux histoires et personnages de l’Ancien Testament sont courantes dans ses textes. Pour ce qui est des sujets d’écriture, il cite aussi comme influence, des films surréalistes comme Eraserhead de David Lynch ou Un Chien Andalou de Luis Buñuel. Musicalement, les Pixies sont influencés par des artistes assez variés, Joey Santiago le guitariste du groupe était un fan de David Bowie dans les années 70 avant de s’intéresser plus au punk rock : il cite notamment Black Flag. Kim Deal et David Lovering, respectivement bassiste et batteur, eux sont plutôt amateurs de folk tandis que Franck Black écoutait beaucoup de rock 60’s notamment les Beach Boys dont l’influence surf music se fait énormément sentir dans la musique des Pixies.

Le son “alternatif”

Paru en 1989, un an après Surfer Rosa leur album précédent, en pleine explosion de la vague alternative américaine portée par Sonic Youth, R.E.M. ou encore les Butthole Surfers et Big Black, avec Doolittle les Pixies signent un album au son frais et pop qui influencera bon nombre de groupes et artistes des années 1990 comme les Smashing Pumpkins, Nirvana, PJ Harvey ou Radiohead. Ainsi Kurt Cobain admettra même par la suite qu’en écrivant Smells Like Teen Spirit il cherchait à sonner comme les Pixies avec leur manière de passer brutalement d’un couplet murmuré à un refrain hurlé.

Niveau son, à la basse hypnotisante et aux chœurs naïfs de Kim Deal viennent s’ajouter une batterie monumentale et des guitares mélangeant surf rock et punk, un quatuor à cordes rejoint même le groupe sur Monkey Gone To Heaven. On passe d’un air pop touchant comme Debaser ou Here Comes You Man à des titres brefs et brutaux comme Tame ou Gouge Away portés par l’interprétation viscérale de Franck Black qui alterne chant presque murmuré et hurlements déchirants comme dans Hey, cette balade électrique torturée.

Pixies

De gauche à droite, David Lovering le batteur du groupe, Joey Santiago, le guitariste, Franck Black, chanteur et au premier plan, Kim Deal la bassiste. – Steve Pyke – Hulton Archive/Getty Images – Droits Réservés

 

 

C’est sans doute cette puissance dans l’interprétation et cette variété qui font de Doolittle un album aussi marquant et influent. Après assurément plusieurs centaines d’écoutes et quelques années, je continue de revenir vers les Pixies avec ce chez d’oeuvre enragé, violent et poétique. En bref, imaginez l’effet que produit un coup de poing donné dans un mur et vous aurez Doolittle.

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