MUSIQUE

Voyage en psychédélie : the Ghost of a Saber Tooth Tiger

Si vous ne les connaissez pas déjà, vous vous y êtes surement repris à plusieurs fois avant de comprendre le nom de ce groupe. Pourtant, vous connaissez forcément l’un de ses membres : Sean Lennon, que l’on étiquette trop rapidement comme fils de, frère de, filleul de etc, alors qu’il a déjà fait ses preuves en solo. Après les avoir écoutés de loin mais néanmoins appréciés à Rock en Seine, nous nous sommes penchés sur l’univers de ce groupe, nous les avons donc retrouvés quelques semaines plus tard au Grand Mix de Tourcoing.

Charlotte Kemp Muhl et Sean Lennon, deux multi-instrumentalistes autodidactes, ont créé The Ghost of a Saber Tooth Tiger en 2008. Au printemps dernier, ils sortent leur 4e album « Midnight Sun », qu’ils considèrent comme leur projet le plus abouti. Mixé par Dave Fridman, qui a entre autres travaillé avec les australiens de Tame Impala et the Flaming Lips, l’album s’insère parfaitement dans le paysage du rock psychédélique actuel, et se présente comme un festival de sonorités à la fois planantes et accrocheuses. Celles-ci nous entrainent, bien sûr, dans des comparaisons hâtives aux années expérimentales des Beatles, lancées par le fameux Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band en 1967. Certes, des titres comme “Animals” ou “Poor Paul Guilty” , tant musicalement qu’au niveau des histoires chantées par le duo, souvent étranges et abstraites , nous font directement songer aux titres phares de cette époque de la carrière des Fab Four, mais leur univers ne s’arrête pas là. C’est d’abord une symbiose entre deux artistes. La complicité se voit notamment sur scène, un regard, un mot et la setlist change ou l’intro du morceau suivant est allongée. Durant le concert, les effets de pédales et des claviers à reverb, côtoient des percussions étranges et des voix mystifiées. Le tout est toujours à la limite entre le trop peu, répétitif, qui ennuierait l’audience, et le trop plein, brouillon, qui finirait par nous perdre. L’alchimie est presque parfaite, à peine a-t-on le temps de se perdre dans un solo de guitare que l’on est très vite rattrapés par un morceau plus pop et entraînant. Sean Lennon, dans un français lui aussi presque parfait (puisqu’on vous le dit, cette soirée était presque parfaite) s’adresse à nous entre chaque chanson, ironise même sur le nom de son groupe, qu’il trouve très compliqué à traduire en français (ha non, pas du tout !). La soirée se conclut par une reprise de “Long Gone” de Syd Barrett, presque évidente, très joliment arrangée.

Un peu trop courte, seulement une dizaine de morceaux, principalement issus de “Midnight Sun“, sont joués, l’expérience d’une ballade nocturne dans l’univers the GOASTT fut tout de même très agréable. Héritiers des Beatles, évidemment, de Wilco, des Stone Roses et de ces groupes de rock progressif, menés par Pink Floyd, qui ont révolutionnés le paysage musical au début des années 70,  the GOASTT nous donne la nostalgie d’une époque où nous n’étions pas nés et l’envie de s’habiller en  hippie pour danser sur des vinyles poussiéreux en regardant par la fenêtre à travers un kaléidoscope.

A retenir également la première partie, Invisible Familiars, leur backing band. Le chanteur indique qu’il ne sait pas parler français en serrant un petit carnet remplit de notes, il fait tout de même l’effort de communiquer entre chaque chanson et à nous indiquer qu’ils sont très contents de venir jouer ici. Ça tombe bien, nous sommes aussi contents qu’eux, notamment parce qu’ils surfent sur la même vague que le groupe qu’ils soutiennent, servant eux aussi, une pop psychédélique à grands renforts de claviers étranges et d’effets de reverb.

crédit : bruno CATTY

crédit : bruno CATTY

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crédit : bruno CATTY

Etudiante en science politique à Lille et passionnée de musique.

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