CINÉMA

Lou, journal d’un film Loupé

Un film décevant, sans réel d’intérêt, sauvé par une mise en scène inspirée.

Un beau générique s’ouvre, délicieusement enfantin. Une enfant d’une dizaine d’années nous plante le décor. Elle aime son voisin d’en face, qu’elle espionne depuis sa fenêtre. Sa mère, avec qui la relation est très fusionnelle, sombre dans la déprime. Sans travail, sans amoureux, sans perspective d’avenir. Petit à petit, le monde de Lou se délite. Ses journées à rigoler avec sa mère se font rare. Leurs soirées pizzas appartiennent au passé. Elle doit concevoir un plan pour que tout redevienne comme avant.

Ce qui est formidable dans Lou, journal infime, c’est la mise en scène. Un véritable univers se crée devant nos yeux. Mélange d’avenir et de passé, il nous transporte. Les petites inventions qui changent le quotidien nous ravissent et on s’émerveille des astuces du réalisateur.
Dommage que cela ne soit que l’unique intérêt du film. Outre un scénario aussi poussif que passif, on se sent cloué au pilori en attendant le générique de fin. La relation mère – fille, fondement de l’histoire, est totalement survolée. On assiste aux plans égoïstes d’une enfant qui veut retrouver le bonheur d’antan mais du côté maternel, aucun ressenti. Certes, l’aspect loufoque du film veut cela. Certes, le film développe le point de vue de l’enfant. Mais est-ce une raison pour ignorer totalement la psychologie d’un personnage ? La légèreté d’un personnage n’est certainement pas un alibi pour ne lui donner aucune profondeur. Résumer une mère à des soirées pizza et la recherche désespérée de l’amour, c’est un peu trop… limité.
Ajoutons qu’il n’y a aucune surprise dans ce qui devrait être un rebondissement. Aucune subtilité dans le jeu des acteurs. Sagnier fait le boulot quand Baye est archi-caricaturale. La Nanny McPhee qu’elle est devient finalement gentille après une soirée ou tout dérape. Pourquoi ? Parce que les personnages se parlent. “C’est mignon mais un tout petit peu… ” D’ailleurs, le monologue d’une heure quarante d’une fillette de dix ans a ses limites. Mais couper cette monotonie par les soliloques de sa mère revient au même. Le dialogue peut tant apporter, ici, son manque est pesant. Au final c’est un film bien terne qui est tiré d’une bande dessinée pourtant si séduisante. C’est finalement un beau matériau, pour un film sans réelle profondeur.

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