SOCIÉTÉ

Le Royaume désuni

Les urnes ont parlé et leur verdict est clair : l’Ecosse fait toujours partie du Royaume-Uni. Pourtant, ce résultat était loin d’être couru d’avance. En effet, lors de l’annonce de l’organisation de ce référendum, les opposants à l’indépendance écossaise étaient majoritaires. Cependant, les indépendantistes, et notamment par le biais du SNP, le Scottish National Party dirigé par Alex Salmond, ont su s’imposer et faire une campagne plus que convaincante. Si convaincante, qu’au fur et à mesure que la date du référendum avançait, les estimations devenaient de plus en plus serrées, voire donnaient le « oui » à l’indépendance victorieuse. En effet, quelques mois avant le référendum, l’idée que 45 % des voix se portant sur le « oui » semblait totalement improbable. Et bien que ceux en faveur de l’indépendance n’aient pas gagné, leur vote ne restera pas ignoré. Au contraire, il va entraîner – ou entraîne déjà – des secousses au sein de l’échiquier politique, aux conséquences encore incalculables pour le moment.

Une nouvelle tête au SNP ?

« Le temps d’occuper une fonction dirigeante est presque révolu pour moi, mais la campagne pour l’Écosse continue et le rêve ne mourra jamais ». C’est ainsi que le premier ministre écossais, Alex Salmond, a annoncé vendredi 19 septembre qu’il démissionnerait de sa fonction en novembre, date prévue pour le prochain congrès du SNP, suite à la défaite du “oui” à l’indépendance écossaise. A 59 ans, il retrouvera donc les bancs de l’Assemblée écossaise en tant que député d’Aberdeenshire East. Sa déclaration reste néanmoins sujette à quelques critiques : rappelons en effet le fait qu’il avait, en 2000, annoncé avec la même théâtralité son départ définitif, avant de revenir sur sa décision à peine quatre années plus tard. Sa raison ? « J’ai changé d’avis. »

Source : ici.radio-canada.ca

Source : ici.radio-canada.ca

Le Royaume désuni ?

La question de l”indépendance écossaise concerne bien entendu l’Écosse, mais il semble tout de même important de faire le point sur la situation du Royaume-Uni : Grande-Bretagne, Ulster, Écosse, Pays de Galle, dévolution… Tout cela peut sembler un petit peu fouillis. Notons en premier lieu que les quelques 6 000 îles britanniques renferment d’autres nations : les écossais, mais aussi les gallois et enfin les habitants d’Irlande du Nord (en partie de souche écossaise). Depuis, il faut officiellement désigner cet ensemble par « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord », et dont les habitants sont « britanniques ». Quant à l’Ulster, il s’agit du morceau d’Irlande faisant partie de cet ensemble hétérogène.

D’ailleurs, « hétérogène » est le mot. Avec un système de dévolution du pouvoir (qui en accorde au Parlement écossais) – à degrés différents d’ailleurs – et donc des lois différentes et même des langues à part (on peut notamment penser au gallois, très implanté dans le nord du Pays de Galle), on peut se demander à juste titre sur quoi repose le sentiment d’appartenance des citoyens au Royaume. Que signifie « être britannique » si chacun des habitants de chaque zone est si différent ? C’est là que le score du « oui » à l’indépendance joue : 45 % en faveur, c’est une proportion qui ne peut être négligée et qui fait s’interroger.

Il semble en effet que nombre des éléments constitutifs de l’identité britannique vacillent : le poids du pays sur la scène internationale et le déclin progressif du symbole qu’était Westminster, les fiascos politiques qui ternissent la symbolique noble qu’incarnait le British establishment, les tensions raciales et religieuses exacerbées… Alors, nous dirigeons-nous vers un Royaume désuni ? C’est en tout cas ce que titrait la une de The Independent samedi 20 septembre, pourtant le lendemain de la victoire du « non » au référendum écossais… Et pour cause : malgré cette victoire, le score a ouvert non seulement les yeux, mais aussi le débat. David Cameron a d’ailleurs promis à Édimbourg une dévolution des pouvoirs encore accentuée : impôts, dépenses publiques, prestations sociales vont dépendre, largement, de la volonté de l’Écosse. Et ce n’est pas tout puisque le président du 10 Downing Street a également garanti ces conditions aux trois autres nations du royaume. Ainsi a-t-il déclaré que pour ranimer l’idée britannique, il faut repenser la manière dont le Royaume-Uni est gouverné.

L’indépendance écossaise a peut-être été rejetée, mais les conséquences de ce vote n’ont pas fini de se faire entendre, aussi bien dans le Royaume que sur la scène internationale où les désirs indépendantistes ne font que s’attiser, comme en Catalogne.

Attachée de presse de cinéma et blogueuse, je fais partie de l'équipe de Maze depuis plus de quatre ans maintenant. Le temps passe vite ! Je suis quelqu'un de très polyvalent: passionnée d'écriture ("j'écris donc je suis"), de cinéma (d'où mon métier), de photo (utile pour mon blog!), de littérature (vive la culture !) et de voyages (qui n'aime pas ça?). Mon site, www.minimaltrouble.com, parle de développement personnel, de productivité, de minimalisme mais aussi de culture :)

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