Divine, leur musique l’est. Les quatre pilotes parisiens aux commandes de la formation Divine Pilot depuis 2010, Charles (voix, clavier), Aurélien (guitare, choeur), Corentin (basse, choeur) et Jonathan (batterie), ont éclos au cœur de la scène parisienne, se forgeant lors de tremplins locaux, open mics, puis en remportant le prix Live Acoustique en 2011 et en faisant partie la même année de la sélection des Inrocks Lab. Parallèlement, en 2010, le groupe enregistre un série de cinq live filmés en huis clos sous le nom de Toternic Live, réalisent des sessions acoustiques chez leurs fans (Concert Chez Vous) et tournent des clips pour les deux titres auto-produits White Bird et Lonesome Rider. Quatuor parisien, Divine Pilot flirte avec un rock indépendant teinté de touches pyschés et britpop. Ils puisent leur influence dans les choeurs irlandais des Mumford and Sons, l’énergie de Cage The Elephant, les ambiances de Sigur Ros et le groove de Foals.
Après avoir sorti un premier EP prometteur White Bird en 2010 puis un second Love Again le 3 juillet dernier, le quartet de Paname a dévoilé le 15 septembre son premier album A Horse inside my head produit par Chuck Seagal Records, label indépendant francilien. Avec ce premier bijou, ils nous livrent treize morceaux plutôt courts qui flirtent assurément avec le rock indé, alliant énergie, groove, élégance et subtilité. A coup de mélodies et de refrains accrocheurs, ils nous offrent un premier album prometteur pour la suite, voguant avec talent du rock progressif vers un rock plus psyché. Tous les titres de ce premier album semblent incarner une véritable quête intérieure, presque possédés. Ce cheval dans la tête, ce sont les pensées, émotions et sentiments qui cavalent et fondent un rock assurément habité. Chaque riff de guitare, écho de basse, rythme de batterie ou envolée de synthé et choeurs servent à cette quête cavalante, à ces échos de sabots raisonnant dans l’esprit, entre guérison musicale aux maux de cette cavale.
L’album s’ouvre sur Be My Cure. Remède aérien et énergique, ce premier morceau nous plonge d’emblée au cœur de la course scintillante des guitares énergiques et d’une rythmique toujours cavalante. La voix singulière de Charles se lie, se délie aux riffs de guitares, oscillant entre plongée profonde dans les aigus et timbre grave et périlleux, comme sur le gracieux et cadencé Weak Soul. Déjà découvert sur leur EP, sorti au début de l’été 2014, Love Again prend la suite et se déploie en bijou de composition. Alliant envoûtement électrique et pulsions rock, ce morceau mené par une voix impétueuse se mêlant avec éclat à la mélodie, trouve son aboutissement visuel dans un clip fascinant et nébuleux.
Après l’énergique et radieux Bright Eyes, coloré d’envolées guitaresques galopantes et enivrantes, l’atmosphère s’embrume et se trouble avec White Bird. Présent sur leur premier EP, le morceau se déploie dans une atmosphère pesante et sombre. Pigmenté de guitares et voix fuyantes, de sifflements dignes des scènes les plus fatales des westerns, ce morceau valse entre douceur lumineuse et explosions harmonieuses et ravageuses. Comme pour Love again, ce rock habité se marie avec éclat aux images du clip vaporeux filmé sur un lac français.
Together In The Dark troque ici son rock incisif pour débuter par des touches d’harmonies mélancoliques, plus doucereuses. Mais cette sorte de grande réunion dans la pénombre, cette pop à la fois nostalgique et psychédélique, s’alimente rapidement de teintes rock harmoniques et percutantes, guidées par des guitares planantes et scintillantes. L’univers sombre et incisif ne se meut pas. Step after step, telle une complainte, s’achève sur une explosion menée par des choeurs aériens quasi célestes. Ballade déjà présente sur leur premier EP, Lonesome rider, se déploie comme l’excursion solitaire d’un baroudeur, menée par des guitares et une basse aventureuses et bercée par des harmonies délicates et entraînantes. Invasion hippique de l’esprit, excursion thérapeute. On reste sur la route avec Get Back On The Road, percutant et à vif qui nous emmène loin avec les choeurs finaux de From So Far, instant d’évocation du passé, portrait d’une contrée lointaine, de moments impérissables.
Worlds In Between est un bijou de composition, débutant sur le rythme délicat d’une guitare acoustique délicate, accompagnée d’une voix quiète et doucereuse. Aveu d’un départ imminent pour ailleurs, chant d’un adieu, la fragilité se meut alors en impétuosité. Progressivement, les guitares s’emportent, le synthé décolle et la basse offre un écho à cette harmonie planante. Cette explosion instrumentale qui se détache progressivement avec subtilité fait de ce titre une des pépites de l’album, offrant une structure détonante et planante. On retrouve alors l’énergie dansante des premiers morceaux avec le rythme efficace de Breathe. Les guitares scintillantes et le rythme incisif transportent avec éclat le morceau vers un rock ravageur et percutant, où une voix sombre se mêle aux choeurs lumineux. L’album se clôt alors avec l’atmosphère énigmatique et insaisissable de Voices. Les riffs de guitares viennent rassurer face à une voix et un synthé effrayants, presque oppressants. “Voices inside my head” répète le chanteur, comme si la folie qui habitait son esprit depuis le début de l’album ne le quittait plus, faisait désormais partie d’un tout thaumaturge et pathologique à la fois. La boucle est bouclée, le rock demeure habité, la tête reste peuplée.