Après une belle prestation scénique au Ronquières Festival pleine d’émotions malgré que le concert ait été le premier de la journée (13h30, il n’y avait alors encore presque personne dans le public), le chanteur new yorkais Ron Pope nous a accordé un peu de temps pour nous faire entrer dans son monde plein de simplicité, d’altruisme et de sincérité.
Maze : Bon, parlons un peu de ta musique. Comment pourrais-tu décrire ton style ?
Je pense que décrire de la musique avec des mots c’est comme décrire de la peinture en dansant. C’est juste que ça ne fonctionne pas, c’est impossible. Donc je dirais que la meilleure chose à faire si quelqu’un est curieux de découvrir ma musique c’est sûrement de l’écouter et de décider par soi-même dans quel style on peut me classer. Si toutefois tu veux mettre un nom dessus, on me dit souvent que je fais du pop rock indépendant.
Maze : Quelles sont tes influences ?
Il y a vraiment beaucoup de choses qui m’ont influencées. J’ai grandi en écoutant une grande diversité de musique. Ça allait du rock a la country en passant par le rap, le R’N’B et le blues. Et je pense que chaque chose que tu entends, a une part d’influence sur toi, d’une façon ou d’une autre. Quand tu entends un certain groupe tu te dis « oh je veux plus de ceci dans ma chanson ou moins de cela ». Et même si tu entends quelque chose et que ça n’influence en rien ta façon de penser, ça te touche quand même d’une certaine manière.
Maze : De quoi parle ton dernier album Calling of the dogs ?
L’album suit l’histoire de deux personnes, qui tombent amoureux, qui vivent leur histoire d’amour et puis qui se lassent l’un de l’autre. Et la dernière phrase de l’album est leur dernière interaction. L’idée de l’album c’est, à travers autant de chansons tristes que de chansons réjouissantes, de suivre ces deux personnes étape par étape dans cette relation amoureuse.
Maze : Est-ce que cet album raconte ton histoire ?
Il y a une chose qu’il faut savoir. Quand tu écris des chansons, il doit y avoir une partie de toi dans chacune d’entre elles. Donc qu’une chanson soit un compte rendu détaillé de ce qui est arrivé dans ma vie, ou bien l’histoire d’un ami, ou même si c’est une histoire inventée, elle garde et gardera toujours une part d’émotions en elle.
Il y a une chose que je trouve incroyable en ce qui concerne les bonnes chansons. Ce genre de chansons qui connecte énormément de gens par le simple billet de la musique. Ces chansons, en général, parlent d’un sujet universel. Par exemple, même si tu n’as jamais été en boite, ou que tu n’es jamais sorti tard le soir tu SAIS ce que ça fait de vouloir passer du bon temps en écoutant ces chansons. Que tu sois un enfant de 10 ans ou une vieille dame de 80 ans, un homme d’affaires ou une mère au foyer de 5 enfants, tu sais ce que ça fait de prendre du bon temps en soirée. Une bonne chanson t’apprend ce sentiment. Et ça fonctionne avec plein de sujets comme l’amour bien évidemment, ou l’espoir, le doute, la tristesse, le désir, enfin bref toutes les expériences humaines élémentaires.
Tout ça pour dire que cet album n’est pas forcement mon histoire, j’ai l’espoir d’avoir fait de bonnes chansons et qu’il soit l’histoire de toutes les personnes qui l’écouteront.
Maze : Qu’est-ce que la musique apporte dans ta vie ?
La musique est clairement une énorme partie de ma vie. Je ne peux pas dire qu’elle ait apporté une seule chose. J’ai commencé a en faire parce que j’étais juste dedans, je voulais créer, j’avais besoin de faire sortir toutes ces choses qui étaient en moi. Donc si je fais de la musique c’est à cause de ça, parce que j’ai acquis le désir de créer et de partager. Mais je fais aussi de la musique parce que je veux relier les gens entre eux de par cet art en leur faisant apprécier ce que je pense et ce que je ressens. Et ça c’est vraiment une sensation géniale. J’ai traversé le monde, pour jouer devant des gens que je n’aurais jamais rencontré sans la musique. J’ai interagi avec ces gens à travers la musique. J’ai rencontré plus de gens que je n’aurais jamais pu imaginer rencontrer et ce seulement grâce a la musique et au partage de celle-ci. C’est une des meilleures choses qui me soit arrivée.
Maze : Pourrais-tu retrouver une vie normale un jour ?
J’en sais absolument rien. Dans un tas d’interview on me demande ce que j’aurais fait si je n’avais pas connu le succès. Et je pense que c’est une horrible question. Par exemple, si tu es banquier, personne ne te dit « Oh tu as passé des années à l’école à étudier, à t’acharner, à travailler dur pour devenir banquier. Et maintenant que tu l’es, tu as une belle vie. Que ferais-tu si tu ne l’étais pas ? ». Y’a rien à répondre à ça à part « je serais un putain de sans abris parce qu’être banquier c’est mon travail. »
C’est exactement la même chose avec la musique. Être chanteur, c’est mon travail. La seule différence plutôt cool avec un métier normal c’est que toutes les choses qui étaient mes hobbys avant font maintenant partie de mon travail. Jouer de la guitare, du piano, écrire des chansons. Tout ce que je sais faire c’est ce que je viens de te citer, je ne crois pas que je pourrais faire autre chose. Je ne sais pas si sans ça je serais heureux ou satisfait de moi-même. Mais je crois que quoi qu’il soit arrivé la musique aurait gardé une place importante dans ma vie, qu’elle soit professionnelle ou non, elle l’aurait gardée.
Maze : Quels sont les différences entre tes publics à travers le monde ?
Je dirais que chaque nuit est différente. Si tu joues a Londres deux fois par an pendant plusieurs années, chaque concert sera différent. Ça dépend de plein de facteurs comme le jour du concert, l’énergie de la foule, comment les spectateurs ressentent l’instant, leur âge, la météo dehors. Il y a une infinité de facteurs. On ne peut pas dire qu’une foule à Berlin agit toujours de la même façon, ou qu’une foule londonienne sera toujours égale à elle-même. Chaque soir est unique et c’est la partie excitante d’une tournée. Tu ne sais jamais comment le public va réagir, chaque soir tu peux te renouveler.
Maze : De quoi est composé ton public ?
C’est vraiment très large. Je vois des gens jeunes et moins jeunes, des filles, des garçons, des hommes et des femmes. Et c’est tellement surprenant de voir une diversité telle que celle-là. J’ai toujours été impressionné par les différences énormes entre toutes ces personnes qui aiment ma musique.
Maze : Qui est ton artiste préféré du moment ?
Mon groupe favori en ce moment c’est un groupe originaire de Brooklyn qui s’appelle Frances Cone. Ils représentent une nouvelle vague du mouvement Hippie. J’aime énormément leur premier enregistrement studio, je suis un de leur plus grand fan. Je les ai déjà rencontrés, nous sommes très amis.