SOCIÉTÉ

Interview de Lara Dickenmann, internationale suisse à l’OL

Ce qui frappe toujours en premier, lorsque l’on voit Lara Dickenmann à la sortie du terrain, après un match où elle a su briller de ses talents de footballeuse internationale, c’est un sourire toujours rayonnant et sincère que la Suissesse de vingt-huit ans offre à ses fans en quête d’autographes et d’un brin de conversation.

On est où là ? Je ne vois pas trop dans quelle partie de la France on est.“, me demande, curieuse, Lara, à peine sortie de son match amical contre l’équipe d’Albi. J’essaie de faire mon plus bel hexagone en joignant les mains et en tendant les doigts, puis je montre sur cette France stylisée Mende, chef-lieu un peu paumé (reconnaissons-le) de la Lozère, où a eu lieu la rencontre qui s’est soldée par un cinq zéros pour l’OL. Lara a ses Alpes suisses aux sommets enneigés, et j’ai mes austèrement belles Causses et Cévennes, mais, trêve de géographie, et c’est maintenant à mon tour de poser les questions.

L’histoire de Lara avec l’OL est belle et elle se manifeste avant tout par une accumulation de trophées : trois Coupes de France, cinq titres de championnes de France, un titre de championnes du monde des clubs, deux Ligues des Champions. Depuis son arrivée dans le club de Jean-Michel Aulas en 2008, Lara, rapide et technique, s’est entre autre distinguée pour sa haute propension à marquer des buts, notamment un en 2011, en finale de la ligue des Champions. La saison 2014-2015 n’a pas encore commencé, à l’heure de l’interview sous le vent de Mende, mais on peut déjà se demander quels sont les objectifs que s’est fixés la footballeuse. “Pour ce qui est de l’équipe cette année, les objectifs sont de tout gagner“, répond Lara en insistant bien sur le mot “tout“, qu’elle associe au grand chelem du football féminin, à savoir la coupe de France, le championnat de France et la Ligue des Champions. “Côté perso, je ne sais pas encore trop le poste où je vais évoluer cette saison, mais peu importe, je vais jouer du mieux que possible, et apporter à l’équipe même si ce poste n’est pas le mien.” La Suissesse vient en effet de jouer en défense, alors qu’on la trouve plus souvent dans des postes plus offensifs, à l’avant du terrain. “Je compte également prendre un rôle de leader petit à petit.” Puis, dans un rire, Lara complète son propos : “Je suis vieille, maintenant“. Qu’en est-il de l’équipe nationale suisse où évolue la footballeuse, lorsqu’elle ne joue pas avec l’OL ? “J’attends une bonne préparation pour la Coupe du Monde au Canada en 2015.” On sent Lara contente de voir son pays qualifié et d’y avoir participé. “J’espère maintenant, que cela va se passer le mieux possible !“.

Si l’envie d’en découdre et de gagner est restée la même pour cette saison, 2014-2015 est une nouvelle ère pour l’OL puisque Gérard Prêcheur a remplacé l’entraîneur historique Patrice Lair, qui avait coaché les joueuses depuis 2010. Que retient Lara de ces années Patrice Lair ? “Les deux Ligues des Champions, répond-elle sur le champ, ainsi que le séjour que nous avions fait au Japon avec l’équipe, en récompense de notre parcours. C’était un bon voyage ! Patrice Lair était un entraîneur très exigeant, et cela m’a permis d’atteindre le rêve que j’avais de gagner la Ligue des Champions !“.

Je laisse Lara signer le ballon d’une jeune fan un peu intimidée, avant de lui demander à quoi ressemble la journée d’une footballeuse professionnelle. “Je me réveille à sept heures et demie, huit heures, puis je prends un petit déj. Avant l’entraînement, je peux faire de la muscu et de la prévention pour les blessures. De dix heures à onze heures et demie, parfois midi, j’ai entraînement.” Qui connaît le climat lyonnais en hiver et qui a déjà vu le brouillard matinal sur la plaine des jeux où s’entraîne l’OL ne peut que partager l’estime que j’ai à ce moment pour Lara et son équipe ! “Puis, continue la footballeuse, je vais au self du club avec les joueuses et le staff. On parle de tout, mais beaucoup de football. Entre treize heures et quinze heures, je peux aller aux soins me faire masser. Des fois, à seize heures, j’ai un entraînement, mais sinon je rentre à la maison, je prends du temps pour moi“.

Prendre du temps pour soi, n’est-ce pas aussi penser à l’après-football, se demander que faire après sa carrière ? “Je ne sais pas trop quoi répondre, lance Lara, titulaire d’un licence en droit international obtenue aux États-Unis. Peut-être retourner à l’université pour faire un master ? J’ai beaucoup d’idées, mais je ne sais pas encore !

J’ai coutume de terminer mes interviewes en demandant le conseil que pourrait donner la célébrité à un adolescent qui aspirerait à suivre la même voie qu’elle, et Lara, dans une phrase entrecoupée d’un rire, n’échappe pas à la règle. “Ça, c’est une bonne question ! Il faut donc que je te donne une bonne réponse. Je dirai qu’il faut être tenue par les bonnes personnes. Mes parents ont toujours été là pour moi, ils m’ont toujours bien cadrée, quand j’allais partir à droite ou à gauche.

Nous marchons vers le bus aux vitres teintées de l’OL, où toutes les joueuses sont déjà installées, prêtes à reprendre la route. Pour ne pas mettre Lara en retard et éviter que le bus ne parte sans elle, j’ai gardé pour moi la question sur l’importance qu’elle accorde à ses fans. Dans le fond, face à cette joueuse qui, en répondant à une interview artisanale et désintéressée, loin des sponsors et des shows télé, prend le risque que son équipe rentre à Lyon sans elle, la réponse s’impose d’elle même.

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