SOCIÉTÉ

Egalité femmes/hommes : l’école en retard !

Alors que la loi sur « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » vient d’être définitivement adoptée suite à l’approbation du Conseil Constitutionnel, un nouveau lieu de bataille vient d’être réouvert : celui des programmes scolaires ! Une remise sur le devant de la scène que l’on doit à une jeune lycéenne de 17 ans, qui a décidé de prendre les choses en main.

Courant août, le Conseil Constitutionnel l’a validée. C’est bon, la loi portant sur l’égalité femmes/hommes a été approuvée dans son principe et dans son intégralité par les Sages. La mesure phare de la réforme portée par la ministre des Droits des femmes d’alors, Najat Vallaud-Belkacem, vise à inciter les pères à prendre un congé parental. D’autres objectifs étaient poursuivis pour compléter divers textes déjà existants, tant sur l’égalité professionnelle, les violences faites aux femmes que la parité en politique.

Mais à peine votée, le débat autour de l’égalité femmes/hommes rebondit sur un autre terrain, de manière plus inattendue. Les programmes scolaires sont ainsi pointés du doigt, notamment en Histoire, en Philosophie et en Littérature. Une pétition a vu le jour, interpellant directement le ministre de l’Education Nationale, Benoît Hamon, et a recueilli pas loin de 15.000 signatures à ce jour, en faveur de la parité dans les programmes et les manuels scolaires. À son initiative, une lycéenne de 17 ans, Ariane Baillon.

Jeune bachelière intégrant une classe prépa littéraire à la rentrée, son initiative a pris source dans sa déception de voir des programmes scolaires aussi déséquilibrés, ne laissant que peu de place aux femmes. Ainsi, quelle n’a pas été sa surprise de découvrir que le programme de sa matière préférée, la philosophie, ne prévoyait l’étude de la pensée d’une seule et unique philosophe : Hannah Arendt. Elle réclame donc au ministre de rétablir, en particulier en philosophie, “afin que des générations d’élèves n’aient pas devant eux l’exemple désolant d’un énième domaine où l’on laisse les femmes passer inaperçues”.

Les femmes oubliées de l’Histoire

La situation est équivalente en Histoire. C’est à cette conclusion qu’avait aboutie Roland Courteau (Parti Socialiste), vice-président de la délégation sénatoriale aux droits des femmes et auteur d’un rapport sur les stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires remis au Sénat en juin dernier. Il y observait en particulier que sur 3 346 personnages ayant marqué l’histoire cité dans les manuels, seuls 670 sont des femmes. Il résume cet état de fait à la notion «  d’invisibilisation des femmes ».

Ne se contentant pas de constater, le rapport Courteau proposait aussi quelques pistes d’explication. Premièrement, le poids de l’habitude et de la tradition d’une Histoire écrite par les vainqueurs. Des vainqueurs qui s’expriment dans une société à domination masculine, les femmes ayant tendance à passer à la trappe. En outre, les maisons d’édition se plaignent régulièrement de ne pas avoir de bases de ressources iconographiques suffisamment étoffées en ce qui concerne les femmes.

Ariane Baillon souhaite aussi lutter contre une tendance aussi sournoise : citer les femmes, mais en second plan d’un homme, en tant que « femme de  » le plus souvent. Ainsi, il serait de bon ton de citer pour leurs œuvres Simone de Beauvoir ou George Sand et d’étudier leur œuvre, elles qui sont souvent cantonnés à être présentées comme les compagnes respectives de Jean-Paul Sartre et d’Alfred de Musset. Cette demande a pour but d’annihiler les stéréotypes de sexes et de donner aux étudiantes des modèles féminins à suivre.

Une initiative loin d’être précurseure

La pétition lancée par Ariane Baillon est la dernière initiative pour réclamer plus de parité dans les programmes. Mais sûrement pas la première, même s’il en faudra encore d’autres pour ébranler le poids de l’habitude. C’est le cas du centre Hubertine Auclert, qui promeut l’égalité femmes/hommes qui publie régulièrement des études sur le sujet qui en sont venues aux conclusions suivantes : seuls 3 % des écrivains cités dans les manuels scolaires de seconde s’inscrivent au féminin contre 5 % dans les livres d’histoire. Par ailleurs, en juillet dernier, l’Association Nationale des Études Féministes (ANEF) rédigeait une pétition pour soutenir les “ABCD de l’égalité” qui permettaient aux enseignants d’accéder à des outils et des ressources pour aider à la prise de conscience des stéréotypes de sexe, dans et en dehors de la classe, tout en transmettant une culture de l’égalité des sexes. Des ABCD depuis laissés de côté par le gouvernement…

Pour signer la pétiton : http://www.change.org/p/beno%C3%AEt-hamon-donnez-une-place-aux-femmes-dans-les-programmes-scolaires

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