CINÉMA

Swim Little Fish Swim, Merveilles enfantines

Des instants de vies, des histoires de familles… Swim Little Fish Swim filme l’homme dans son paradoxe, dans ses peurs, ses doutes et ses troubles mais aussi dans ses rires et ses folies. Réalisé par Lola Bessis et Ruben Amar, c’est bien plus qu’une simple histoire qui est donnée au spectateur.

Swim Little Fish Swim est un méli-mélo d’instants de vies. Légère brise, ces histoires aux cœurs artistiques évoluent dans un New York au charme loufoque. S’envolant d’anecdotes en anecdotes, ces personnages au charme hésitant nous surprennent tout au long du film. Mais tous ces instants merveilleux sont malheureusement liés par une histoire bien plus banale. Lilas, jeune artiste, est la fille d’une grande peintre. Parisienne, elle quitte le bercail pour découvrir New York et s’y faire un nom si possible sans l’aide de celui de sa mère. Fil conducteur de l’histoire, il est décevant de découvrir un personnage fade rendu encore plus cruche par un jeu médiocre. A contrario, la famille où loge Lilas regorge d’intérêt. Leeward, musicien, n’a jamais fait de son talent un métier et le seul salaire d’infirmière rapporté au foyer ne suffit pas à sa femme. Ce contraste d’ambitions est bien mené et effleure la remise en question de nos objectifs de vies occidentaux. En effet, le mal-être et l’anxiété transparaissent chez la mère, jouée à merveille par Brooke Bloom : torturée, la cigarette à la bouche et les traits creusés, cette femme survit. Anti-capitaliste, utopique et rêveur, son père est à l’inverse un grand enfant insouciant. Leur fille Rainbow est partagée entre la fabuleuse irréalité de son père et le besoin ardent de sécurité de sa mère provoquant en elle une atypique schizophrénie.

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Source : cinemalacorderie.wordpress.com

Alors que rares sont les films où l’esthétique répond au scénario, Swim Little Fish Swim trouve le juste équilibre. L’esthétique exprime avec justesse le paradoxe du couple entremêlant excentricité et classicisme. Ainsi, le charme du film réside aussi dans son originalité artistique. L’importance accordée à l’esthétique prédomine dans les costumes, les décors : tous sont travaillés et atypiques. Quant aux œuvres de Lilas ; de petites vidéos du quotidien qui permettent de mettre en valeur des instants du film que le spectateur n’aurait perçu de la même manière. Comme si c’était nous qui les interviewons, il est fabuleux de découvrir les pensées des personnages : un rêve, un jeu d’enfant face à un miroir, une chanson… Ces personnes sont filmées avec une délicatesse inouïe. Leurs dires semblent abstraits, exprimant craintes, rêves et fantasmes. Ces instants permettent au spectateur d’entrer en contact avec le personnage. Quant aux compositions de Leeward, composées par le groupe Toys and Tiny Instruments, elles nous emportent dans un autre univers. Les jouets d’enfants en guise d’instruments font a priori sourire pour ensuite nous retenir dans le rêve, la vie pleine de frivolité, la paix.

Swim Little Fish Swim, c’est une vision de la vie pleine de contrastes, de peur, de survie mais surtout de la vie pleine de joie, de beauté et d’amour. Intégrant avec délicatesse des œuvres d’Art, filmant New York par des scènes de rue atypiques, utilisant une esthétique floue aux couleurs passées, filmant le réel magique aujourd’hui délaissé par la volonté de survivre, Ruben Amar et Lola Bessis ont réussi à créer un magnifique pêle-mêle d’œuvres d’Art.

 

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