À peine les premiers jours de Juin ont-ils pointé le bout de leur nez que nous avons déjà l’impression d’être en période estivale, tous les éléments étant au rendez-vous pour cette 10e édition du Jardin du Michel qui s’est déroulé à Bulligny entre les 6 et 8 Juin dernier, artistes et festivaliers s’en donnant à cœur joie pour rendre cet anniversaire des plus agréables sous le soleil. Retour sur les soirées du vendredi et samedi !
Un vendredi sous les feux de la Scène Lorraine
Festival encore trop méconnu parmi tant d’autres, le Jardin du Michel nous a proposé cette année encore une programmation des plus sympathiques, mettant encore et toujours en avant la scène Lorraine, en atteste la présence de Luna Gritt, duo nancéien qui a été choisi pour ouvrir le bal sur la Grande Scène face à un public encore peu nombreux mais enjoué, se laissant dandiner au rythme des morceaux. Et si leur création ne remonte qu’à 2012 le duo a eu le temps de se faire à la scène, assurant la première partie de Jacques Higelin à Nancy ou en participant à la 40eÉdition du Nancy Jazz Pulsations, le tout couronné par une cinquième place décrochée au show télévisé de France 2, La Grande Battle. Mais aujourd’hui le duo a décidé de se produire en groupe autour d’un set bien agencé dont on retiendra l’entêtant single Be Happy qui nous restera en tête tout au long de la soirée, si ce n’est plus, mais également leur superbe reprise de La Nuit Je Mens du défunt Alain Bashung. Autant vous dire que l’on a hâte de pouvoir découvrir leur album actuellement en cours de réalisation. Changement de scène et d’univers pour la suite des festivités, les luxembourgeois de Seed To Tree nous proposant de passer la frontière à quelques kilomètres de là grâce à leur indie pop-folk. Plus on les observe et plus on a la vague impression de voir les premiers pas scéniques de ce groupe encore fragile même si une légère approche humoristique est tentée, et ce malgré la fondation du groupe qui remonte à 2010. Notre ballade se poursuit avec La Rue Kétanou, très attendu par le public mais surtout venu célébrer les dix ans du festival, chose qui leur revient de droit ayant participé à la toute première édition. Le public s’entassant désormais en masse devant la Grande Scène scande le nom de Michel, organisateur de l’événement qui fera son apparition un bref instant, émotion et satisfaction se mêlant alors à une joie et une bonne humeur communicatives, le set reprenant de plus belle, tous reprenant en chœur les titres de La Rue Kétanou, certains dansant ça et là. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter puisque la prise de pouvoir revient au groupe français aux quatorze ans de carrière, Danakil qui livrera une véritable performance, la foule montrant son engouement pour leur musique reggae roots. Là encore le public participe fortement et le groupe se déchaîne sur scène comme au premier jour, n’ayant pas pris une ride même si la rengaine nous paraît parfois longue à déverser les mêmes sonorités.
The Offspring : La déception
Alors que sur la Scène Alternative D-Bangerz envoie un flow électronique, nous parvenons à nous glisser parmi les premiers rangs de la Grande Scène afin d’attendre la véritable tête d’affiche de la soirée, The Offspring de retour en France dans le cadre d’une tournée autour des 20 ans de leur troisième album à succès Smash, ce qui n’est pas pour nous rajeunir. Tout aussi impatients que leurs fans arborant fièrement les couleurs du groupe, nous avons été déçus par la prestation livrée, le chanteur, Dexter Holland chantant clairement en playback, chose que nous avions du mal à concevoir même si nous avions été mis en garde en amont. Alors que penser de ce set ? La musique, elle, est bien desservie en live, mais c’est bien la voix de Dexter qui pose problème, et pour le coup, nous aurions presque préféré écouter l’album dans sa version studio, chaque titre à succès nous décevant chaque fois plus. La soirée bat son plein et nous n’avons qu’une envie, nous remettre de cette déception planante autour du groupe américain. C’est pourquoi nous nous rendons rapidement vers la Scène Alternative où s’apprête à se produire Lyre Le Temps. Retour dans l’Est avec ce groupe des plus surprenants venu de Strasbourg et qui se révèlera rapidement être notre coup de cœur de la soirée, déversant un Hip Hop ponctué d’une dose de swing sur un fond électronique. Si le mélange des genres peut paraître difficile, ce n’est pas à eux qu’il faut en parler, le trio nous bluffant au fil des morceaux, la foule suivant le rythme, les bras se levant des premiers rangs à perte de vue. Une chose est sûre, on a oublié The Offspring aussi rapidement qu’ils sont venus pour la bonne humeur communicative de Lyre Le Temps qui mérite amplement sa place sur scène ce soir au Jardin du Michel et qui nous aura permis de conclure notre première soirée en beauté. Présents sur de nombreux festivals cet été, nous vous les recommandons vivement !
Le Rock à l’honneur pour la seconde soirée !
C’est sous une chaleur harassante que nous nous rendons sur le site pour poursuivre notre festival le lendemain avec au programme une soirée des plus rocks, notamment grâce à la scène lorraine qui continue de défendre ses couleurs sous les noms de Blondstone et Dead Stereo Boots. Au détour d’un passage par l’espace presse avant l’ouverture des portes, nous nous arrêterons à la conférence de presse des premiers, apprenant diverses choses sur leur album Mass Solace sorti en avril dernier. Il ne nous en faudra pas plus pour gagner l’intérieur du festival, les fans les plus fervents d’Alice Cooper se trouvant déjà devant les barrières de la Grande Scène où va se produire Blondstone en ouverture de cette soirée quelques minutes plus tard, déversant un rock acerbe et entraînant, ne nous laissant pas de marbre. À quelques pas de là, le duo nancéien Dead Stereo Boots prend le relais sur la Scène Alternative avec les titres Strawberrie Pie et Honey en guise d’ouverture, annonçant un set électrique et percutant. On notera par ailleurs que ces deux titres sont présents sur leur EP Broken Stereo Love sorti en septembre 2013. Ça et là des t-shirt à leur effigie se dissimulent, certains chantonnant avec eux ces deux titres maintenant connus, le second ayant même fait l’objet d’un clip autour des contes. « Ça fait du bien d’être là ! » déclare le chanteur, Roger, entre deux titres, la joie s’affichant sur leur visage avant de demander s’il y a des filles dans l’assemblée, lançant She puis Beautiful Beach, en ajoutant non sans humour « pas la plage ». Les Dead Stereo Boots plaisent et ça se ressent, des pogos se formant au centre quelques morceaux plus tard, soulevant la poussière en un nuage au rythme infernal de la batterie. La chaleur est pesante et pourtant la température de nos corps vient encore de monter de quelques degrés grâce à eux, les t-shirt sautant chez filles et garçons. Ils laisseront place au très attendu Alice Cooper mais aussi à FFF et Skip The Use qui se produiront tous trois sur la Grande Scène ; la Scène Alternative quant à elle nous proposant de découvrir ceux qui sont parvenus jusqu’à la final du Festival Sosh aime Les Inrocks Lab, Grand Blanc, eux aussi issus de la scène lorraine avant de faire place à l’international, Kid Karaté et Murkage prenant le relais.
FFF : Le retour gagnant !
Séparée depuis 2001, la Fédération Française de Fonck dite FFF a repris du service suite à une reformation exceptionnelle en 2013 à l’occasion d’une soirée au bénéfice du Secours Populaire (Secours Pop Rocks) organisée au Bus Palladium et à laquelle avait participé –M- lors de la première édition, retrouvant les routes de France cette année. C’est donc au Jardin du Michel que nous les retrouvons en ce 7 Juin pour un show détonnant, Marco Prince essayant de remuer la foule à grand renfort de « Jump », parvenant à ses fins aisément. Un clin d’œil sera d’ailleurs fait à leurs « copains du Nord », Skip The Use qui se produiront plus tard dans la soirée et qui sont eux aussi venus apprécier le concert dans un coin de scène. Et si l’actualité est actuellement tournée vers la montée du Front National en France comme en Europe, les FFF décident de donner leur opinion, les doigts se levant sur scène comme dans le public avant d’entamer La Jeunesse Emmerde le Front National des Bérurier Noir qui font notamment partie de leurs inspirations. Le public se soulève alors en une masse et reprend en chœur ce titre connu d’un bon nombre avant que le groupe porté par la guitare de Yarol Poupaud nous entraîne vers d’autres morceaux tels que Barbes que l’on scandera avec eux.
Sur la Grande Scène s’en est loin d’être terminé puisque l’on monte en grade avec le véritable show à l’américaine d’Alice Cooper s’apprêtant à être donné. Et autant se le dire, si les fans sont venus en masse pour le voir, seules deux dates étant prévues en France pour le mois de Juin, les générations se confondent dans la foule, arborant t-shirts et maquillages, les artistes quant à eux étant curieux de découvrir l’homme sur scène. Homme qui justement nous envoie une pluie d’effets, passant par la pyrotechnie, une réplique géante de lui-même ou encore une guillotine, misant véritablement sur le spectacle. L’âge se creuse sur son visage mais ses morceaux n’ont pas pris une ride, repris par les plus fervents tandis que l’on se laisse éblouir, redécouvrant en live ces titres que nous avions si souvent entendus. Difficile de passer sans encombre après un tel spectacle nous direz-vous, pourtant c’est bien ce qu’on fait les ronchinois de Skip The Use. Mat Bastard et ses compères n’ont peur de rien et nous le prouvent ce soir encore assurant leur set avec ces titres que l’on connait tous à présent sur le bout des doigts passant du récent Nameless World à Give Me Your Life ou encore People In The Shadow, signant la reprise de leur tournée des festivals sous un bon jour. « On finit tous comme des Michel » clamera Mat avant d’entamer Bastard Song, rendant ainsi hommage au festival et lançant également un clin d’œil à ses compères surnommés de ce nom.