ART

La Fierté du Noir

C’est un lieu unique, pensé avec l’artiste. Le lieu, c’est le Musée Soulages ; l’artiste, c’est Pierre Soulages. L’homme qui joue avec la lumière comme matière. Inauguration à Rodez le 30 mai, en présence du président de la République.

Un nouveau concept culturel

On nous l’a promis, le Musée Soulages est pensé autrement. C’est une porte entre le centre historique de la ville, on voit la cathédrale Notre-Dame-de-Rodez au bout de boulevard, et les monts de l’Aubrac à l’horizon. C’est un gros bâtiment, un ensemble de parallélépipèdes qui se superposent, s’additionnent, se regardent, tout en verre et en acier au milieu d’un parc végétal. Il a été conçu pour vivre en même temps que son environnement et changer avec le temps. L’acier utilisé est un matériau qui s’oxyde, qui crée une patine protectrice dont les nuances répondent à l’oeuvre de Pierre Soulages.

Le Musée Soulages, “c’est un projet culturel et scientifique”. On a voulu croiser l’histoire de Pierre Soulages avec les manifestations de sa création. 1700m² lui sont dédiés pour exposer les peintures sur papier, les toiles, les imprimés et les vitraux. L’artiste a voulu “ouvrir les yeux et éveiller l’esprit sur ce qu’est la création artistique”. La visite est ponctuée par différents dispositifs qui permettent de mieux comprendre l’artiste : des images, des textes, des films d’archives. La visite est une expérience en soi. Le musée a été pensé de façon à accueillir toute la variété de l’oeuvre de l’artiste. Les salles, qui alternent entre des ambiances lumineuses et obscurcies, répondent aux cartons des vitraux de Conques et aux peintures sur toiles gigantesques.

C’est un projet cinq-en-un

Le musée n’est pas seulement un temple dédié à l’artiste, mais aux artistes. C’est ce que Pierre Soulages a demandé : que le musée puisse accueillir librement d’autres artistes contemporains. Il confie d’ailleurs à ce sujet qu’il n’a “jamais aimé les musées monographiques, mais que celui-ci sera surtout ouvert aux autres artistes, à la création contemporaine”. 500m² ont été dégagés pour rendre cela possible ; un espace pour représenter des artistes et des mouvements dont les maîtres-mots sont l’expérimentation et l’invention. Cependant le musée ne donne pas la parole qu’aux arts graphiques.

Il héberge le Café Bras, véritable Mecque culinaire. C’est une brasserie imaginée par Sébastien et Michel Bras, célèbres chefs trois étoiles de la région. Le bistrot gastronomique de Sébastien et Michel est pensé pour s’ouvrir sur le musée, côté comptoir, et sur la ville, côté restaurant. Côté comptoir, les chefs ont repensé des plats typiquement aveyronnais, comme le bourriol, le trénel ou la pascade, et des créations originales, qu’on peut manger sur le pouce. Côté restaurant, Michel Bras offre une cuisine de l’instant, pensée selon les humeurs du chef et du marché. “Une cuisine du Beau et du Bon sans fioritures, en misant sur les valeurs intrinsèques de notre pays : la vérité et l’essentiel”, confesse Michel Bras.

La quatrième partie de ce projet, est la réhabilitation de la maison natale de Pierre Soulages pour en faire une annexe du musée, pour accueillir les artistes en résidence et un lieu de production d’estampes ouvert aux professionnels, amateurs et étudiants.

Le musée comportera aussi une grande bibliothèque, avec une importante collection d’ouvrages rares et de revues concernant l’art du XXe siècle. En juillet 2013, le Louvre aurait ainsi offert une collection de 1400 ouvrages et revues au Musée Soulages.

Une donation exceptionnelle 

C’est ce qui a donné vie à ce musée, comme un remerciement, lorsqu’en 2005, Rodez reçoit une donation d’œuvres de Pierre Soulages (qui est aussi la donation la plus importante octroyée en France par un artiste vivant). Cette première donation de l’artiste comprend des œuvres de jeunesse de Pierre Soulages, des peintures figuratives de ce qu’il appelle les années d’avant, mais aussi les premières œuvres présentées par Soulages, des huiles, vingt-et-une, qui rendent comptent de l’essor de l’importance du noir, une importante collection de peintures sur papier, les fameux Brous de noix, la totalité des oeuvre imprimées de l’artiste, trois bronzes, des peintures dans le verre, la totalité des travaux préparatoires aux vitraux de Conques et un important fond documentaire.

En 2012, l’artiste offrait à la municipalité quatorze toiles, dont un précieux Outrenoir.

Dynamique de la culture

Plus qu’un simple musée, le Musée Soulages se voit doter d’une autre mission : “être la vitrine de la culture en Aveyron”.

Aujourd’hui, l’Aveyron fait parti des 10 départements métropolitains où la densité est la plus faible et où l’évolution de la population est la plus faible de France (+0,1 % d’habitants supplémentaires entre 2006 et 2013). Et il s’agit d’un des derniers territoires où l’économie traditionnelle est majoritairement présente : agriculture, élevage bovin et ovin, production fromagère.

La création du musée à introduit la création d’un label, musée Soulages 2014, va permettre de mettre en relation le musée avec des différents espaces culturels au sein du territoire, “en inscrivant leur activité dans le rassemblement des énergies du territoire et de les fédérer autour d’une programmation artistique de qualité”.

Parmi les membres de ce label, le Château de Taurines à Centrès, en collaboration avec Les Abattoirs – Fond Régional d’Art Contemporain Midi-Pyrénées, présentera du 12 juin au 12 octobre 2014, une exposition de peinture de l’artiste Armand Jalut, l’Atelier Blanc à Villefranche de Rouergue présente déjà, jusqu’au 29 juin, l’exposition « Les intimes » de Caroline Pandelé puis du 12 juillet au 21 septembre, une exposition du peintre Christian Bonnefoi, le Moulin des Arts de Saint-Remy à Saint-Rémy, invitera l’exposition « Taquin » du plasticien Stéphane Got, l’espace culturel à Rignac abritera l’exposition « Black is black, I want my baby back… », réunissant les artistes Luc Aussibal, Igor Boyer, Gérard Marty et Jacques Privat. Le Pont des Arts à Marcillac, avec la complicité du musée des arts et métiers traditionnels de Salle-la-Source, présenteront en juillet une exposition autour de l’artiste et l’outil. Le musée de Millau et des Grands Causses expose du 26 avril au 25 octobre, les œuvres de deux figures importantes de l’abstraction lyrique : Jean Le Moal et Alfred Manessier. Les Ateliers de la scierie à Fondamente, dans le Sud Aveyron, présente un ensemble d’estampes d’artistes contemporains, dont Pierre Soulages, autour de l’exposition des Ateliers Moret Manonvillier, « impression en taille douce ». Enfin, le Centre européen de Conques propose durant tout l’été 2014 des rencontres, conférences, improvisations musicales, projections et expositions de photos dans le cadre du 20ème anniversaire des vitraux de l’abbatiale de Conques réalisés par Pierre Soulages.

Le Musée Soulages semble pouvoir offrir un nouveau souffle culturel au territoire aveyronnais, orienté autour de la création contemporain.

Musée Soulages,
Jardin du Foirail, avenue Victor Hugo
12000 Rodez
Tél : 05 65 73 82 60

De septembre à juin
du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h
le samedi et le dimanche de 11h à 18h

En juillet et août
le lundi de 14h à 18h
du mardi au dimanche de 11h à 18h

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