SOCIÉTÉ

Incroyables Comestibles

Servez-vous librement, c’est gratuit ! 

Incroyables Comestibles, c’est la traduction d’Incredible Edible, un mouvement citoyen originaire de Todmorden, une petite ville proche de ManchesterIncroyables Comestibles, c’est une nouvelle façon de penser la consommation et de repenser les espaces publics. Mais bien avant d’être un moyen d’action politique aux accents altermondialistes, Incroyables Comestibles se veut être un mouvement qui rassemble.

Incroyable Comestible veut offrir à chacun la possibilité d’accéder à une nourriture locale saine, basée sur la réappropriation de l’espace public par les habitants et de maintenir, voire de recréer, le lien social entre les riverains. Le mouvement invite les résidents à changer de regard et de s’engager dans des processus de co-gestion, de co-création et de co-responsabilité, pour maintenir une dynamique entre les individus.

Aujourd’hui, le mouvement s’exporte un peu partout dans le monde (Brésil, Israël, Qatar, Australie,…), et notamment en France. Après avoir conquis d’abord la capitale et les grandes métropoles de province, les Incroyables Comestibles s’implantent dans les campagnes françaises. Un concept qui étonne, qui peine encore à prendre son envol, encore un peu timide mais qui fait parler de plus en plus de lui.

Rencontre avec Julien, 22 ans, au Lac de Miquelou de Graulhet, dans le Tarn, pour nous parler des Incroyables Comestibles.

C’est deux frères, Joris et Dorian F., qui ont lancé le projet ici en Mars 2013. Le but c’était de créer un jardin partagé, avec la notion de partage gratuit vraiment au centre du concept, mais en excluant totalement l’idée d’échange d’argent, d’euros qui peut s’y rapporter. Aujourd’hui on est un peu que deux à s’en occuper à Graulhet, Joris et moi. Les gens réagissent bien face à l’initiative et le fait que ce soit gratuit, mais ils ont peur qu’il y ait de la casse, ça les angoisse. Les gens ont toujours peur que lorsqu’on partage, il y ait des dégradations. Mais ils sont contents, ça leur fait plaisir de voir des jeunes s’engager dans quelque chose. Après, le véritable problème qu’on rencontre, c’est que les gens ne se servent pas et ne viennent pas jardiner. Du coup, on est obligé d’entretenir les cultures. On se réunit le soir, on fait un point et puis on plante. En général, on plante tard. Il y a deux semaines, on a planté à 22h. Quand j’ai commencé, ce n’était vraiment pas pour quelque chose de militant, j’étais loin des valeurs altermondialistes, loin de vouloir changer le monde. Au départ, c’est juste parce que j’avais trouvé ça cool de faire ça avec des amis. J’étais commercial à ce moment, et puis ça a été comme une prise de conscience : pourquoi je fais ça ? Je n’étais plus convaincu par cette spiritualité, cette économie-là elle n’est pas viable, ce système non plus. Manger des fruits et des légumes achetés au supermarché, dégueulasses bourrés de pesticides, c’est quoi ça ? ! Aujourd’hui, je bosse pour une association culturelle de la région, j’ai changé. Changer le monde ? Je ne sais pas, mais me changer moi, stop la pensée utopique.

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