Loin du foot-business, loin des Ibrahimovic, Falcao et autres stars, l’équipe d’un petit village de moins de 650 habitants vient de réaliser un exploit retentissant : accéder à la Ligue 2, un des deux championnats professionnels français. Lumière sur un club atypique et un exploit historique.
Le plus petit village a accéder au monde professionnel
Luzenac, petit bourg situé dans les Pyrénées, pourrait être le cadre idéal pour un reportage touristique diffusé au 13H de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. Mais il n’en est rien, du moins pas encore. Depuis quelques jours, la presse française et même internationale s’intéresse à ce village pour une autre raison : son club de football. En effet, tout les journaux ont écrit au moins un article sur la localité, puisque le Luzenac Ariège Pyrénées vient de valider son billet pour la Ligue 2 ! Le « Petit-Poucet » du championnat amateur de National (3e division) domine ces autres adversaires et devient le plus petit club à accéder au deuxième niveau du championnat de France de football, et par conséquent, au monde professionnel. L’exploit est exceptionnel et retentissant : depuis plusieurs années, le Luzenac AP monte les échelons du football national avec étonnement, mais cette fois-ci la performance est historique.
Les raisons de ce succès sont nombreuses. Tout d’abord, l’investissement sportif des joueurs, jeunes footballeurs amateurs ou anciens professionnels, est évidemment indéniable. La performance de Ande Dona N’Doh, ancien havrais et auteur de 21 buts cette saison, en est le parfait exemple. En dehors de l’aspect purement sportif, le club local survit depuis quelques années grâce à l’investissement humain et économique de quelques personnes attachées au football amateur. En effet, la réussite actuelle de l’équipe est tout sauf un hasard : un investisseur ariégeois, Jérôme Ducros, a réglé les problèmes financiers du club en 2011 et s’est entouré d’un groupe ambitieux et renommé, avec un certain Fabien Barthez comme directeur sportif.
L’investissement personnel de Barthez
Né près de Luzenac, l’ancien gardien international a accepté depuis 2012 de soutenir le club et forme avec l’entraîneur Christophe Pellisier un duo exceptionnel. En aidant le club à se développer, le champion du monde 1998 a réussi à trouver quelques joueurs pour renforcer une équipe aux valeurs trop rares dans le football actuel. En effet, un esprit d’équipe infaillible et une volonté de faire passer l’humain et le sportif avant l’aspect financier permettent au club de rassembler plusieurs milliers de spectateurs à chaque rencontre à domicile. Cette véritable ferveur populaire montre que même sans les millions d’euros du Paris Saint-Germain ou de l’AS Monaco, le football amateur peut aussi être fédérateur et attrayant.
De plus, l’objectif des dirigeants, qui était de monter en Ligue 2 en 4 ans, est ainsi réussi en moins d’un an et demi pour le club ayant un des plus petits budgets du championnat. Ainsi, le rêve du monde professionnel s’est réalisé le 18 avril dernier pour l’équipe du village, qui voit depuis ce jour les médias s’approcher des héros ariégeois. Leur performance permet de montrer à la France entière que la force collective peut faire la différence, et pas seulement dans le sport.
Un bel et difficile avenir
Malgré l’euphorie autour de l’exploit du futur « Petit-Poucet » du football professionnel, Luzenac doit déjà préparer l’avenir et surtout se professionnaliser, au risque de voir la belle aventure se terminer rapidement. Il faut déjà trouver un stade pour l’équipe, étant donné que celui de Foix (3 000 places) ne répond pas aux normes de la Ligue de Football Professionnel. Pour accueillir les futurs adversaires de Luzenac que seront Le Havre, Dijon ou encore Troyes, la capacité d’accueil du stade est beaucoup trop faible. Seules les enceintes de la ville de Toulouse, qui se situe à plus de 100 km du village, sont homologués pour la Ligue 2.
Après ce problème d’infrastructure, les dirigeants doivent continuer la professionnalisation du club entamée par Fabien Barthez et ainsi disposer d’un encadrement étoffé. L’ancien gardien aura lui pour mission de recruter des joueurs supplémentaires pour lutter face aux cadors français. Pour réussir cela, il devrait certainement utiliser son réseau de connaissances. Son ami et ancien coéquipier avec qui il fut champion du monde, Laurent Blanc, pourrait l’aider puisqu’il est l’actuel entraîneur du PSG. Pour pouvoir jouer les troubles-fêtes l’année prochaine, on souhaite donc à Luzenac de se faire prêter gratuitement quelques jeunes talents parisiens. Enfin, pas de football professionnel sans argent : Luzenac prévoit d’avoir un budget d’environ 5,5 millions d’euros pour lutter face aux formations qui auront un portefeuille deux à trois fois plus rempli.
Si les conditions administratives sont remplies par les dirigeants ariégeois, la route vers la Ligue 2 sera dégagée, et l’équipe pourra donc vivre son rêve. Il ne reste plus qu’à souhaiter au club de continuer sur sa lancée, pour pourquoi pas accéder dès l’année prochaine à l’élite du football français, aux côtés de Marseille ou du voisin toulousain. Car maintenant, avec Luzenac, tout les rêves sont permis…