CINÉMA

Monuments Men, à la recherche d’un chef d’œuvre

Un casting aussi impressionnant, un réalisateur si people (George Clooney) ne pouvait que cacher quelque chose. Cette chose ? Un film long, pro-américain, et franchement attendu.

C’est un peu facile comme scénario, c’est la fin de la guerre, et les méchants Allemands ont volé toutes les œuvres d’arts d’Europe pour le bon vouloir du Führer et –roulement de tambour- les Américains décident de sauver la culture du monde entier. Ce ne sont pas leurs œuvres, et ils viennent de manière totalement altruiste pour restituer les beautés artistiques à leurs charmants propriétaires.  Après les Etats-Unis gendarmes du monde, les Etats-Unis héros universel ? Ce film doit avoir une bonne réception dans ce pays, car ça fait du bien d’être brossé dans le sens du poil ; mais pour nous ce n’est pas super agréable.

Manque d’autoportrait

Le problème essentiel est au niveau des personnages. Alors que le casting est énorme, on ne s’identifie pas du tout, on n’a pas le temps de s’attacher, malgré deux longues heures ! Au départ, quand la fameuse équipe se constitue, on aurait envie de passer au moins une minute ou deux avec les protagonistes, on aimerait les connaitre un peu (eh oui quand même). Malheureusement ça défile et on ne voit rien à part des visages connus. De même pour Bob Balaban qui a peut-être le rôle le plus comique, n’est pas du tout exploité. On le voit peu, il a peu de temps de parole. Pourtant c’est le seul qui connait un peu la haine ou la peur, contrairement aux soldats parfaits américains. Sa moue un peu bougonne nous fait sourire, et donne les meilleures scènes du film.

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Et les Français dans tout ça ?

Cate Blanchett n’est pas non plus éblouissante ici, alors qu’on connait pertinemment son talent. Et puis sincèrement, pour jouer LA seule Française, on n’avait pas assez d’actrices en France ? Non parce que, elle parle français dans le film et… ce n’est pas terrible. Le seul Français de l’équipe des Monuments Men, joué par Jean Dujardin, est plutôt mignon dans son rôle de jeune soldat, et il nous fait rire. Mais bon, c’est vrai qu’il ne fait pas vraiment « soldat » à côté de Matt Damon et George Clooney qui sont si solennels. Matt Damon aussi parle français, ce qui est plutôt tordant puisque même dans le film tout le monde lui demande d’arrêter car d’abord c’est un peu ridicule, et ensuite on ne comprend rien !

Pro-américain allons-y

En dehors des beaux discours, sur le monde, la liberté et l’Amérique, ce film diffuse aussi de nombreux stéréotypes sur « l’homme bon, américain ». D’abord, il faut être pur et réfléchi, penser aux autres avant soi. Il n’y a pas de peur personnelle, il faut tout donner pour la nation, et pour les frères d’armes. Il faut s’engager dans l’armée, il faut se sacrifier pour une œuvre d’art. Il faut rendre fière sa famille et ne pas tromper sa femme. En soi, rien de mauvais dans ces principes. Mais les faire appliquer à la lettre dans tous les personnages, n’est-ce pas un peu trop ? On a du mal à voir le petit défaut qui ferait d’eux des êtres humains finalement.

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Monuments Men proposait un angle nouveau pour parler de la guerre. Contrairement aux films typiques sur la Seconde Guerre mondiale où l’on se retrouve sur le front et où l’on suit des jeunes soldat ; ici c’est une vieille équipe qui s’intéresse à l’art plus qu’à la guerre qui nous est proposé. Ce sujet si singulier aurait pu être une grande réussite. Mais les moyens financiers ainsi que les acteurs mis en œuvre n’ont finalement fait que l’alourdir et le rendre sans vie. C’est dommage. On retrouve l’idée de base de George Clooney dans certaines scènes, et celles-ci sont drôles et inquiétantes à la fois. Il y a un côté très esthétique dans ce film,  le réalisateur joue beaucoup sur le clair-obscur, ce qui peut faire contraste avec des dialogues plutôt décontractés et nous faire rire. Le point positif de Monuments Men est d’avoir résisté à la tentation du mélo-drame, il faut plutôt voir le film comme ce qui mêle histoire, action et comique (quand il y arrive).

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