SOCIÉTÉ

Jack Parker, l’agression de trop

Jack Parker est une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ancienne rédactrice chez madmoizelle.com, la demoiselle est connue pour ses “chroniques de l’horreur”, ses articles sur son voyage en Islande, des articles plus personnels et  légers, où elle raconte par exemple son premier tatouage. Mais Jack Parker, c’est aussi une femme agressée. Cependant, avec un courage remarquable, elle en parle, comme le montre son témoignage “J’ai été agressée, mais je vais bien” sur le site madmoizelle.com publié en novembre 2012. Son cas n’est malheureusement pas isolé car aujourd’hui on évalue à 16 % la proportion de femmes ayant subi des viols ou des tentatives de viols dans leur vie dont 59 % avant 18 ans, et 5 % des hommes ayant subis des viols ou des tentatives de viols dans leur vie dont 67 % avant 18 ans (INED 2008 en France.).

 

madmoizelle.com

madmoizelle.com (Jack Parker, quelques jours après sa première agression)

 

Malheureusement, les mésaventures de Jack Parker ne se sont pas arrêtées là, puisque le jeudi 13 mars, la demoiselle s’est de nouveau faite agresser par un homme dans le métro. Même si elle présente à chaque fois les bons réflexes d’auto-défense, elle n’en est pas pour autant moins choquée, car ce n’est pas seulement un contact “rapproché”, c’est bel et bien une agression sexuelle. Elle a dès lors raconté cette “expérience” sur son tumblr “crackrockmountain”, pour s’indigner de cette situation, s’indigner de ces hommes que l’on nomme “les frotteurs”. Ces hommes se glissent souvent dans le métro aux heures de pointes, cherchent leur victime et se collent ainsi contre elle pour pouvoir les toucher ou bien se masturber contre elles. Dans l’effervescence du métro, les femmes se posent parfois des questions, n’osent pas intervenir, se défendre et porter plainte. Pourtant, le frotteur risque jusqu’à cinq ans de prison et 15.000 euros d’amende.

En ce qui concerne la mésaventure de Jack, en plus d’avoir subi cette agression humiliante ainsi que dégradante, elle a vu fleurir sur son blog de nombreux commentaires désobligeants, voire totalement insultants sous prétexte qu’elle l’avait mérité puisqu’elle portait ce jour-là une mini-jupe.  En voici quelques exemples…coms-tumblr-jack se-mettre-a-la-place-des-hommes

Se dessine ici alors avec ces quelques exemples un problème sociétal, la femme est (trop) souvent vue comme la coupable, puisque l’homme ne sait pas si la femme veut ou non, et ne peut se contrôler, on nomme ça “la culture du viol”. Et malheureusement, la plupart des viols restent impunis puisque selon l’INSEE, seulement 8 % des victimes déposent une plainte auprès d’un commissariat. Un viol ou tout autre agression sexuelle n’est évidemment jamais facile à vivre, mais il semble tout de même inconcevable de remettre la faute sur la victime. Le problème c’est que ce n’est pas un cas isolé, car pour beaucoup, une femme qui ne dit pas “non” est consentante, ou pour beaucoup, souvent la femme “cherche”, ou bien elle n’a pas compris car le garçon est quelqu’un de sympa…

Une jeune femme a répondu à notre projet pour témoigner de deux agressions sexuelles qu’elle a vécues, par deux personnes différentes. Elle avait 14 ans au moment des faits. La première agression a été commise par un ami à elle, qui se montrait insistant, elle a eu beau répondre non, un soir d’été, il ne l’a pas écoutée, elle me précise dans le mail : “je portais un pantacourt large et un débardeur, puis une veste. Rien de bien aguichant”. Évidemment, il y a eu des remords, une angoisse qui perdure et une affaire classée sans suite, car la victime et son agresseur étaient tout les deux “jeunes”, et qu’il se pouvait que le garçon “ait mal interprété certains signaux”. Cette négation de la violence de l’acte subi a eu de fortes répercussions puisque lorsque son professeur, au courant de la première agression, lui promet son silence en échange de services sexuels, la jeune adolescente est incapable d’en parler à ses parents, eux qui avaient été très présents après la première agression. Cette adolescente, lorsque son professeur a été arrêté après que la police l’ait interpellé pour navigation sur des sites pédo-pornographiques, a pris le parti de se ranger du côté des associations pour la défense de l’enfance, mais elle n’a pas souhaité porter plainte, puisque la justice l’avait abandonnée une fois alors qu’elle cherchait de l’aide.

Si la culture du viol est donc bel et bien un fait sociétal important, il nécessite de s’interroger sur la place des trois pouvoirs qui régissent l’état français. En effet, il semble donc que même aux yeux des magistrats, le viol reste tabou, on ne se prononce pas et on ne juge pas assez. Si notre jeune génération se réveille et se révolte, nous pouvons espérer des changements pour les décennies à venir, pour que le viol soit reconnu comme une réelle agression physique et morale, qui détruit des personnes.

Dans des cas plus extrêmes, certains se permettent de prononcer des propos dépénalisant toutes les agressions sexuelles comme  l’a déclaré en 2012 le député espagnol José Manuel Castelao Bragaña : « Les lois sont comme les femmes, elles sont faites pour être violées ». Même si la justice est supposée punir un agresseur, il est tout de même visible que les législateurs dans les pays occidentaux se laissent aussi emporter dans la culture du viol. Ces hommes et également ces femmes qui critiquent et insultent les femmes qui choisissent de s’habiller tel qu’elles en ont envie, sans penser aux regards, aux sous-entendus, aux qu'”en dira-t-on”, semblent avoir oublié que chaque femme est libre de disposer comme elle le souhaite de son corps ; une tenue ne justifie pas un quelconque geste déplacé, une tenue n’est pas un quelconque appel. Ainsi est née une page Facebook au sein des membres du magazine “Soutien à Jack Parker – vos photos ” pour dénoncer simplement et anonymement cette épouvantable réalité. Tout est encore possible, il suffit d’ouvrir les yeux et de refuser ces injustices.

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Margot, Terminale L, option cinéma-audiovisuel, passionnée de musique, de cinéma et d'art. J'arpente les salles obscures et les salles de concert et essaye de vous retransmettre ma passion à travers mes articles. A l'avenir, j'espère entrer dans une école de journalisme pour devenir reporter ou bien journaliste-spécialisée. J'espère que vous apprécierez mes écrits et ceux des autres rédacteurs, bonne lecture.

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