CINÉMA

Her – Spike Jonze

Her est le quatrième long métrage de fiction de Spike Jonze après Dans la peau de John Malkovich, Adaptation et Max et les maximonstres. C’est dans un futur proche, à Los Angeles, que Joaquim Phoenix incarne (à merveille) le personnage principal : un personnage très sensible et hésitant. Réalisateur, scénariste et producteur de ce film, Jonze a fait preuve d’esthétisme, de délicatesse, et d’originalité. On a là, une petite merveille. 

Theodore (Joaquim Phoenix), après une rupture difficile, tombe amoureux de la voix féminine (Scarlett Johansson alias Samantha) de son nouveau système d’exploitation top moderne. Étrange me direz vous ? Et bien, c’est ce qu’a exploité Spike Jonze dans son film. On peut reformuler cela par : quelles sont les limites de l’amour ? C’est vrai ça, l’amour est-il véritablement limité ? Her a traité le sujet tout en beauté sans vraiment faire passer de message particulier. Il nous laisse juste émerveillés par les sentiments qu’il y fait passer, et tout ça dans l’univers de Theodore, univers qui se mêle avec le monde du virtuel. Il nous montre qu’être heureux est ce qui importe le plus, et n’expose aucune scène de sexe (même pas celle par téléphone). On a en quelque sorte, une mini-critique de la société actuelle.

L’histoire se met vite en place. On découvre ce à quoi pourrait ressembler notre monde dans quelques années, et j’ai trouvé cela très plausible. C’est une vision de l’évolution très réaliste. Bref, revenons à ce Theodore ronchon, blasé, qui croit avoir vécu tous les sentiments possibles et imaginables. Avec son style rétro des années 30 et sa petite moustache, Theodore a un style plutôt décalé, en contraste avec la société dans laquelle il vit. Quand il rentre le soir, il joue aux jeux vidéo et il va se coucher. On peut clairement dire que la voix de Samantha lui a changé la vie. Vous savez, ce sentiment, quand vous êtes tout excité de parler à une personne ? Ce sentiment de bonne humeur et de joie de vivre que vous avez en pensant à cette personne ? C’est ce que ressent Theodore. Il reprend tout simplement goût à la vie. A t-on raison d’être déçu en réalisant qu’en fait, ce n’est qu’un ordinateur ? Oui et non. Cette Samantha, elle n’a pas de corps, mais au final, est-ce si important ? Le but ultime n’est-il pas l’accomplissement de soi, le bonheur ? Theodore est heureux, mais se mêle à ça, une honte liée au regard des autres, un fait qu’il n’assume pas tout le temps. Et oui, imaginez ne serait-ce qu’un instant, un ordinateur capable de s’adapter à vous et d’avoir des sentiments. Ça devient un peu flippant en y pensant… Je vous laisse vous faire votre propre conception de la situation. Libre à chacun de penser qu’une relation comme celle-ci est impossible ou bien concevable. Mais quelque soit votre avis sur le propos, vous ne ressortirez pas indemne de la salle après avoir vu Her. Et cette question trottera dans votre tête pendant un long moment : qu’est-ce qui définit l’amour ?

screenrant.com

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La relation de Samantha et Theodore est (hormis tout point de vue négatif) tout de même très intéressante. Mais ce film est troublant, de par toutes les questions que l’on se pose après l’avoir vu. La technologie fait peur. On voit des intonations, de l’émotion, de la sensualité dans la voix de Scarlett et on se demande si un jour on en arrivera là. D’ailleurs, le fait que cette voix soit celle de la belle actrice nous incite à nous projeter son image derrière. On assimile cette voix à Scarlett Johansson. Or, je n’arrive toujours pas à savoir si c’est bénéfique pour le film ou non. J’ose à penser que oui, et que je n’aurais pas vu le film de la même façon en version française ou avec une autre voix. Du rire, vous passerez aux larmes dans ce film incroyable.

L’Oscar et le Golden Globe du meilleur scénario que Her a reçu sont largement mérités. On notera aussi une mise en scène impeccable et une photographie magnifique, dont le bleu a été grandement retiré. Rien à redire sur le jeu des acteurs, Joaquim Phoenix est toujours aussi bon et n’en fait jamais trop. La bande originale est belle, et s’adapte parfaitement au film. Les dialogues (qui, comme vous avez du le comprendre, jouent un rôle essentiel dans le film) sont admirables et vraiment aboutis. Her est un film émouvant, qui fait preuve de beaucoup d’intelligence et d’originalité. On est totalement en dehors du cliché. Ce film nous pousse à réfléchir, mais ne dénonce pas vraiment l’intelligence artificielle. La Science Fiction se faufile et au final ne se fait pas remarquer plus que cela. Réalisme, profondeur, nostalgie… Her vous fera vous remettre en question. C’est un film à ne pas manquer. Le cinéma n’a pas fini de nous fasciner.

21 ans. Passionnée de cinéma et étudiante en Audiovisuel. Rédactrice cinéma et musique à Maze.

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