20 longs métrages. 26 courts métrages. 1 Oscar. 3 César. 1 Lion d’Or. 1 Ours d’argent. Une troupe de 13 acteurs récurrents. Et 91 années dédiées au cinéma. Alain Resnais s’est éteint le 1er mars dernier, quelques jours avant la sortie de son dernier film Aimer, boire et chanter. Retour sur la carrière exceptionnelle d’un cinéaste emblématique.
De Resnais, on gardera l’image de cette chevelure blanche impeccablement coiffée, que l’on retrouvait régulièrement dans les médias à la sortie de son nouveau film. Réalisateur de génie, il nous a légué quelques chef-d‘œuvres intemporels comme Nuit et brouillard, Hiroshima mon amour, L’année dernière à Marienbad ou encore Mon oncle d’Amérique. Il est difficile de sélectionner un film parmi d’autres dans la grande filmographie qu’il a bâti au fil des années. Resnais est de ces hommes (avec un grand H) dont la vie est intimement liée au cinéma. Monteur, acteur, scénariste, producteur ou encore réalisateur, il se sera essayé à beaucoup de professions du septième art.
Il y a dans son cinéma une empreinte toute particulière, symbolique de sa minutie et intrigante pour le spectateur. Alain Resnais maîtrise comme personne d’autre l’art du montage. Il y a une perpétuelle recherche de l’originalité qui donne à ses films des accents de modernité. Loin du conformisme, loin de s’embourber dans ce qu’il sait faire, il prend des risques. Il n’a pas peur de choquer, décevoir ou étonner, il recherche. Et c’est admirable à observer.
On considère souvent Alain Resnais comme un intellectuel. Ce qui est vrai. Mais ce qu’il n’aime pas. Lui se dit amoureux des « arts mineurs » comme la bande-dessinée qu’il admire et à laquelle il ne cessera jamais de rendre hommage dans ses films. Mais il est considéré comme un intellectuel car il adapte du théâtre et travaille avec différents auteurs. C’est d’ailleurs de sa collaboration avec ces auteurs que naissent ses films les plus acclamés. Il a par exemple travaillé avec Marguerite Duras pour Hiroshima mon amour. Ou encore avec Alain Robbe-Grillet pour L’année dernière à Marienbad. Films acclamés aujourd’hui, audacieux encore et toujours mais parfois décriés à leurs sorties. Mais c’est aussi cela Alain Resnais. L’audace de ses films d’abord, mais aussi le courage de mêler le populaire à l’intellectuel. Il n’hésite pas à faire commander des décors de BD pour certains de ses films, ses acteurs se risquent au playback de tubes populaires dans On connaît la chanson, alors qu’il adapte Eurydice dans Vous n’avez encore rien vu. Mais cela fonctionne, car il mêle ces deux genres à merveille.
Et puis Alain Resnais c’est cette obsession de la mort pendant une période de sa vie. Tous ses films des années 70 sont marqués par ce thème récurrent. Et puis lentement, il en est sorti pour laisser place au fantasque, à la comédie, à l’extravagance. Enfin Resnais, c’est la fidélité. La fidélité envers cette troupe d’acteurs avec qui il a toujours travaillé. André Dussolier, Fanny Ardant, Lambert Wilson, ou encore Sabine Azéma, qu’il épousera.
Voilà, Alain Resnais laisse un souvenir impérissable dans le cinéma. On en a pas fini d’étudier la riche filmographie de cet amoureux du septième art.