CINÉMA

Un été à Osage County, règlement de comptes en famille

Une comédie dramatique à l’humour noir, aux dialogues bien sentis et à la réalisation conventionnelle.

Prix Pulitzer. De nombreux Tony Awards. Un succès énorme à Broadway. Outre-Atlantique, tout le monde connaît « Osage County » pourtant en France, cette pièce est méconnue … Le synopsis est simple, un père de famille se suicide, les trois filles reviennent dans la maison de leur enfance et retrouvent leur mère, tyrannique. Les vieilles rancœurs et les éternels secrets vont refaire surface et nous observons tout cela, bien contents de ne pas avoir été élevés dans cette famille !

Le film est porté par une qualité d’écriture exceptionnelle. Le scénario est brillant et il livre des personnages profonds, touchants et troublants. Il détaille une vision de la famille américaine déprimante. Et il offre des dialogues absolument géniaux. La qualité d’écriture est telle que seuls les mots font l’action. Il y a par exemple cette scène du repas, extraordinaire, qui dure près de vingt minutes mais qui passe comme un enchantement. Cette scène est symbolique du film, on passe du rire au choc, du choc aux larmes, des larmes au rire. En un rien de temps. Cette même qualité d’écriture nous plonge dans une ambiance particulière, celles des « Plaines », d’une Amérique rurale où l’on dit ce que l’on pense, sans s’inquiéter d’une quelconque diplomatie.

Bien sûr, dans un tel film il faut des comédiens au diapason car ils doivent plus que jamais porter le film et l’action. Et l’on n’est pas déçu. Dans la liste des grandes prestations de Meryl Streep il y a désormais Un été à Osage County. L’actrice trouve ici le moyen d’exprimer tout son talent. Incarnant une toxicomane tyrannique, paranoïaque et lunatique, atteinte d’un cancer pour couronner le tout, elle est exceptionnelle. Elle est secondée par une Julia Roberts en état de grâce, qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. La galerie des seconds rôles est toute aussi brillante, même si l’on peut reprocher des personnages masculins malheureusement peu développés.

Pour ce quasi « huis clos » , il fallait aussi une belle réalisation. John Wells est peu connu, pourtant il n’en est pas à son coup d’essai. A la maison blanche, Urgences ou encore The Company Men, il a de beaux succès à son actif. Pour Un été à Osage County, il choisit habilement la sobriété. Il ne cherche pas à sublimer ses personnages ou ses acteurs, ni à livrer des plans majestueux. Sa réalisation est au service des prestations. Les personnages étant excessifs par moment, il est tout dans la retenue. Et c’est tant mieux. Par cette réalisation certes conventionnelle, il sublime le film.

Un été à Osage County n’est pas un énième film sur la famille. Son traitement est différent, il se joue des clichés, il déjoue les pièges du genre, touche par sa sincérité, bouleverse par sa vérité. C’est une véritable comédie dramatique derrière laquelle se cache une poignante tragédie. A voir.

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