Quand février rime avec animé … C’est pas moins de cinq films d’animations qui sont sortis ce mois-ci : Jack et la Mécanique du Coeur, Minuscule, La Grande Aventure Lego … Le choix était là ! Mais à l’approche des Oscars vous avez pu aussi découvrir celui qui est nominé dans 10 catégories : American Bluff. Sans oublier d’autres films très bons (Only Lovers Left Alive) et des moins bons (La Belle et la Bête). Retour sur quelques films du mois !
Commençons avec le meilleur de l’animation : Minuscule, la vallée des fourmis perdues. (Sorti le 29/01) Tout part d’une simple boite de sucre laissée dans la forêt. Un vrai Graal pour la compagnie de fourmis passant par-là, qui décide de ramener ce précieux contenu à son nid, coûte que coûte. Mais le voyage jusqu’à la fourmilière sera épique, les terribles fourmis rouges voulant aussi le précieux butin. Avec l’aide une petite coccinelle solitaire, nos fourmis vont remonter leur vallée et se préparer à la guerre contre les rouges qui préparent leur assaut … Avec près de 100 épisodes diffusés sur les chaînes jeunesses, la série Minuscule : La Vie Privée des Insectes s’est offert un long métrage pour le plus grand bonheur des jeunes. Et des moins jeunes ! Entre son humour à toute épreuve, ses références évidentes et terriblement bien placées à de grands films (Psychose, Le Seigneur des Anneaux ou même Star Wars) et le bonheur que procure une heure et demie sans paroles, Minuscule se savoure peu importe l’âge. Le principe du film est d’intégrer des petits insectes en image de synthèse dans des décors en prises de vues réelles. Et le résultat est bluffant, on est complètement immergé dans les paysages vus à hauteur d’insecte tout en suivant les aventures de ces petites bêtes. En somme, un petit film plaisant à voir, drôle et original !
Le film le plus je-suis-le-plus-nommé-partout-où-je-passe ce mois-ci est American Bluff. (Sorti le 05/02) Une histoire d’amants escrocs visant toujours plus gros, avec une ex-femme instable et un agent du FBI non loin derrière. Sans rentrer dans les détails, c’est surtout l’histoire de ces cinq personnages et la façon dont leur vie bascule avec une affaire : l’escroc Irving qui voudrait juste s’enfuir avec Sydney qui ne sait plus trop qui aimer entre lui et Richard, l’agent du FBI, qui devient obsédé par l’affaire, pendant que l’ex-femme d’Irving ne veut pas le lâcher (et met du métal au micro-onde) et que Carmine, le maire de Camden préparant le coup, s’avère être plutôt un homme bien. Bref, le style de scénario a plusieurs facettes. Réalisé par David O.Russel, ce dernier réussit l’exploit d’être à nouveau nommé dans les sept catégories prestigieuses des Oscars, comme l’an passé avec Happiness Therapy. Niveau casting, il a regroupé ses acteurs fétiches, et pas les moindres, comme Christian Bale, Amy Adams, Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Jeremy Renner ou encore Robert De Niro. Avec une esthétique (et des coupes de cheveux) cadrée parfaitement dans les 70s et des performances de haut niveau, American Bluff est, il faut le dire, une réussite. Mais qu’en est-il du rythme et de l’histoire ? Et bien, vouloir rentrer dans trop de personnages tout en nourrissant une intrigue riche, c’est rapidement nous perdre et nous entraîner vers l’ennui. Et quel dommage ! Sans ce manque de rythme cruel, le film aurait pu faire un sans-faute. Reste à voir ce que les membres de l’Académie des Oscars en diront, American Bluff ayant déjà remporté trois Golden Globes (meilleur film, actrice et actrice dans un second rôle dans une comédie).
Film animé très attendu de son public : Jack et la Mécanique du Cœur. (Sorti le 05/02) Jack est né le jour le plus froid du monde. Pour sauver son cœur gelé, sa mère adoptive lui greffe une horloge à la place du cœur. Ce mécanisme fonctionnera tant que Jack ne touche pas à ses aiguilles, ne se met pas en colère et ne tombe pas amoureux. Mais en grandissant, Jack veut connaitre le monde extérieur, et va rencontrer la petite chanteuse Miss Acacia, coup de foudre immédiat. Le temps va les séparer et les retrouver, mais entre l’horloge à la place du cœur et le grand Joe qui craque aussi pour la petite chanteuse, rien ne va être simple pour Jack … A la base livre de Mathias Malzieu, puis album avec son groupe Dionysos en 2007, La Mécanique Du Cœur devait avoir depuis longtemps son adaptation cinématographique pour compléter l’œuvre. Mais après des hauts et des bas, c’est bien sept ans après qu’est sortie cette version animée des aventures de Jack réalisée encore par Malzieu et produite par Luc Besson et Europa Corp. Plus qu’un film d’animation, c’est tout un concept qui est mis en scène : les chansons de l’album déjà existantes sont intégrées comme des paroles ou des pensées des personnages au service de l’histoire du livre. L’effet, surtout pour les non-connaisseurs, peut être assez déroutant. D’ailleurs l’atmosphère toute entière du film est plutôt étrange et les personnages et décors en images de synthèses pourrait nous faire penser à du Burton. Seulement, pour les personnes ayant lu le livre, on regrettera une dernière partie du film taillée à la hache, comme s’il avait été conclu en vitesse, gâchant un peu toute l’idée originale.
Autre production française dont le nom vous rappellera surement quelque chose : La Belle Et La Bête. (Sorti le 12/02) Inutile de vous re-présenter l’histoire de ce conte, si ? Une jeune fille qui se retrouve prisonnière d’une Bête dans son château après que son père ait volé une rose à ce dernier, ça ne vous dit rien ? Sinon, revoyez vos classiques. Dans cette énième version du conte, l’histoire n’a pas changé. Néanmoins, depuis les Disney old school ou la superbe version de Jean Cocteau il y a presque 60 ans, La Belle et la Bête n’avait pas été revisitée de façon si audacieuse. Audacieuse car, avec les moyens d’aujourd’hui, le réalisateur Christophe Gans à fait d’un conte un blockbuster, comme s’il avait été américain. Seulement, le résultat s’avère un peu too much. Au niveau des effets spéciaux (notamment les géants) et des reconstitutions tout devient vite trop « gros » pour être vrai. La version de la bête, elle aussi, n’est pas parfaite : elle aurait dû garder un peu plus de Vincent Cassel, qui l’interprète, dans son visage. Belle, elle, est jouée par Léa Seydoux, que l’on connait tous depuis La Vie D’Adèle, et tombe presque dans le sur-jeu, à l’image du reste du film jouant trop sur les codes et les clichés des films fantastiques. Bref, on s’ennuie vite et c’est vraiment dommage, un Belle et la Bête moderne aurait pu sortir du lot. Mention bien par contre aux petites créatures-chiots dans le château de la Bête, elles étaient si mignonnes qu’on ne peut pas en dire du mal.
Retour à l’animation avec le top du pop : La Grande Aventure Lego ! (Sorti le 19/02) Alors que Lord Business, régnant sur le monde Lego, se prépare à lancer une attaque au Kragel sur tout ce qui bouge, Emmet, un simple ouvrier du bâtiment va accidentellement tomber sur la pièce de résistance, la seule pièce pouvant empêcher le Kragel de coller tout l’univers Lego. Seulement, Emmet n’est pas un maître constructeur, il est un Lego tout ce qu’il y a de plus conventionnel et qui suit ses instructions. Mais avec l’aide des autres maîtres constructeurs de l’univers, il va tout faire pour pouvoir sauver son monde … Loin de vous l’idée que ce film est un placement de produit géant ! Certes, il n’y a que des Lego à l’écran, mais l’autodérision du fonctionnement de ce monde fait de petits cubes (la dictature des instructions et l’embrigadement de l’imagination notamment) fait comprendre qu’on est bien là pour autre chose. Et cette autre chose, c’est un concentré de pop culture d’une heure et demie où plusieurs générations ayant grandi avec ces Lego se reconnaîtront. Les figurines guests comme Batman, le Faucon Millenium et Chewbacca, Superman, Gandalf etc, ne font qu’accentuer ce côté trans-générationnel des Lego : à la fois rétro et complètement à la mode (voir les affiches des nommés aux Oscars en mode Lego ou même les trailers repris comme Gravity ou Batman encore). Fidèle aux petites briques et aux figurines, tout, oui tout, dans le film est en Lego, de tous types et de toutes couleurs ! Réalisé en stop-motion c’est un vrai régal à regarder et c’est un vrai contre-pied à tous les autres films d’animation d’aujourd’hui qui se veulent toujours plus réalistes. Bien que le scénario soit un peu léger et la fin prévisible, avec La Grande Aventure Lego les fans (avouez-le, on a tous joué avec quand on était jeunes, et d’autres moins jeunes) prendront vraiment leur pied !
Et pour finir, le film du mois et plus encore : Only Lovers Left Alive. (Sorti le 19/02) Un court passage dans la longue vie de deux vampires au tournant du XXIème siècle, ça vous dit ? A Tanger, Eve aime dévorer les livres et se fournit de sang à la pharmacie avec l’aide de son ami Marlowe. Adam, lui, est à Detroit, et est un musicien de génie amoureux des guitares et du rock expérimental et va se servir du précieux liquide dans les stocks de l’hôpital voisin. Se manquant l’un l’autre, ils vont alors se retrouver à Detroit, où ils vont revivre passionnément leur amour au rythme de la musique. C’est sans compter l’arrivée de la petite sœur d’Eve, qui, encore jeune, se sert directement au cou d’humains dans les parages et va bouleverser leur quotidien jusqu’à la crise du sang … Esthétiquement magnifique, musicalement sublimé, humour fin et scénario de vampires plus qu’originaux, Only Lovers Left Alive est l’un de ces films inclassable mais parfait. Coté casting, Tom Hiddleston (connu pour son rôle de Loki chez Marvel) est très convaincant et très sombre, Tilda Swinton, Eve, est plutôt lumineuse dans son rôle, formant un couple qui se complète. Sans compter Mia Wasikowska, toujours aussi déjantée dans le rôle de la petite sœur. Ces vampires sont un reflet de l’humanité : ils ont vu toute l’évolution des humains, ou plutôt des « zombies » comme ils les appellent, à raison finalement. Les références à la littérature et la musique s’enchaînent et amusent lorsque l’un dit avoir écrit pour Shakespeare et l’autre pour Schubert. L’ensemble nous transporte tout le long du film et on n’a même pas envie de quitter ces vampires qui pourtant nous survivront. En bref, un pur bijou de cinéma, à ne pas manquer.
En mars, vous pourrez prouver votre héroïsme dans The Monuments Men et son casting au top (Clooney, Damon, Murray, Dujardin, Blanchett …), ou si vous êtes plutôt super-héroïque ça sera avec le nouveau Marvel Captain America : Le Soldat de l’Hiver ; mais aussi montrer votre amour, virtuel ou pas, dans Her ; vous pourrez faire un Cluedo taille réelle dans un avion avec Liam Neeson dans Non-Stop ; mais si vous préférez vous balader en spartiates épée au poing, ça sera plutôt 300 : La Naissance d’un Empire qui sera fait pour vous ; et enfin, entre autres, vous pourrez vous battre pour la chanson Supercalifragilisticexpialidocious dans Dans l’Ombre de Mary, histoire de la création de Mary Poppins avec Tom Hanks.