Après La sagrada familia et Navidad, Lelio met à nouveau le cinéma chilien sur le devant de la scène.
Au milieu de la foule, Gloria, une sexagénaire flamboyante, alterne entre les cocktails et les slows. Divorcée, elle semble tout à voir avec quelqu’un qui veut enfin profiter de la vie. Une femme en apparence forte qui ne parait pourtant pas à son aise dans l’open-space où elle travaille. Frénétiquement, elle tente en vain de joindre ses enfants, agrippant son Blackberry comme une bouée de sauvetage contre la solitude qui l’accapare. Après le bureau, les séances de rirothérapie ou sa participation au cours de yoga de sa fille ne lui apportent pas plus de compagnie. Un soir, seule comme tant d’autres, flottant sur les airs d’une musique disco, Gloria croise le regard de Rodolfo qui va lui redonner la force de se battre, de vivre et d’aimer à nouveau. Personnage d’une justesse et d’une précision épatante, Gloria semble travaillée dans les moindres détails. Avec ses lunettes et son vernis assortis à ses tenues, Gloria est une personne haute en couleur sublimée par Pauline Garcia qui réalise sûrement l’un de ses meilleurs jeu d’actrices trouvant les intonations et mimiques les plus adéquates.
La sortie de Gloria et Lulu femme nue en même temps dans les salles obscures n’est pas un hasard. En effet, le cinéma de 2014 paraît rendre aux femmes leurs rides et rondeurs, leurs soucis et leurs joies, leurs amours et leurs déboires. Et ce sont ces traits de caractère qui font de Gloria un réel portrait de femme moderne. La capacité de Sebastian Lelio à retranscrire les émotions avait déjà impressionné l’Europe qui l’avait récompensé à plusieurs reprises pour chacun de ses films. Toujours semblables aux autres longs métrages récemment distribués, les scènes d’amour entre Gloria et Rodolfo sont crues et réalistes : sans complexe. Œil du spectateur, la caméra est discrète, nous plaçant au devant de la scène. Présente mais ne nous rendant jamais voyeurs, elle reste près des personnages et les plans larges se font rares.
C’est donc le sourire aux lèvres mais sans grand étonnement que le public ressort de ce long métrage, portrait comme tant d’autres, de notre société.