LITTÉRATURE

Baudelaire et Verlaine, ou la poésie maudite

Connaissez-vous l’ironie de la fin de Baudelaire ? Savez-vous ce qu’est devenue la maison de Verlaine ? Quelques réponses, ou, comment aborder différemment ces auteurs légendaires ! Vous pourrez ainsi cultiver les anecdotes et découvrir des évènements qui vous permettront de mieux mémoriser leur existence.

Ici, promis, aucune date, seulement les évènements clés et quelques jeux de mots, sinon, cela n’en vaut pas la peine. Bonne lecture !

Ce mois-ci, je vous propose de découvrir deux auteurs comme on ne vous les a pas encore présentés !

Baudelaire et Verlaine ou la poésie maudite

Déjà, il faut savoir une chose : «  Quand on est (poète) maudit, on prend un bol d’air (Baudelaire) et une infusion de verveine (Verlaine). »  Car Baudelaire et Verlaine sont bien des poètes maudits ; Baudelaire s’isole avec un sentiment de génie incompris, loin du matérialisme. Et pour Verlaine, né sous Saturne, ce sont les malheurs qui s’abattront sur lui, ainsi que le relatent les Poèmes Saturniens !

Vous serez surpris aussi d’apprendre que Baudelaire et Verlaine (de même que Rimbaud) ont un père (beau-père pour Baudelaire) dans l’armée.

Jeu sur les rimes, afin de mémoriser par où commencent les drames de leur vie :

Baudelaire ne voit pas sa mère ; Verlaine coule vers la haine en perdant sa cousine.

Baudelaire  XIXe Siècle

La réelle frustration de Charles, son drame, c’est sa mère qui se remarie, et son beau-père, militaire, qui lui mène la vie dure, lui volant l’amour de sa mère. Charles ne connaitra pratiquement pas son père, décédé, et qui, étant un homme d’arts, aurait pu instruire son fils dans ce domaine. C’est donc un échec total.

L’inspiration exotique de Charles lui vient de deux îles qu’il a connues : la Réunion et Maurice.

Son œuvre monumentale est évidemment Les Fleurs du Mal. Baudelaire est à la recherche du Beau. Selon lui, sa plume peut décrire l’immonde, mais, c’est de son devoir de le retranscrire d’une belle manière.

Toutefois, à son époque, des critiques vont jusqu’à se demander s’il ne souffre pas de problèmes mentaux ! Ils n’ont pas la même vision de la beauté : son œuvre est censurée de six poèmes qui portent atteinte aux mœurs.

Il travaillera toute sa vie, à compléter son écrit.

Entre un spleen et un tableau, Charles dégustait des biscuits avec du vin. Dans son recueil, Le Vin, c’est la partie où l’on trouve des poèmes qui rêvent d’un ailleurs mieux, d’un paradis artificiel. D’ailleurs l’on consomme souvent de l’alcool pour fuir ce qui nous dérange :

« Nous fuirons sans repos ni trêves,

Vers le paradis de mes rêves ! » Le vin des amants.

Il aurait aussi pu s’illustrer sur une mer de vin, et lui, usant d’un biscuit comme barque de fortune, ramant, pagayant gaiement ! Enfin, ce n’est qu’une idée !

Puis, Charles est malade, l’argent lui fait défaut. Il consomme du haschich, et bientôt de l’opium car ces substances lui permettent d’accéder à un état créatif incroyable. Mais nulle mention d’éléphants roses !

Il mène une vie de Dandy. Il s’engage dans la révolution de 48 mais, il finira par prendre du recul et ne sera plus autant engagé :

« L’émeute, tempêtant vainement à ma vitre

Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » sont du poème Paysage, des Fleurs du Mal.

Baudelaire est surtout le précurseur d’un mouvement : le Symbolisme. Le matérialisme de l’époque l’agace, et, dans sa vision, il faut se tourner vers les symboles, dans la nature, les décrypter, être le juste intermédiaire.

Il souhaite privilégier les suggestions dans son vocabulaire, de manière à mieux analyser le monde qui l’entoure. Il cherche à décupler les sensations (réel choix ou l’opium commençait-il à devenir un peu trop présent dans sa vie ?), les sensibilités… De la musicalité aussi, qui va, peu à peu, laisser apparaitre la prose et les vers libres.

Le Symbolisme ou la loi des trois S : Symbole, Son (musicalité), Suggestion.

 « La nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers. »

Dans les Correspondances, c’est Baudelaire qui va au-devant de l’Homme, qui exprime le sens caché que possède le parfum de cet arbre, la luminosité, tous ces messages que personne ne peut se figurer.

Il meurt et est inhumé. L’ironie ? Il partage la tombe de sa mère et de son beau-père qu’il haïssait. Le combat d’une vie, pour finalement partager l’éternité dans le même caveau…

Il faudra des années pour que son recueil soit publié en intégralité, et ses mémoires personnelles recueillies, choquent certains par leur vulgarité.

Baudelaire est un écrivain, un traducteur (Edgar Allan Poe surtout) et un critique littéraire.

Verlaine XIXe Siècle

Est né Samedi, jour de Saturne, présage de malheur, qui lui vaudront de créer les Poèmes Saturniens. Cela fait beaucoup de « sa ». « Ça, ça, ça alors ! »

Mais quelle vie de misère, un enchainement d’échecs et de mélancolie. Cette vie n’est pas tellement différente de celle de Baudelaire.

Verlaine connait une enfance agréable, et il est issu de la petite bourgeoisie. Puis, il voit sa cousine dont il est amoureux et qu’il souhaite épouser, se marier. Cela le précipitera plus encore dans le gouffre. Et… Etant donné que les mariages se déroulent le samedi, jour de Saturne, il écrit forcément Poèmes Saturniens durant cette période !

Comme Charles n’a pas eu la relation souhaitée avec sa mère, Verlaine n’a pas celle dont il rêvait avec sa cousine, qui lui glisse entre les doigts. Ces deux poètes Symbolistes, sont peut-être de grands romantiques !

Le drame pour Verlaine, c’est que sa cousine meurt peu après. A cette époque, il est déjà beaucoup plongé dans la poésie, il a commencé à écrire et en est passionné. Mais il tombe aussi dans l’alcool et dans la violence. Rappel : Verlaine va vers la haine (ver-l’-aine) en perdant sa cousine.

Il rencontre Rimbaud et ils partent, Verlaine délaissant femme et enfant totalement.

Mais Verlaine a confondu Rimbaud et Rambo ! En colère et sous l’effet de l’alcool, il tire avec un pistolet sur la main de Rimbaud. Autant dire que la main, ce n’est pas le pied, surtout pour un écrivain ! Et Verlaine part en prison (plus pour son homosexualité qui gêne considérablement à cette époque, que pour le méfait).

Pour autant, Verlaine n’a pas de dents (de Sagesse) contre Rimbaud. Oui, Sagesse est un recueil de poème qu’il écrit à cette époque, rien à voir avec les dents ! Cette œuvre est témoin de sa recherche de rédemption dans la foi.

Et le régime de la prison l’a horrifié ! Il ne pourra plus (re-re-re)manger de radis et de pommes de terre de sa vie. Mais non, aucun rapport, c’est un second recueil de poèmes : Jadis et Naguère !

Dans ces poèmes, Verlaine joue beaucoup sur la musicalité, les rythmes, faisant découvrir les vers pairs et impairs, les rythmes rompus ! D’ailleurs, il en présente lui-même l’édifice :

« De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l’Impair

Plus vague et plus soluble dans l’air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. »

Rien n’est décrit, tout n’est que suggestion et musicalité. La rose est ainsi souvent assimilée à l’amour, le lys à la virginité… Il rédigera aussi sa part de prose.

Mais la mélancolie sera là, toujours, abondante. Qui ne connait pas ces fameux vers ?

« Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville » Romances sans paroles.

Verlaine n’étant pas le genre d’hommes à rencontrer – son destin funeste est communicatif – un de ses amants décède, Rimbaud peu après, et sa mère suit le lot ! Couronné Prince des poètes, finalement reconnu, il sombre encore plus dans l’alcool et meurt dans la misère.

En matière de poète maudit, y a pas à dire, on prendrait volontiers une infusion de tout, sauf de verveine !

Et puis, sa maison deviendra la première discothèque homosexuelle de sa ville ! Quelle ironie, puisqu’il a été emprisonné pour cette raison en grande partie.

Pour en découvrir plus en image, on peut trouver un film : Rimbaud Verlaine aussi nommé Total Eclipse en anglais. On y retrouve Leonardo Di Caprio en acteur principal. Et si cela peut joindre l’utile à l’agréable, pourquoi pas ?

Ya-ël Taillard

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