MUSIQUE

France de Griessen – Saint Sebastien

Découverte en mai 2013 en première partie de Manu (ex Dolly), France de Griessen a depuis parcouru un bout de chemin, et ce notamment avec la sortie le 20 janvier dernier de son opus intitulé Saint Sebastien.

France de Griessen 2013

Crédit Photo : © Richard Dumas

Enregistré et co-écrit avec l’aide de François Maigret alias Shanka (The Dukes) et mixé par Alexis Berthelot, Saint Sébastien a été enregistré au Studio G de Brooklyn. La jeune femme nous a d’ailleurs permis de pénétrer au cœur de l’enregistrement de son album en dévoilant un carnet de bord sur le site de Longueurs d’Ondes, nous permettant ainsi de comprendre comment s’est déroulé la session.

Contrairement à Electric Ballerina (2011) qui d’entrée de jeu nous amenait vers un univers rock, voir punk dont on avait retenu la superbe reprise du titre PP Haine des Sales Majestés, les sonorités de Saint Sébastien, elles, nous transportent vers une toute autre facette de la chanteuse tout en gardant son univers.

C’est donc avec délice que l’on se replonge dans l’univers aux couleurs romantiques et harmonieuses de France de Griessen, sa musique nous prenant aux tripes tout comme les textes qui ne nous laissent pas indifférents, à commencer par Skin and Stone, titre ouvrant l’album et qui offre une certaine puissance, notamment grâce au solo de guitare survenant en fin de morceau mais aussi à ses arpèges attendrissant et à l’impression de retrouver une scie musicale. Les paroles quant à elle nous ballade du français à l’anglais sans pour autant nous déranger une seule seconde. S’en suit Honey Lake que nous avions pu découvrir il y a quelques mois, France de Griessen l’ayant dévoilé en pré-écoute via sa page Facebook, avant que Les Oiseaux ne se fasse entendre, poursuivant dans la même lignée. On se laissera tout autant transcender par Sebastian et ses sonorités des plus blues, que ce soit musicalement parlant que dans les paroles, le tout nous faisant dériver au gré d’une envolée de la guitare qui se fait réellement apprécier mais aussi de part la batterie qui nous offre une chute digne d’une exécution, la répétition des “Dear Sebastian” appuyant cette idée, signant alors l’un de nos véritables coup de cœur. The Veil of Stars quant à elle poursuit notre écoute avec simplicité, nous laissant déguster un titre sans fioritures, accentuant encore sur le rock, la voix de France prenant de l’ampleur. Et puis parvient jusqu’à nos oreilles I Thought I Had, où émotion et mélancolie nous sont amenées au gré de cette jolie ballade couplant guitare et harmonica. Mais Saint Sebastien n’a pas encore révéler toute sa personnalité puisqu’un instrumental intitulé Guitar Decay a su y trouver sa place, offrant une véritable performance blues que l’on vous recommande vivement. On ne pouvait aborder cet album sans parler de Looking For Gold, chanson sertie d’un clip il y a peu et dont on reste persuadé qu’elle prendra une toute autre ampleur dans sa version live, les envolés de France et de la guitare nous faisant penser à certains titres d’Electric Ballerina. C’est alors une France écorchée vive que nous retrouvons et ce n’est pas pour nous déplaire. Les titres suivants Choose Again et Little Walls apportent eux aussi l’envie d’une découverte scénique, le premier déversant un superbe solo de guitare alors que le second voudrait nous pousser vers un univers plus enfantin, nous rappelant ce qu’elle produisait à l’époque de Billy. Une chose est sûre, si nous avions à choisir encore une fois, nous le réécouterions sans fin.

France de Griessen 2013

Crédit Photo : © Richard Dumas

Cependant Saint Sebastien a soulevé un vif intérêt, et ce bien avant sa sortie puisque France de Griessen a vu son compte Facebook se faire bloquer par le réseau lui-même suite à la publication de la pochette de l’album, avec pour seul motif la vue d’un demi téton. Le photographe, Richard Dumas n’en est pas à sa première censure puisqu’il a vu son cliché pour le dernier opus d’Etienne DahoLes chansons de l’innocence retrouvée (2013) être censuré par Polydor, maison de disque du chanteur. Là encore il était question de nu puisque la photo affichait le chanteur posant aux côtés d’une jeune femme seulement vêtue d’une petite culotte, ce qui a engendré la mise d’un bandeau au niveau de ses seins. A l’heure où l’on nous vend du choc au clic sur internet, ces clichés affichant une esthétique et dégageant un véritable travail de la part de l’artiste se voient censurés pour diverses raisons. Avons-nous encore un véritable droit d’expression ? Le tout nous fait douter. De plus, ôter à France de Griessen son Facebook c’est condamner ses chances de promotion puisque les artistes indépendants n’ont que ce biais de réellement efficace pour faire parler d’eux.

Malgré la censure de sa pochette, France de Griessen a su nous offrir un second opus bien différent d’Electric Ballerina et dont on ne parvient plus à se lasser même au bout de plusieurs écoutes consécutives. Nous vous le recommandons donc chaudement pour bien commencer 2014. A noter que le digipack comprendra un livret de 20 pages dans lequel on retrouve les textes écrits de la main de France accompagnés de ses dessins et aquarelles mais aussi des photos de Richard Dumas.

France de Griessen se produira en première partie d’Indochine sur le troisième acte de leur Black City Tour a partir du mois de mars. Retrouvez les dates ci-dessous.

12 mars : Palais 12, Bruxelles (complet)
15 mars : Zénith de Dijon (complet)
19 mars : Zénith d’Auvergne, Clermont Ferrand
21 mars : Halle Tony Garnier, Lyon (complet)
23 mars : Zénith de Nantes (complet)
25 mars : Zénith de Toulouse

Mordue de musique, littérature, cinéma et photographie. S'adonne à la musique et à l'écriture à ses heures perdues.

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