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Le Japon, c’est quoi le problème ?

A la sortie du dernier Tokyo Game Show, Hideo Kojima (Metal Gear Solid), un brin dépité, déclarait : “Quand je regarde ce TGS… On dirait qu’il n’y en a que pour la dernière appli smartphone ou les jeux pour adolescentes dans les médias, non ? Je trouve ça dangereux. Si l’on ne nous vend pas la PS4 ou la Xbox One avant leur sortie, à quoi bon essayer ?

Comment le Japon, longtemps leader de l’industrie vidéoludique, a-t-il pu arriver à un stade où il est devenu un acteur de second plan ?

Le mois dernier se tenait le Tokyo Game Show donc, qui fut il n’y a pas si longtemps le deuxième salon de jeu vidéo au monde, derrière l’E3 américain.

Aujourd’hui, on pourrait presque dire que la Gamescom est passée devant. Surtout, malgré un nombre de visiteurs record, c’est l’attrait du salon qui décroit sans cesse ces dernières années. Encore cette année, le salon ressemblait presque à une simple exposition de nouveaux jeux à l’instar de la Paris Games Week, qu’un show distillant des annonces retentissantes. Presque rien n’a été annoncé au TGS. Désormais, les éditeurs ne comptent plus sur ce salon, et peut être même sur le Japon entier.

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La PS4 ne sortira qu’en février au Japon …

En effet, avant le salon se tenait un pré-TGS, où Sony a tenu une conférence. Aucune annonce intéressante une fois de plus, si ce n’est que la PS4 sortira au Japon le 22 février 2014, presque quatre mois après les sorties occidentales, du jamais vu ! Plusieurs raisons à ce report. D’abord il est vrai, le marché Japonais est acquis aux consoles de salon Sony. Mais surtout, aucun jeu japonais n’est prêt pour cette fin d’année. Preuve du retard en la matière de développeurs habitués il y a de cela dix ans à dominer le marché européen ou américain.

Mais ce retard ne provient pas seulement de la next gen à paraître. Depuis l’arrivée des Xbox 360 et PS3, le jeu vidéo japonais est en crise. Retard technique d’abord, des coûts de production toujours plus élevés, pour des flops commerciaux. Les japonais n’y arrivent plus. Sans remettre en cause la qualité de leurs production, c’est d’abord un aspect philosophique qu’il faut soulever. Car les japonais n’ont pas compris, anticipés les modifications du marché. A l’heure de la domination de licences telles que Call Of Duty, Fifa ou Grand Theft Auto, les japonais ont péniblement sortis des titres ambitieux tels que Sleeping Dogs, Tomb Raider, Hitman … sans qu’aucun ne soit un franc succès. Et alors qu’ils arrivent tout juste à rattraper leurs retard sur cette génération de console, il faudrait aux développeurs asiatiques préparer l’arrivée de la next gen. Finalement, c’est un véritable désintérêt qu’éprouvent les développeurs japonais envers les nouvelles consoles. Pas sûr hélas que cela puisse aider à dynamiser les ventes de jeux provenant du pays du soleil levant. Car sans jeux à proposer, les consommateurs occidentaux oublient peu à peu les jeux asiatiques. Et à vrai dire, pour la grande majorité, ils se contentent pleinement des blockbusters américanos-européens.

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Metal Gear Solid V, porte étendard du jeu vidéo Japonais en occident

Pourtant, il y a encore des raisons d’espérer. Metal Gear Solid V, Yakuza : Ishin, Gravity Rush 2 ou, soyons fou, Final Fantasy XV et Kingdom Hearts 3 devraient arriver prochainement tout en ayant un véritable potentiel. Le jeu vidéo japonais n’est pas mort, mais il doit seulement se renouveler.

Du renouveau, c’est peut être ce qu’il manque à l’autre grand constructeur national qu’est Nintendo. Tandis que sa Wii U est un flop, la firme peine à lancer les ventes, comptant sur un Zelda Wind Waker HD notamment, ou sur les arrivées prochaines de nouveaux Mario Kart ou Super Smash Bros. Toujours les même licences depuis vingt ans, ce qui commence à lasser le public, car ces licences pour la plupart proposent toujours la même chose. Nintendo est peut être le symbole du jeu vidéo japonais. Capable d’offrir du rêve, mais comme figé dans le passé. Le retard est conséquent, mais pas insurmontable.

Car à l’heure des DLC, micro transactions et autres fourberies occidentales, le Japon paraît encore innocent, naïf. Surtout, il a fait grandir de nombreuses générations de joueurs qui aujourd’hui n’attendent qu’une chose : que le marché japonais retrouve son lustre d’antan.

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