SOCIÉTÉ

La gauche : de révolutionnaire à modérée

La Gauche : la politique du peuple. C’est souvent ainsi que l’on comprend la gauche comme étant une orientation politique qui défend le droit des pauvres, des travailleurs et de la classe moyenne. Cependant, bien que cette idée originale ait été conservée, les principes de base, hérités de la Révolution de 1789, ont quelque peu changé.

Pour comprendre la Gauche, il faut comprendre la Révolution de 1789. 1789 se place dans un contexte de renouveau. Tout d’abord, la crise : en 1785 une épizootie tue presque la moitié du bétail en France, et en 1788 un mauvais été suivi d’un hiver particulièrement redoutable résultent en une récolte très médiocre. Le prix du blé augmente alors de 50 % à 100 %. Cette situation financière est d’une importance capitale, car c’est pendant ces mêmes années (1788 et 1789) qu’ont été rédigés les cahiers de doléances qui vont former toutes les revendications du peuple (paysans, bourgeois et aristocrates). La faim du petit peuple, mêlée à une frustration politique de la bourgeoisie vis-à-vis de la noblesse, une crise morale (la volonté d’un renouveau politique n’est pas suivie d’un réel changement au sein du fonctionnement politique français) et une monarchie déstabilisée (les dépenses publiques sont passées de 200 à 630 millions de francs de 1728 à 1788) ; ces trois points principaux vont déclencher en 1789 un mouvement de contestations qui va dégénérer en Révolution. Les États Généraux sont alors convoqués par le Roi à partir du 5 mai 1789. C’est de là que part l’origine de la Gauche politique : après de longues discussions, le Tiers-Etats se proclame seul représentant de la Nation et se déclare « Assemblée Nationale » le 17 juin 1789. Toutefois, celle-ci se divise profondément en 1791 : le 17 juin, lors d’une manifestation contre le Roi, les soldats débordés fusillent une cinquantaine de manifestants. Les républicains se divisent alors en deux camps : les Jacobins (ceux qui veulent poursuivre la Révolution) et les Feuillants (ce qui veulent y mettre fin). Ces divisions politiques auront raison du nouveau souffle républicain. En 1792, Paris est prise d’assaut par des extrémistes : une dictature se met en place, avec comme dirigeants des personnalités telles que Robespierre ou encore Danton. Le clergé est massacré, des mesures de déchristianisation sont mises en place, et tout traître est pourchassé : le régime de la Terreur est mis en place. Cependant, ce régime s’atténue peu à peu, et le Directoire se met en place avec comme première mesure l’exécutions des membres de la Commune de Paris.

Ce qui est intéressant à constater avec l’épisode de la Commune, c’est son rapprochement avec ce qui viendra plus tard, à savoir le communisme : toutes les récoltes sont partagées, divisées, tous sont directement soumis au pouvoir central. On peut alors concevoir la Commune de Paris comme un véritable précurseur du mouvement communiste, marxiste du 20 ème siècle avec Marx, puis Lénine ou encore Staline.

Petit saut dans le temps, après la fin de la Seconde Guerre mondiale : après cet épisode chaotique, la gauche revient au pouvoir en 1981 avec François Mitterrand. Ne voulant pas toucher aux institutions, il se lance dans plusieurs mesures sociales telles que l’abolition de la peine de mort, la décentralisation du pouvoir ainsi que la relance économique qui se solde par un échec, entraînant la démission de Pierre Mauroy et le départ des communistes du gouvernement. Cependant, lors de son deuxième mandat en 1988, alors qu’il s’était tenu en 1981 de ne pas toucher aux institutions, sa première mesure est de dissoudre l’Assemblée Nationale, pour l’emporter de justesse (48 % des sièges) en s’alliant avec le centre. C’est aussi à ce moment-là, lorsque sa popularité est au sommet, que François Mitterrand créé le RMI et la CSG, règle la crise financière en Nouvelle Calédonie avec les accords de Matignon et nomme Edith Cresson Première ministre (qui remplace Michel Rocard). En 1991, la France s’engage dans la Guerre du Golfe, signe le Traité de Maastricht en 1992 entrant ainsi dans une nouvelle ère européenne. Ne se représentant pas en 1995, il est remplacé par Jacques Chirac.

La politique de François Mitterrand, en tant que représentant du Parti Socialiste, est marquée par son engagement dans la reformation de la société française et de ses mœurs. C’est sous ses mandats que la peine de mort, considérée aujourd’hui comme une mesure basique alors qu’à l’époque elle ne l’était pas, est définitivement abolie.

Aujourd’hui, avec François Hollande au pouvoir, représentant le PS, la situation n’est plus la même : le pays dans la crise, les mesures que prend le Président doivent répondre au besoin immédiat des français pour relancer l’économie. Sa mesure phare fut la taxe à 75 % pour les revenus de plus d’un million d’euros par an qui a cependant été refusée par le Conseil Constitutionnel en 2012. Ce refus marque un certain échec de la part du gouvernement dans la relance économique. Toutefois, sur le point de vue social, les réformes ne cessent de venir : le mariage pour tous, le prolongement de la trêve hivernale pour les sans-abris, retour partiel à la retraite à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans, la revalorisation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire… Sur le point de vue intérieur, malgré un certain échec économique, le Président François Hollande continue sur la voie de François Mitterrand sans volonté de reformer la société française dans ses mœurs. D’un point de vue international, son mandat fut notamment marqué par l’opération Serval au Mali, luttant ainsi contre l’instauration d’un régime islamiste. Cette opération fut saluée par une grande partie de la classe politique française, ainsi que par d’autres pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou encore l’Allemagne.

On peut ainsi constater que la gauche, au cours des siècles, a conservé sa volonté primordiale de renouveler les mœurs. Toutefois, ce que l’on peut largement constater est l’arrêt de la radicalisation de la gauche depuis l’épisode de la Commune. La gauche s’est divisée, les modérés sont majoritaires face aux extrémistes. Bien qu’aujourd’hui l’intérêt premier soit plutôt porté à la relance économique, les mesures sociales restent un point important à ne pas négliger dans la politique socialiste de ce dernier siècle, voire de cette dernière décennie.

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