Josh Homme est un homme prolifique. Mais il faut croire que tout le monde a parfois l’angoisse de la page blanche. Il n’est évidemment pas question ici d’un livre, mais plutôt d’une portée : la création de cet album, six années après le précédent Era Vulgaris, s’est faite dans la douleur si caractéristique de la mise au monde d’un bébé.
En sortant d’une expérience proche de la mort après une opération chirurgicale qui a mal tourné, Homme ne semblait pas capable de s’atteler à un nouvel album, se considérant dans un trop gros « brouillard ». L’homme qui a donné naissance au stoner rock aurait-il atteint ses limites ? Poussé par ses camarades de jeu, il s’attaque à la composition, et s’entoure de nombreux collaborateurs. Parmi eux Trent Reznor, (Nine Inch Nails), Alex Turner (Artic Monkeys), ou encore Dave Grohl (Foo Fighters) qui signe son retour dans le groupe derrière les fûts. S’ajoute à eux l’excellent Sir Elton John. Ce dernier souhaitait ajouter une vraie « Queen » au groupe si bien nommé.
Le groupe s’est amusé à faire patienter les fans en leur offrant des indices fréquemment. Lettres cryptiques, vidéos au graphisme bien particulier, un vrai teasing en bonne et due forme. Sort donc le 3 Juin 2013 le dernier opus des Queens of the Stone Age : … Like Clockwork.
Si chaque chanson peut s’apprécier une par une, c’est dans l’ensemble qu’elles sont le plus efficaces. En ouvrant l’opus avec « Keep Your Eyes Peeled », le ton est donné. Sombre, lourd et bien à l’image de l’état d’Homme lors de la composition. Cette ambiance annoncée, on la retrouve encore dans « The Vampyre of Time and Memory », balade mélancolique. « My God is The Sun », premier single paru, qui précède la sortie du disque, accompagne « If I Had a Tail » ou « I Sat By The Ocean » dans un genre plus entraînant. Mention spéciale pour « Smooth Sailing », petit bijou dans un album de qualité. Nostalgiques du Queens of qui vous a fait danser ? Vous avez trouvé le titre qui vous conviendra, groovy à souhait, avec cette touche de la période Era Vulgaris, dans ses meilleurs moments. A noter en particulier également l’enchaînement « Fairweather Friends » – « Smooth Sailing » – « I Appear Missing », qui ne pourrait pas être mieux fait.
Venons-en aux participations des différents invités de l’album précédemment mentionnés. Provenant de groupes aux influences très variées, allant de la pop rock des Scissor Sisters à l’industrielle de Nine Inch Nails, chacun y met sa patte. Sans être trop présent, mais en se faisant entendre tout de même, les amis du groupe ajoutent à chacun des morceaux. On pourrait croire que cette avalanche de collaborateurs dénaturerait l’album, mais c’est bien Josh Homme qui dirige le tout. Véritable chef d’orchestre, il a su offrir à tous une opportunité de prendre leur place. Et le résultat est là : un album qui fait vibrer. On est loin d’un Song for the Dead brutal, ou d’un Era Vulgaris plus commercial, mais on découvre un Queens of the Stone Age qui a mûri.
Pour les plus avides d’entre vous, la rumeur court qu’un nouvel album serait déjà en préparation. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. L’attente a duré six ans pour cet album, il ne reste plus qu’à espérer qu’elle sera moins longue pour le suivant.