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Festival Annecy 2013 – Entre lac et montagnes

Annecy, ville qui m’était inconnue, accueille comme chaque année, pour sa 37ème édition, le fameux Festival International du Film d’Animation.
Un festival en plein essor aux dires de certains bénévoles, pluvieux aux dires des autres.
Récupération des sacs, des accréditations, d’un verre Donjon de Naheulbeuk, un pavé “Officiel” et son petit frère “L’essentiel” pour s’y retrouver et quelques feuilles volantes de pub qui s’avéreront très pratiques.
Le festival d’Annecy, c’est de la pluie certes (elle est déjà là) mais c’est aussi et surtout des traditions. Le public est joueur, la plongée en enfance doit être totale. Avant la séance,  il faut s’occuper : les premiers avions en papier volent (ou s’écrasent). Et de temps en temps, un(e) lanceur(se) a du talent et atteint la ‘scène’ devant l’écran, c’est le tonnerre d’applaudissement.
Après un “Ta gueule” parce que dans la salle il va faire tout noir, deux génériques : celui des partenaires, où il faut trouver le Lapin et celui de l’Ecole des Gobelins, différent chaque jour.

Neuf longs-métrages en compétition, de tous horizons ; La France ouvre le bal avec Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill. Après une introduction remplie d’humour et d’anecdotes menée par Marc Boréal, le réalisateur et Thibaut Chatel, producteur et réalisateur, le long-métrage commence. Animation jouant la simplicité, on retrouve nos grandes occupations des cours de récréation : jeu de billes, corde à sauter, élastique etc. Adressé surtout à des enfants, le propos flirte avec un manichéisme facile et prévisible, dommage.

Pause hors compétition :  It’s such a Beautiful Day de Don Hertzfeldt. Réussir à créer autant d’émotion par le biais de personnages simplissimes dont les traits sont au crayon à papier vivant à l’intérieur de petites bulles nuageuses façon bande dessinée, chapeau. Le propos était très intime et par son personnage, le réalisateur essaye de comprendre sa vie, sa psychologie. Le seul gros problème de ce film, c’est qu’il est en Anglais. En anglais non sous-titré, résultat, trois quarts de la salle n’avais qu’une phrase à la bouche en sortant : “franchement, ça avait l’air bien, mais j’ai dû capter un quart de ce qu’il racontait…” . Tant pis, ce fut quand même un beau voyage visuel, entre le rêve et le cauchemar où les ruptures de rythmes pouvaient surprendre les stressés ou réveiller les assoupis.

L’Inde prend la suite avec Arjun, The Warrior Prince. Une narration élégante même si traditionnelle ; contant la jeunesse d’Arjun, un des cinqs frères Pandava et inspiré de la littérature classique indienne, Arnab Chaudhuri nous offre un film d’animation rythmé entre batailles en crescendo et histoires de famille à en revendre. L’incohérence de l’animation était en revanche, très décevante. Visages et   corps anguleux dans un décor à la Claude Monet, cette rupture est violente. Il ne sera certainement pas distribué en France, mais si l’occasion se présente, découvrir un classique de la culture indienne est surprenant !

Fernando Cortizo prend le relais pour l’Espagne, et le passage de témoin se fait avec brio. Sur le chemin de St Jacques de Compostelle, un village semble habité par le diable en personne.  Notre héros, tout juste sorti de prison, souhaite découvrir les voies de la liberté. Malheureusement, les touristes passant à proximité risquent de se faire embarquer par un faux pèlerin : c’est le sort qui l’attend. Ce joyau de Stop Motion, proche de l’univers de Tim Burton, a remporté le prix du public !

La France revient avec Jasmine de Alain Ughetto. Lors de son petit discours avant la séance, il met l’accent sur un mot : sensualité. En effet, après une série d’images d’archives sur la révolution iranienne en 35mm, la caméra et ses objectifs macros nous emmène au cœur de la pâte à modeler jaune et bleu et de son modelage, pour un documentaire étonnant raconté par  de Jean Pierre Darroussin et sa
voix chaleureuse. La technique est pourtant très présente, aux côtés de la sensualité, comme pour nous rappeler que ce n’est pas de la fiction.

L’Afrique du Sud est présente, en forme et avec une intrigue originale : Khumba, un zèbre parmi ses confrères rayés, naît … demi-rayé.
Anthony Silverston et ses techniciens ont construit une œuvre à la texture épatante en 3D, des dialogues bourrés d’humour et de références à l’apartheid : l’éloge de la différence sous couvert de second degré, un bon moment même si le calibrage scénaristique est bien commercial. Un futur succès public ?

Luiz Bolognesi, lui, nous raconte l’histoire de son pays et de ses révolutions à travers les siècles, en réincarnant toujours le même couple. Moins dynamique que Cloud Atlas  des Wachowsky, sa construction est semblable : on ne s’ennuie pas. Le Brésil s’impose alors avec Uma História de Amor e Fúria : il gagne le cristal du festival.

Bersek -The Golden Age arc II : The Battle for Doldrey représente l’Asie. Appartenant à une trilogie et en se basant sur un trio amoureux , ce film d’animation ultra-violent semble se donner un prétexte pour faire gicler le sang et les tripes : il plaira aux amateurs de mangas quand même !

En soirée, le festival Off d’Annecy en partenariat avec Carnet d’Art accueillait le public gratuitement pour un plateau télé avec projections de courts métrages de grande qualité qui seront certainement accueillis au IN dans les années qui arrivent, des concerts variés, des rencontres plutôt étonnantes comme celle de Frédéric Courant et la petite touche sympa : des verres de bonbons offerts !

Malgré une tendance à la modestie depuis le début du festival où le costume est plutôt coloré et manches courtes, les États Unis présentent Legends of Oz : Dorothy’s Return (une suite du magicien d’Oz) en costards et lunettes aviators. L’intention était sûrement de nous donner un avant-goût de leur long métrage : aussi bling-bling que leurs lunettes, leur travail a fait sortir plus d’un de la salle. Après une dizaine de chants plus insupportables les uns que les autres les applaudissements étaient … discrets.

Une co-production européenne  ferme le rideau avec une nouvelle adaptation de Pinocchio ! Plein de couleur et de sonorités italienne, Enzo d’Alo nous raconte à sa façon ce conte célèbre. Un régal pour les yeux et les oreilles, une dernière séance ensoleillée !

Un festival animé, une ambiance décontractée et un panorama de ce qu’il se fait à l’internationale en termes d’animation : à faire et à refaire, sans aucun doute.

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