CINÉMA

Bling Ring de Coppola

Ce film, qui signe le retour d’Emma Watson (Hermione dans Harry Potter) dans un film pour la jeunesse, était assez attendu. Partant d’un fait réel – une bande de jeunes américains qui a pillé les maisons des plus grandes stars de Hollywood – ce film est assez intrigant et peut donner envie. Sofia Coppola, la réalisatrice, s’est inspirée d’un article publié dans Vanity Fair, “Suspects Wore Louboutins” (« Les suspects portent des Louboutins ») écrit par Nancy Jo Sales ; on ne peut donc pas critiquer le peu de crédibilité du scénario car aussi incroyable que cela soit, rentrer dans une maison de milliardaire peut s’avérer plus facile qu’on ne le pense ! Mais il y a un léger problème : entre ce que l’on attend et ce qui nous est donné à voir ça ne colle pas du tout ! Concrètement on nous met devant les yeux le « sex, drog and rock’n’roll » habituel avec l’adulation de l’argent et du luxe en prime. On nage dans les stéréotypes des ados qui sont raides dingues de tous les accessoires de luxe que peut avoir Paris Hilton, entre autres, qui ne rêvent que d’une chose, avoir la même vie qu’elle ou ses fringues et sa maison, et même son chien ( !). Durant une heure trente on voit donc des plans où les maisons plus « villa » les unes que les autres défilent. On observe donc minutieusement tous les « trésors » qu’elles peuvent contenir. Alors certes c’est magnifique mais quelque peu rébarbatif … Autant dire que ça peut avoir quelques longueurs !  En somme, être ainsi enfermé dans ce cliché américain, du grandiose et de l’argent a tendance à déplaire.

Même le jeu d’acteur est vraiment illusoire ; en fait il n’y en a pas, ou du moins aucun de convaincant … On ne peut pas s’identifier un tant soit peu aux personnages, ni même cerner leur réelle motivation. Mais pourtant Emma Watson sait jouer et on peut en témoigner, et Sofia Coppola n’est pas habituée à de tels sujets qui ne restent que superficiels, y aurait-il alors un sens « caché » ?

On peut en effet penser qu’elle dénonce ainsi l’enrôlement des médias, d’abord qui font croire aux jeunes gens que c’est là la « vraie vie » et qu’ils doivent en rêver, même si c’est au point de cambrioler. D’autre part, tous ces délits sont rendus possible après simplement quelques clics sur les réseaux sociaux et Google : adresse, emploi du temps, Google Earth pour repérer l’entrée, tout y est révélé … De la même manière elle pointe sans doute la futilité de leur désir adolescent. C’est une manière de creuser l’idée de la frivolité et de l’insouciance de l’adolescence. On voit bien ici que la vanité surpasse le reste, à tel point que confondre deux personnages entre eux n’a pas énormément d’importance pour l’histoire. La volonté de plaire, l’importance du paraître dépassent largement le reste. Une fois qu’ils ont volé, ils imitent jusqu’aux comportements des stars, dans leurs soirées ou dans la rue. Par exemple leurs démarches en ville se font pleines d’une fierté nouvelle liée sans doute au sac Chanel qui pend dignement à leur bras.

Alors certes le fond est en ce sens bon et réfléchi, mais encore faut-il avoir le recul nécessaire pour le voir – ou le chercher. Seule la bande son est vraiment esthétique, pour le reste regarder un magazine de mode ou de scoop aurait suffi. A vous de voir, si votre curiosité l’emportera pour aller voir comment cinq jeunes se sont débrouillés pour s’immiscer dans la vie et les propriétés de la luxueuse élite hollywoodienne.

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