CINÉMA

Oblivion ou une nouvelle terre outragée

120 millions de dollars de budget et Tom Cruise à l’affiche, on comprend vite que c’est un blockbuster que nous offrent les salles obscures depuis le 10 avril 2013. Derrière la caméra, on retrouve Kosinski, réalisateur de Tron l’Heritage mais surtout infographe de formation, ça promet déjà visuellement. Il adapte ici sa propre nouvelle : Oblivion.
La recette marche, bientôt un million de paires de pupilles l’ont adoré, détesté, admiré ou entrevus. Bref, ça fait déjà un paquet de monde en moins d’un mois.
Alors il y a toujours ce mystère du succès que l’on aimerait comprendre. Tout ces chiffres sont-ils le résultat d’un mélange calculé ou le film mérite-t-il cette attention ?
Alors on se pointe dans un cinéma où il paraît naturel d’aller voir une production pharaonique : l’UGC Confluence. Et pour finir de bien se mettre dans le bain, on a droit à la bande annonce d’Iron Man, de ses partenaires CitronMan and co.

Le film s’ouvre sur une description en off de l’état de notre globe en 2077 – vous l’aurez deviné, Oblivion, c’est de la science-fiction – et ce n’est pas très joyeux. Tout a été dévasté dans une guerre contre des extra-terrestres, la population a été évacuée sur Titan, un satellite de Saturne, la Lune est à moitié détruite : l’espoir de vie est bien poussiéreux.
Il reste pourtant Jack Harper (Cruise doit avoir un faible pour ce prénom) en super-technicien pour R2D2 têtus et Vika, campée par Andrea Riseborough, belle rousse aux yeux bleus dont la froideur dérange. Ensemble, chaque jour est un “nouveau jour au paradis” et ils forment une “bonne équipe” …
L’histoire est plausible, on plonge. Mais si l’on a pas vu la bande annonce, l’impression qu’on a plongé sous la glace et que le film patine est désagréable. Désagréablement réussi, puisque l’ambiance ultra-froide et clinique des premières minutes sert le propos et offre un contraste avec la suite : l’arrivée de Julia, interprétée par la sensible Olga Kurylenko et clé du passé de Jack, réchauffe le tout. Un passé qu’ il va essayer de comprendre. “Pour le bien de la mission” ses souvenirs ont été effacés : seul un fragment de sa mémoire est immortel. Il se rend vite compte que son combat est le mauvais : comme une impression de déjà-vu dans les films du genre, il se met du côté de la Résistance menée par un Morgan Freeman aux éternels cigares. Le film démarre enfin, sur le rythme des compositions de M83, de plans toujours plus vertigineux et spectaculaires et de poursuites entre drones et “Techoptère” en forme de clin d’œil à la Guerre des Étoiles. Une dimension romantique au milieu des machines, le paradis d’un cratère et une trinité spatiale et diabolique, le récit joue dans la cour des contrastes. L’ensemble pimenté de l’omniprésence d’un œil rouge aux airs de HAL et d’une nébuleuse de références à 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, l’œuvre hésite entre deux quêtes : celle du héros et celle du spectateur.

Finalement Oblivion n’est pas à oublier : deux heures qui réjouiront avertis et padawans du genre.

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