CINÉMA

Portrait : Juliette Binoche

Juliette Binoche a une filmographie impressionnante, remplie de rencontres avec de grands cinéastes tels que Jean-Luc Godard, André Téchiné ou Michael Haneke pour ne citer qu’eux. Elle a beaucoup tourné depuis son premier film en 1983, en France ou à l’étranger, allant même jusqu’à remporter un Oscar du second rôle pour Le Patient Anglais. C’est une grande artiste internationale mais qui ne fait pourtant pas l’unanimité. Portrait d’une anti-star au parcours fulgurant et à la filmographie bien remplie.

Ce mois-ci elle interprète Camille Claudel dans le film de de Bruno Dumont et elle est, paraît-il, formidable. Une fois de plus, elle arrive à mettre la critique de son côté et à faire l’unanimité tant son interprétation est forte et remarquable. Ce n’est pas la première fois. Elle est l’une des seules actrices à avoir remporté un Oscar, un César, un Prix d’interprétation à Cannes, un autre à Venise et encore un à Berlin. Cela illustre parfaitement son statut particulier de star internationale mais qui tourne des « films d’auteurs » et qui assume son statut « d’anti-star ». Loin des grosses productions, elle tourne tout de même de grands films qui marquent le cinéma et sa carrière.

On peut considérer qu’elle a été gâtée. Deux ans seulement après son premier film elle tourne pour Jean-Luc Godard et André Téchiné. Un an plus tard elle tourne pour Leos Carax. Vient alors la consécration internationale, en 1988 avec L’insoutenable légèreté de l’être aux côtés de Daniel Day Lewis. Elle interprète sa femme, Tereza, pendant le Printemps de Prague. Le film est un réel succès et les deux acteurs triomphent. Elle continue sa carrière, sans se poser de questions mais en suivant son instinct.

On dit souvent d’elle que c’est est une actrice intellectuelle à cause de ses rôles dans des adaptations littéraires : elle tourne Les Hauts de Hurlevent par exemple. C’est une actrice aux grands rôles romantiques, comme pour Le Patient Anglais ou Le Chocolat. Elle aime ces rôles, comme celui qu’elle a dans Copie Conforme et qui lui vaut un prix d’interprétation à Cannes. Elle aime porter à l’écran ces femmes au destin compliqué, parfois tiraillées entre deux vies qui lui tendent la main. C’est aussi une actrice sincère, qui interprète les rôles qu’elle se sent capable d’interpréter, ou les rôles qui lui lancent un défi. C’est aussi une actrice capable de décliner une proposition de Steven Spielberg même si cela lui permet de remporter son unique César.

Pourtant c’est une actrice qui énerve souvent le public. A cause de cette sincérité notamment. Elle ne se cache jamais, elle est toujours elle-même, capable de pleurer lors des cérémonies ou de rire à grands éclats lors des interviews.  Alors elle énerve, Depardieu va même jusqu’à dire qu’elle n’est « rien » et qu’il ne comprend pas pourquoi elle est estimée depuis tant d’années. Peut-être simplement parce qu’elle n’essaye pas d’être une autre, parce qu’elle dit ce qu’elle pense, pourquoi elle admire certaines personnes. Parce qu’elle joue ce qu’elle a envie de jouer, ce qu’elle est capable de jouer. Parce qu’elle n’essaye pas de se grandir elle-même en rabaissant les autres. Parce qu’elle est humble et qu’elle a du talent. Il a peut-être une leçon à prendre …

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