L’histoire débute à Rennes, la musicale. A l’heure où l’on assiste à l’éclosion d’une génération musicale rennaise donnant un nouveau souffle à la musique française, avec O Safari, les Wankin’ Noodles, les Superets ou encore Juveniles, la touche pop de The Popopopops (nom à ne pas écorcher d’une syllabe) se forge naturellement une place au sein de cette ville -labo. Mais si leur premier album n’est sorti que cette année, le quatuor rennais existe lui depuis 2007 et a su se construire et se faire connaître par son charisme scénique depuis les Transmusicales de Rennes, au Zénith en première partie de Pony Pony Run Run en passant par l’Eurosonic ou les scènes européennes et internationales. Ils se forgent ainsi une réputation qui leur permet de décrocher par exemple le prix CQFD des Inrocks.
S’ils ont mis cinq longues années pour nous combiner un premier album, on n’en n’est pas déçu au regard du résultat. On sent l’influence de la pop britannique des eighties mais aussi de Foals dans cette symbiose entre pop et rock. Mais nos rennais chantant dans la langue de Shakespeare, se détachent de cette étiquette pop pour nous offrir une influence large et variée qui colore leurs morceaux d’une alchimie désarmante. Leur structure est fondamentalement pop mais ils l’agrémentent de touches rock, électro voire parfois de hip-hop. Ces mélanges ambitieux offrent ainsi une réelle cohérence en maintenant un fil rouge entre chaque morceau au milieu de cette alchimie. Si cet album dispose de moins de charisme que leurs performances scéniques, il possède néanmoins de réelles qualités et des pépites qu’il nous reste à examiner.
L’album débute avec My Mind is Old, titre parsemé d’échos orphéoniques lancinants La touche mélodique et envouteuse se mêle à une guitare qui rythme les chœurs. Le gimmick enivrant fait de ce morceau une belle mise en bouche. Cette amorce découle alors sur Pure, le premier single de l’album. On y note une réelle énergie permise par des riffs de guitare qui donnent de la consistance au morceau. Hypnotise Me apporte alors une douceur hypnotisante (oui, oui comme le titre) permise par de subtiles touches électroniques. On a une élasticité qui repose et qui détend, accompagnée d’une voix sensuelle et envoûtante. On sort alors de ce calme avec Healing et sa sirène incessante. Ce morceau signe une réelle réussite avec une parfaite rythmique, des explosions symphoniques et d’envoûtants effets de synthé qui se fondent dans un refrain semblant interminable. Sign qui suit nous rappelle alors les riffs de guitares alambiqués que l’on trouvait déjà dans Pure, donnant une énergie soignée à la track. Vient alors le morceau qui vient peut être briser l’harmonie de cet album. Cross the Linea quelque chose qui dérange dans sa carrure un peu trop dansante et actuelle pour un album qui mise sur la recherche musicale. Mais cette relative incohérence s’oublie rapidement avec Text Me Call Me et sa prestance rap. Le flow furieux et brut se fond dans une mélodie pop-rock et nous assure encore une fois leur créativité .Wavelenght apporte alors avec élasticité une touche électronique alliée à une présence de chants scandés. Gesundheit, morceau au titre aussi étrange que le précèdent, amène une touche nouvelle en mêlant la résonance de la guitare à des touches électro surprenantes et pétrifiantes. Avec The Waiting ou FAM, l’album se perd dans une certaine longueur (comme le nom du groupe) certes avec beauté mais contrebalançant avec la première partie de l’album qui nous avait tenu en haleine. L’album se termine alors sur une touche peut être un peu trop énergique mais de qualité avec l’énergie dubstep et le hip hop de R’n’R.
Finalement, même si ce premier disque demeure parfois trop propre, ce qu’on retient c’est la très bonne exploration musicale. Les Pops, c’est un voyage pour l’ouïe, où l’on part d’un son de base Pop pour étayer ensuite tous les styles musicaux. Et cette errance mûre au sein d’une belle pop hexagonale vaut le détour et dévoile encore avec brio que la pop française rayonne et baigne dans une singulière créativité.