Si en juin dernier une polémique avait éclaté dans le monde de la mode à propos du récent changement, par Hedi Slimane, du nom de la Maison de Haute Couture Yves Saint Laurent (ou YSL) en Saint Laurent, elle fut vite oublié quand le maître Slimane présenta la collection pour femme Saint Laurent P/E 2013 à la Fashion Week de Paris.
Le défilé se fait décor noir et très minimaliste. Quand la musique, rock, commence à gagner en intensité les premiers mannequins arrivent. Elles sont coiffées de capelines noires, et habillées de vestes étriquées et pantalons slim sombres, ainsi que de gros noeuds de mousseline noire. Slimane puise dans l’ADN de la maison et fait revivre la robe saharienne créée par Yves Saint Laurent à la fin des années 60, la rayure banquier au travers de smokings élégants et les manches gonflés de chemisiers en tissu transparent. Et quand alors que le noir semblait s’imposait dans tout le défilé, l’arrivée de mannequins vêtues de gandouras colorés vient contrasté cette collection qui donne un nouveau ton à la Maison : Saint Laurent se veut jeune, rock, élégante et désinvolte.
Pour la première partie de sa première campagne, Hedi Slimane choisi Julia Nobis qu’il photographie dans une série de somptueux portraits en noir et blanc où l’on découvre les nouvelles pièces de cette collection P/E 2013, tandis qu’Edie Campbell fut choisi pour être en couverture de la deuxième partie de la collection P/E 2013 avec le chanteur américain Beck.
Aussi, après un cliché assez mystérieux du torse tatoué de Christopher Owens pour la présentation de la campagne homme P/E 2013, c’est une collection de clichés eux aussi en noir et blanc de la mannequin Saskia de Brauw qui est dévoilée.
Slimane travestit ainsi la jeune femme pour lui faire aborder un look de jeune homme élégant, androgyne, ravivant le smoking cher à Yves Saint Laurent. Pour la pré-collection A/E 2013, le directeur artistique de la Maison a choisi Sky Ferreira, une délicieuse chanteuse et mannequin américaine qu’on a pu apercevoir dans la campagne de publicité de CK ONE, un parfum Calvin Klein. La nouvelle égérie féminine de Saint Laurent apparaît dans une série de portraits sensuels en noir et blanc, visiblement la signature d’Hedi Slimane, avec les nouveaux produits de la marque notamment en dentelle ou en cuir.
Visiblement, Hedi Slimane a su donner un nouveau souffle à la Maison parisienne, mais si cependant aujourd’hui les initiales YSL font à nouveau polémique c’est à cause du création de la maison Yves Saint Laurent : Yves Saint Laurent. En effet, après deux versions de la Guerre des Boutons en 2011 et de la vie de Coco Chanel en 2009, ce serra donc deux versions de la vie du couturier vu par deux points de vues différents que nous verrons sortir en salle prochainement. L’une sera réalisé par Jalil Lespert et l’autre par Bertrand Bonello.
Dans le film de Jalil Lespert, ce sera l’excellent Pierre Niney qui incarnera Yves Saint Laurent. Si le nom de Jalil Lespert ne vous dit rien c’est qu’il ne s’agit pas d’un réalisateur très connu. Jalil Lespert a longtemps été un acteur habitué des seconds rôles, avant d’être nommé meilleur jeune espoir masculin aux Césars en 2001 pour Ressources Humaines de Laurent Cantet. Cependant, Jalil Lespert ne se fait pas remarquer et tombe un peu dans l’oubli en restant cautionné à des petits rôles. Mais en 2011 il réalise un film, Des Vents Contraires, du roman éponyme d’Olivier Adam. Très bien réalisé, le film ramasse un faible succès de la part du public et réalise seulement un peu plus de 300’000 entrées. Bientôt, Jalil Lespert serra donc de retour avec un film sur la vie d’Yves Saint Laurent (ici incarné par Pierre Niney) et de son compagnon, l’homme d’affaire français Pierre Bergé (Guillaume Gallienne), avec Charlotte Lebon dans le rôle de Victoire Doutreleau. Le film dispose du soutien et de l’accord moral de Pierre Bergé qui a notamment déclaré : “On m’a souvent proposé de faire un film de fiction sur Yves et moi-même. Je n’avais jamais été convaincu des différents projets. Jalil Lespert est venu me voir avec sa sensibilité, son enthousiasme, sa vision créatrice, j’ai vite compris que j’avais face à moi le réalisateur capable de raconter cette histoire”.
Le biopic sur Yves Saint Laurent est signé par Bertrand Bonello, qui s’était fait remarqué au Festival de Cannes en 2011 avec son long métrage L’Apollonide. Le scénario est lui aussi assuré par un grand monsieur, Thomas Bidegain, qui est l’auteur du scénario d’Un Prophète, Grand Prix du jury à Cannes en 2009, ou plus récemment de De Rouille et d’Os de Jacques Audiard. Bonello souhaite mettre à l’écran l’époque 1965-1976, dix années qui marquent l’histoire du couturier et l’histoire de la mode, puisque Saint Laurent renverse les codes, crée un basculement. Et pour incarner YSL, le réalisateur a choisi Gaspard Ulliel. L’acteur change, il apparaît aminci sur une des premières photos du film. Quant à l’acteur qui devrait incarner Pierre Bergé, Bertrand Bonello aurait choisi Jeremy Renier. En revanche, on sait que le film serra produit par Luc Besson.
Décidément la guerre du biopic est déclarée. Depuis le succès de La Môme, avec Marion Cotillard et réalisé par Olivier Dahan, le biopic est devenu un genre “bankable” et à concours, comme on pu le prouver récemment La Dame de Fer ou Lincoln. Ici, la lutte oppose Bonello, soutenu par Besson, qui risque de devenir un “blockbuster”, à Lespert, appuyé par Pierre Bergé, qui, on l’espère, nous proposera un film plus intimiste sur la vie du couturier.