Il y a quelques semaines, quand le temps était gris et que nos salles obscures ne nous proposaient pas des films très joyeux, une petite perle de bonheur est arrivée sur nos écrans : Happiness Therapy de David O. Russel, ou Le manuel pour voir le bon côté des choses d’après son titre original (Silver Linings Playbook).
Tout démarre avec un ex-prof d’histoire, Pat, qui a découvert sa « bipolarité » après avoir disjoncté en prenant sur le fait sa femme et son amant. Sortant de l’hôpital psychiatrique au début du film, il va tenter de reprendre sa vie en main, et, surtout, de faire lever l’injonction posée par sa femme pour repartir d’un bon pied avec elle. Il va rencontrer sur sa route Tiffany, une jeune veuve devenue dépressive : les deux personnages, volontairement ou non, deviennent inséparables. Joués par Bradley Cooper (bien mieux dans ce rôle que dans ses films d’action ou dans les Very Bad Trip) et Jennifer Lawrence (qui montre bien qu’elle est capable d’autres choses que les Hunger Games), ce couple nous emporte dans ses tourments, ses émotions et aussi dans sa joie de vivre qui grandit tout au long du film. Couple, j’ai dit couple ? Eh bien oui, Happiness Therapy est une histoire d’amour pas comme les autres. Au lieu de vouloir lier deux personnes que tout oppose, ici ce film trouve son romantisme dans la pathologie commune de ses deux héros qui semble rendre impossible leur rapprochement. On a donc droit à des scènes de joggings agrémentées d’engueulades, de discussions sur les effets secondaires des différents médicaments psychotropes, de céréales au dîner au restaurant, etc, comme on dirait, c’est très « festif ». Et puis il y a la danse, aussi, qui va rythmer la plus grande partie du film jusqu’au final en beauté pour notre plus grand bonheur tant il fait passer d’émotions.
A côté de cette trame centrale, on a le père de Pat (joué par Robert de Niro, bien dans son rôle) supporteur très parieur de football américain avec des tocs énormes qui le poussent à croire que telles ou telles choses entraînent la victoire d’un match (la position de la télécommande, le mouchoir dans la main, ou, plus gênant, la présence de Pat devant le match…). On a aussi sa mère, interprétée par Jacki Weaver, touchante protectrice de son fils. Bref, un casting qui complète l’authenticité de ce film. Happiness Therapy a aussi droit à une photographie digne de ses deux héros : décalée, la caméra abuse de travellings et d’entrées dans le cadre surprenantes. Niveau son, des Whites Stripes aux Eagles of Death Metal, le film devient rock’n’roll avec le reste de la bande originale assurée par le génial Danny Elfman.
On pourrait tout de même regretter un côté trop lisse et prévisible de cette histoire, malgré les quelques rebondissements, mais l’attachement à Pat et Tiffany est tel qu’on n’a qu’envie de se laisser porter par cette histoire. La recette de ce film est donc du bonheur là où on ne l’attend pas et on sort du cinéma avec le sourire. C’est surement ça qui a dû plaire au grand public, avec son accueil très positif et unanime, mais aussi aux critiques, et surtout aux juges des prix cinématographiques. En effet, Happiness Therapy compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de prix à travers le monde, dont 13 remportés par Jennifer Lawrence en tant que meilleure actrice et de nombreux autres vantant aussi Bradley Cooper, la distribution et le meilleur scénario adapté (Silver Linings Playbook étant à la base un livre de Matthew Quick sorti en 2009). Ce film a aussi créé la bonne surprise à Hollywood avec ses 8 nominations aux Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleure actrice, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur scénario adapté, Meilleur montage), dont encore une victoire de la meilleure actrice pour Jennifer Lawrence, où il était l’un des seuls à défendre le genre de la comédie.
Alors, si vous avez le cafard, si les amours ce n’est pas trop ça en ce moment, si le soleil n’est pas là ou tout simplement si vous voulez vous faire plaisir et faire une thérapie de bonheur, alors filez voir Happiness Therapy tant qu’il est encore dans nos salles obscures !