CINÉMA

Césars et Oscars, le débriefing !

Le temps d’un week-end, nous avons eu le droit à deux des plus prestigieuses cérémonies du cinéma. Deux longues soirées pour récompenser le meilleur du cinéma français et le meilleur du cinéma américain. Retour sur ces deux évènements. 

Commençons par la Cérémonie des Césars. Tout a commencé avec le discours du Président de la 38e Cérémonie, Jamel Debbouze. Grand sourire aux lèvres, arborant un costume dont il semblait très fier, il nous a livré un discours fidèle à lui-même et donc très drôle. Il avait déjà la lourde tâche de ne pas nous décevoir, ce qu’il a réussi haut la main en nous amusant et en nous surprenant. Prenant au premier degré sa fonction de Président, il s’est amusé à reprendre l’anaphore présidentielle de François Hollande et à constituer un Gouvernement avec Samir Nacéri à la Justice, Gérard Depardieu aux Affaires Etrangères et au Tourisme et Vincent Maraval aux Finances et à l’argent. Avec ce gouvernement nous étions prévenus, les deux cibles préférées de toute la soirée étaient annoncées. Entre Debbouze et De Caunes, le jeu était de se moquer des récentes affaires qui avaient touché le cinéma français. De Caunes justement présentait pour la 9e fois la Cérémonie, impeccable, drôle et satirique, à son habitude. On peut lui reprocher son manque d’originalité pour son entrée qui était calquée sur celle de l’année dernière. A part cela, rien à redire. Il a raillé les uns et les autres toute la soirée et a affiché une belle complicité avec le Président, qui avait fait installer, pour l’occasion, un téléphone rouge, afin d’imposer ses vues sur la « dernière cérémonie libre des Césars ».  La cérémonie donc, était divertissante, même si elle a connu un sérieux passage à vide vers 22h. On a eu aussi du mal à comprendre si l’humour moqueur à propos des dernières cérémonies était un moyen de nous divertir ou de se dédouaner de ces affaires un peu embarrassantes. Sûrement un peu des deux …

Mais le problème principal de la cérémonie fut le palmarès. Il a été sans surprise. On s’attendait à une victoire d’Amour, on l’a eue, par K.O. Le film a raflé les principales récompenses : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur acteur, meilleur scénario. Un palmarès classique, une sorte d’hommage aux grands noms du cinéma qui portent le film, mais un cruel manque de surprise. Cependant, cela valait le coup d’attendre ce beau moment où Emmanuelle Riva a eu le droit à une standing ovation et  son discours fut par la suite touchant et émouvant. Il a duré plusieurs minutes, mais ni Jamel Debouzze, ni Antoine De Caunes n’ont tenté de l’arrêter par un quelconque procédé humoristique. Comme De Caunes l’a dit pour le César d’Honneur de Kevin Costner, « la classe internationale » pouvait tout à fait correspondre à Emmanuelle Riva. Autre beau moment, le César d’Honneur. Un discours sincère de Michel Hazanavicius d’abord, puis le discours de Kevin Costner, visiblement très touché.

Par ailleurs, De rouille et d’os a réussi à arracher 4 Césars, c’était presque inespéré pour l’habitué de la cérémonie qu’est Jacques Audiard. La seule surprise a peut-être été Le prénom, qui avec deux Césars pour ses seconds rôles a permis à une comédie de s’imposer, ce qui est (trop) rare. Un palmarès sans réelles surprises donc, qui a laissé bredouille Camille Redouble, qui détenait le plus grand nombre de nominations. Noémie Lvovsky repart une fois de plus sans rien, mais cette année cela est d’autant plus cruel qu’elle avait 13 chances de victoires. Soirée amère donc pour elle. Soirée divertissante, parfois touchante mais sans surprise pour nous.

Le 24 février s’est ensuite tenue la cérémonie des Oscars. Il été plus que jamais difficile de prédire qui gagnerait quoi, sauf dans quelques catégories qui étaient sans réel suspense. Ainsi Anne Hathaway a remporté l’Oscar du Meilleur Second rôle féminin et Daniel Day Lewis a remporté l’Oscar du Meilleur Acteur pour Lincoln. Il entre ainsi dans la légende en étant le premier acteur à remporter trois Oscars du meilleur acteur. Il s’est fendu d’une petite plaisanterie en avouant qu’avec Meryl Streep ils avaient échangé leurs rôles il y a trois ans, car il devait incarner Margaret Thatcher et Streep était alors le premier choix de Steven Spielberg pour Lincoln. Beau moment donc lorsque ces deux grands acteurs étaient réunis sur la même scène. Pour le reste, il y a eu, il faut bien le dire, pas mal de surprises. Ang Lee remportant 4 Oscars pour L’Odyssée de Pi semblait tout de même impensable il y a encore quelques jours … Malheureusement il est le film qui a remporté le plus de statuettes dans la soirée, devançant Les Misérables, avec 3 Oscars. Ce qui peut paraître cher payé … Difficile à croire mais Lincoln et Argo repartent avec seulement deux Oscars alors qu’ils étaient les grands favoris et qu’ils sont considérés comme les meilleurs films de l’année 2012. Argo remporte tout de même l’Oscar du meilleur film, le plus convoité, et décerné cette année par Michelle Obama, en direct de la Maison Blanche. Là-dessus rien à redire, beau spectacle. Le très bon Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow ne repart qu’avec une seule statuette, celui du Montage, ce qui est décevant mais peu surprenant.  Jennifer Lawrence a remporté à seulement 22 ans le trophée de la meilleure actrice pour Happiness Therapy. Elle est la plus jeune lauréate de l’histoire des Oscars. Elle était considérée depuis quelques jours comme favorite, mais gagner aux Oscars pour une comédie relève toujours de l’exploit ! C’est aussi la preuve que l’Académie se modernise un peu depuis l’année dernière, et que la compétition est beaucoup plus ouverte. On ne récompense pas que les drames ou biopics désormais.  Magnanime, Lawrence a souhaité un bon anniversaire à Emmanuelle Riva qui fêtait ses 86 ans et qui rentre dans l’histoire des Oscars en étant l’actrice la plus âgée à être nominée. Le Django de Tarantino repart aussi avec deux statuettes, celle du meilleur scénario original, familière à Tarantino, car il est aussi tristement habitué à toujours être snobé par l’Académie pour un autre prix. Et l’excellent Christophe Waltz remporte l’Oscar du meilleur second rôle masculin, son deuxième, une fois de plus pour un Tarantino.

Enfin, la cérémonie était placée sous le signe de la musique. On a eu le droit à une belle prestation de Skyfall d’Adèle, qui remporte d’ailleurs l’Oscar de la meilleure chanson. On a aussi vu le casting du célèbre Chicago de Rob Marshall et on a assisté à une jolie prestation de Goldfinger pour honorer la franchise James Bond. Le présentateur de la cérémonie a fait son travail, livrant de bonnes blagues et se révélant sympathique et amusant, même s’il avait un peu trop tendance à rire de son propre humour … Belle cérémonie donc mais un palmarès pour le moins surprenant voire décevant. Mais un palmarès qui est aussi diversifié et qui ne sacre pas un seul film mais plusieurs, ce qui n’est pas non plus déplaisant. Ce qui montre aussi que le changement est en marche au sein de l’Académie. Deux années de suite, des acteurs gagnent pour une comédie. L’année dernière un acteur français, cette année une jeune actrice, qui a une belle carrière devant elle. Cette année l’Oscar du Meilleur Film ne va pas de pair avec celui du Meilleur Réalisateur, ce qui n’était pas arrivé depuis vingt ans. Espérons que tout cela n’est pas qu’une illusion.

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