LITTÉRATURE

La Terre du milieu revient en force !

 Le 12/12/12, cette date a des airs de perfection, n’est-ce-pas ? Et bien cela est encore plus vrai pour les cinéphiles et autres amateurs de Tolkien, puisqu’un nouveau volet de l’histoire de la Terre du milieu est annoncé à l’affiche des cinémas français ce jour-là. Intitulé ”Le Hobbit : Un voyage inattendu”, il retrace l’épisode précédant la fameuse quête de l’anneau par Frodon et ses compères, pour s’intéresser aux pérégrinations de ce cher oncle Bilbon Baggins, qui, entraîné dans une aventure folle par Gandalf le Gris, va se mettre en tête d’aider une compagnie de 13 nains d’Erebor à reprendre leur royaume usurpé par Smaug, le dragon Doré.

Peter Jackson, réalisateur du film

Pari risqué qu’a entrepris Peter Jackson en s’attelant fin 2011 à l’adaptation du premier roman rédigé par Tolkien concernant la Saga du Seigneur des anneaux. Après le succès mondial de la trilogie précédente, le réalisateur néo-zélandais arrivera-t-il à signer un nouveau chef d’oeuvre, ou bien est-ce l’épisode de trop ? La réponse ne tardera pas à se faire entendre !

Chronologiquement, Bilbo le Hobbit installe les fondements de la quête mythique de l’anneau maudit en s’immisçant dans l’histoire personnelle de Bilbon Baggins. Celui-ci, alors âgé d’environ vingt-cinq ans, se retrouve bien malgré lui membre d’une expédition aux allures d’épopée dont il ne ressortira pas indemne – le comble pour un hobbit qui, par nature, déteste les aventures et les imprévus de toutes sortes. Mais qu’à cela ne tienne, Tolkien, dont l’imagination subtile s’est amusée pendant pas moins de deux décennies à créer l’univers fantaisiste de la Terre du milieu, va bousculer la paisible vie de ce petit homme, ”un matin […] du temps où le monde était encore calme”, en faisant apparaître ”un vieillard appuyé sur un bâton”. Vous aurez reconnu le portrait de Gandalf bien sûr, mais Bilbo, lui, ignore totalement à qui il à faire, n’ayant entendu parler de ce magicien que par feu son père et n’en gardant lui-même que le souvenir de feux d’artifices ”parfaits”. Recrutant ”quelqu’un pour prendre part à une aventure” arrangée par ses soins, Gandalf va essuyer le refus catégorique du hobbit après qu’il lui a dévoilé son identité, source de fascination et de crainte pour ”des gens simples et tranquilles”. Forçant le destin, le magicien élabore donc un stratagème en marquant d’une croix la porte de la maison de Bilbo, y inscrivant en une langue commune aux brigands : ”Cambrioleur désire bon boulot, comportant sensations fortes et rémunération raisonnable”, ce message étant destiné aux treize nains qui cheminent à travers le Comté à la recherche de leur quatorzième compagnon promis par Gandalf. C’est abasourdi que le jeune Bilbo se voit dans l’obligation de recevoir ces étranges personnes qu’il ne connait ni d’Ève ni d’Adam et qui, dès l’heure du thé le lendemain de la visite du magicien, se pressent les uns après les autres à sa table, dévalisant de ce fait ses précieuses réserves de nourriture – qui a déjà regardé un épisode du SDA connait l’amour des hobbits pour la ”boustifaille”– et échafaudant de sombres plans d’assaut pour récupérer quelque trésor d’une montagne solitaire, gardée par le très redouté Dragon, Smaug. S’évanouissant à ces propos, Bilbo apparaît alors comme un piètre compagnon et, bien que soutenu par l’imposant Gandalf qui voit en lui on ne sait quelle force cachée, frémit dès lors que les situations deviennent obscures et dangereuses, ressassant en boucle dans son esprit ébranlé la phrase d’un des nains, ”ne reviendront peut-être pas”. Néanmoins le penchant vagabond hérité de sa mère, Tookienne, va s’éveiller progressivement et prendre le pas sur les angoisses irraisonnées de Bilbo, le poussant à quitter son ”gentil trou de hobbit” afin de parcourir le grand monde, à ses risques et périls. D’innombrables aventures vont alors se présenter le long du chemin bordé de rencontres imprévues et inquiétantes, plongeant tour à tour les nains, Bilbo et Gandalf dans des positions souvent extrêmes, où ruses et fourberies leur seront salutaires. Axé principalement sur la figure de Bilbo, ce récit met en lumière la personnalité ambiguë du hobbit, bien loin des représentations manichéennes souvent reprochées à Tolkien par ses contemporains. Ici en effet, les apparences sont trompeuses : dans l’être le plus petit se cache la plus grande bravoure, tandis que les nains au nombre de 13 passent le plus souvent inaperçus aux côtés de Bilbo, dont l’esprit s’aiguise devant des situations dignes des héros antiques, à combattre monstres et labyrinthes aussi bien mentaux que physiques.

Bilbo Baggins vu par Peter Jackson

Elfes, Nains, Hommes, Gobelins, Ogres et araignées géantes vont rythmer les allées et venues de cette étrange compagnie dans des paysages bien connu du lecteur ou du spectateur. Et que ceux qui n’avaient pas aimé l’obsession de l’anneau dans le Seigneur des Anneaux se rassurent : bien que Bilbo découvre effectivement ce précieux allié –qui l’aidera plus d’une fois– l’intrigue n’est pas uniquement condensée autour de ce motif !

Rédigé sur une période de dix ans, de 1920 à 1930, ce roman de formation, l’un des pionniers de la Fantasy moderne, ouvre le cycle de la Terre du milieu et de son histoire. Ainsi, s’arrêter au seul roman du Seigneur des anneaux n’est pas suffisant pour saisir l’univers de Tolkien, auteur prolixe qui aura consacré une grande partie de sa vie à l’écriture de ce monde parallèle, qu’il destinait au départ au simple plaisir de ses enfants. Cette saga, devenue aujourd’hui une oeuvre mondialement connue et furieusement en vogue dans ces temps où la réalité peut sembler terne, Maze vous propose grâce à elle d’oublier, l’espace d’un livre ou d’un film, comme il vous plaira, le monde réel, pour vous évader dans cet univers où la camaraderie et l’humour aident à traverser les pires épreuves et révèlent les êtres.

Maître ès lettres. Passionnée par la littérature et les arts | m.roux@mazemag.fr

You may also like

More in LITTÉRATURE