Ils sont de retour ! Avec leur 6ème album, The Second Law sorti le 1er octobre dernier, Muse est un vrai raz de marée avec sa place de n°1 et ses 130 000 albums vendus les deux premières semaines. 3 ans après leur dernier concert en France, le trio est revenu pour la grande première de leur tournée mondiale, dans le Sud de la France, à Montpellier. Les places s’étaient vendues comme des petits pains, la salle prévue pour 13 000 personnes était complète. Et nul n’a dû en sortir déçu tant ce show fut exceptionnel ! Live report d’une petite fan chez les dénommés Museurs.
Après plusieurs heures de route, me voilà devant l’Arena Parc & Suites à 13h30. Il y a déjà 10 mètres de queue devant les 7 portes de la salle et les MacDo et KFC du coin sont pleins de fans reconnaissables à leurs t-shirt à l’effigie du groupe. Certains sont venus d’encore plus loin que moi : Bordeaux, Lille, Strasbourg même, on dirait que la France est venue voir Muse ce soir-là. On s’installe et on attend. 17h30, ouvertures des portes assez tôt pour faire rentrer tout ce monde, j’attrape vite fait le meilleur gradin d’où j’ai pu voir l’immense fosse se remplir même dans les escaliers jusqu’au début de la première partie. Assurée par The Joy Formidable, on a eu un bon échauffement pour les oreilles avec leurs grosses guitares et leurs solos indéfinissables. Seulement, leurs chansons trop longues et le classique mauvais réglage son des premières parties ont fait qu’on a tous eu du mal à accrocher. L’impatience d’enfin voir Muse était palpable, une demi-heure après les lumières s’éteignent à nouveau : les voilà.
Sous les lumières rouges et la brume, on comprend : la scène en forme de demi-arène est en vérité bordée d’écrans géants avec une passerelle autour, de même pour les marches entre les différents étages de la scène (batterie de Dom/scène/avancée). Se mettent alors à résonner les premières notes de The Second Law : Unsustainable, intro logique comme je m’y attendais. Et voilà nos Muse qui montent sur scène le plus naturellement du monde, bien contrairement à leur tournée précédente. C’est l’hystérie dans le public, tous les gradins sont debout, les paroles connues sur le bout des doigts. J’étais moi aussi tellement à fond que j’en ai presque des trous de mémoire ! A suivi Supremacy pour un très bon échauffement de la voix poussée, criée. « Bonjour Montpellier ! » lance le pourtant peu bavard Matthew Bellamy. Interlude et on comprend une seconde fois : des écrans géants carrés descendent du haut de la scène jusqu’au-dessus de la batterie pour former une pyramide, ou le dessous d’un vaisseau extraterrestre selon le point de vue. Pas le temps de s’extasier sur la monumentale scène dans sa forme finale car l’Hysteria arrive, tube parmi les tubes, suivi du non moins fort Supermassive Black Hole qui s’écrivait sur les écrans en synchro et de Resistance. Waw. Je vous laisse imaginer l’état du public après un tel démarrage. Et les Muse étaient depuis le début des performers, Dominic Howards (batteur) cassait déjà ses premières baguettes, Matthew Bellamy (chanteur, guitariste, pianiste, etc) avait déjà dû faire 6 fois le tour de l’arène sur sa passerelle et Chris Wolstenhome (bassiste, voix), pourtant l’air plus réservé, s’était vite retrouvé sur l’avancé de la scène dans le public. Mais l’heure du retour au nouvel album avait sonné avec Panic Station, accompagnée d’aliens trompettistes et de monstres violets qui dansaient sur les écrans géants. Dans notre gradin on essayait de refaire la chorée de ses derniers pendant que Matt esquissait aussi deux petits pas de danse : un des meilleurs moments du concert. On s’est tous un peu calmés ensuite avec Animals et ses images illustrant la chute de la bourse. Les chiffres devenaient rouges, le sourire du trader disparaissait, cela en était presque inquiétant.
Rapide enchainement avec Monty Jam, un solo, ou plutôt jam, puissant de basse et de batterie. C’est à ce moment là qu’un piano est apparu de sous la scène. Matthew s’y est installé avant de commencer Explorers de The 2nd Law, enchainé avec Falling Down et Host qui n’avaient pas été jouées live depuis plus de 10 ans ! Moment calme mais poignant, dans les gradins certains s’asseyaient pour la première fois depuis le début du concert et d’autres, comme moi, étaient trop absorbés par la musique pour ça. La fosse s’était vite transformée en marée de bras mouvant tranquillement au rythme plus lent. Court a été notre « repos » car de suite après, le cultissime Time Is Running Out a explosé avec toute l’énergie du groupe. Pour continuer avec le côté « grosse guitare » de Muse, c’est Liquid State qui a été joué ensuite. Les fans le savent, cette chanson de leur dernier album est entièrement chantée par Chris qui l’a bien évidemment fait sur le devant de la scène. Sa voix et ses talents en chant sont certains, autant en live que sur disque. Et le moment de leur dernier succès est arrivé : Madness. En dessous de la lyrics video, notre charismatique leader chantait le nez collé à la caméra et l’effet produit était assez bizarre : c’était presque comme s’il dédiait la chanson à chaque personne du public. Après avoir jeté ses lunettes et posé sa guitare, Matthew courrait partout et sautait en rythme sur Follow Me, jusqu’à finir en bas de la scène à serrer les mains du premier rang tout en continuant Undisclosed Desires. Mais il fallait remonter sur scène et surtout à la guitare pour le puissant (et qui commence à dater) Plug In Baby. C’est aussi une de ces chansons où le public est complètement fou, cri les paroles dans un ensemble parfait, et de notre coté dans les gradins le sol tremblait. Petite pause et la scène se transforme en roulette de casino géante : case rouge pour New Born, case noire pour Stockholm Syndrome.
Et la boule s’arrête sur New Born, pour un moment encore très très chaud. La pyramide au-dessus d’eux ne s’arrête pas de bouger et, sans que personne ne s’y attende, finit par se poser sur scène, et sur le groupe ! C’est le premier « encore », pause pour les Muse mais par pour nous. Sur la pyramide maintenant dans le bon sens et au sol, s’affiche un court métrage apocalyptique sur la musique de The 2nd Law : Isolated System. Perturbant, quand on suit les paroles on finit par se dire que ce groupe est au courant de choses étranges, et que c’est bientôt la fin, comme cette fille que l’on voit courir vers sa mort à l’écran… Pour alléger l’atmosphère, les Muse sont de retour pour Uprising, sauf Dominic qui est caché sous sa pyramide. Mais on le retrouve vite fait sur les écrans dans son éclatante « version ninja » (oui oui !) en train de botter les fesses à des hommes chapeaux melons et parapluies dans un pur humour anglais : génial. La pyramide est ensuite remontée vers le plafond découvrant notre batteur… bel et bien changé en super-ninja ! Claquements de doigts et bouches qui chantent sur les écrans, voilà Survival, la chanson officielle des JO 2012. Elle est rapidement devenu un hymne, et tout le monde entonne la chanson jusqu’aux derniers « FIGHT ! » et « WIN ! » en levant le poing, même mon père ! On sait que ce sont les derniers moments et on en profite au maximum. Nos trois Muse partent… La fin ? Non ! Ils sont revenus sur l’air ultra-connu et reconnu de Starlight. Tout le public tapait des mains sur son rythme entêtant dans un ensemble parfait. Silence, et Chris à l’harmonica entame Man With A Harmonica, la BO de Il était une fois dans l’Ouest, avant que le groupe, toujours en forme, enchaine avec Knight Of Cydonia.
Cette chanson signifie la fin depuis la dernière tournée, on le sait tous et ce sont des moments à vivre tant la chanson puissante, la dernière euphorie et bien sur l’énergie du groupe nous emporte. Les Muse ont dû ensuite quitter la scène, mais ils ont pris leur temps et les premiers rangs ont eu droit à l’harmonica de Chris, aux baguettes de Dom, aux médiators et serviettes de Matt… De ma place je les vois ensuite passer entre la scène et le rideau, ils se retournent une dernière fois et saluent, avant de partir pour de bon. Dans le public c’est encore la folie : on crie, on les appelle, on applaudit, mais pas moyen d’avoir une improvisation dans un show aussi grandiose mené d’une main de fer. Enfin on ne se plaint pas : 23 chansons c’est déjà beaucoup. Petit à petit tout le monde part, un tour à la boutique et Muse c’est déjà fini…
On a tous des étoiles dans les yeux et un « waw » sur les lèvres, c’est un vrai show à l’américaine (même pour des anglais), les Muse ont une prestance incroyable et leur musique est bien sur toujours aussi puissante. On pourrait juste leur reprocher de parler très peu, de ne pas avoir le petit grain de folie qui rapproche du public, mais dans un concert d’une telle envergure cela ne se remarque à peine. Pour l’anecdote, un tel concert nécessite 4 tour-bus, 20 semis remorques, et plus de 100 personnes, des techniciens de montage aux cameramans Pour sûr, je reviendrai les voir, et pour ceux qui auraient loupé toutes leurs dates en France ce mois d’octobre, il y aura des séances de rattrapages à des festivals l’été prochain, voire même au Stade De France. Les Muse ne sont pas prêts de s’arrêter !