C’est l’un des disques pop frenchy les plus attendus de cette rentrée. Signé par Lescop, qui est certainement l’une des révélations de cette année, la new wave et les textes poétiques reviennent au galop des tendances. Ce sont les nostalgiques de Taxi Girl qui vont être contents.
Depuis quelques mois, on assiste à un retour en force de la pop française décomplexée, puisant son inspiration dans les chansons à textes, la pop moderne des années 80 (génération “jeunes gens modernes”) et le vintage. Les noms de ces nouveaux petits génies sur lesquels il faudra désormais compter ? La Femme, Saint-Michel, Juveniles, Aline, Mustang, Pendentif, Granville et Lescop. Justement, intéressons-nous à ce dernier. Et autant dire que Lescop, Mathieu de son vrai prénom, n’est pas un novice dans le domaine musical. Une expérience riche et variée, du conservatoire à Asyl, groupe de punk-rock rochelais connu pour les titres Intérieur – Extérieur (2006) ou encore Les dieux sont des rois (2009), dont il était le chanteur. Et c’est en profitant d’une pause indéterminée de son groupe que le jeune homme (en noir) a lancé son projet solo, qui s’est monté petit à petit (trois ans au total). Cela s’est concrétisé par la sortie de son album ce mois-ci, après un EP et un joli buzz avec son premier single La Forêt (repris récemment par Mustang) , conte sombre à la mélodie entraînante, mélange entre synthés et guitares nerveuses.
Ainsi, cet interprète (dont son nom de scène signifie “l’évêque” en breton), qui considère son style comme de la “variété bipolaire” possède bien ce statut. Mordu depuis son enfance à la new wave, d‘Etienne Daho à Ian Curtis de Joy Division, en passant par Marquis de Sade (mais aussi de Bowie ou des Sex Pistols dans un autre genre), ce fan des films de Jean-Pierre Melville et d’écrivains comme Yukio Mishima nous emmène dans son univers dark, froid et mélancolique, chargé de textes spleeniens développés.
Un album produit par une vieille connaissance, John (du duo John & Jehn), français expatrié à Londres. Et cet effort regorge de petites pépites vraiment sympathiques. Notamment le très électrique Le Mal Mon Ange (avec un featuring sexy de Dorothée De Koon), titre électro lounge aux paroles poétiques évoquant une séparation amoureuse, ambiance “Elli & Jacno version 2.0″. Dans la même veine que la tristesse et l’amour, on peut parler de la dernière chanson de l’album, Le Vent, à la fois sombre, chagrinante mais tellement belle, une déclaration de l’amour perdu en quelque sorte. La nuit est aussi l’un des thèmes principaux de l’opus (Tokyo, La Nuit, déroutant mais hyper synthétique), mais aussi le rêve (Un Rêve, décidément l’un de mes coups de cœur de l’album, avec un mélange de synthétiseurs, boite à rythmes, guitares, sonneries de réveils à l’intro, ambiance planante eighties, certainement un futur tube, ainsi qu’Hypnose, titre parfait pour allonger sur un fauteuil pour songer), la soirée (Slow Disco, agréable mais un peu ennuyante), Paris en mode night (Paris s’endort, autre coup de cœur, texte aux multiples références, voix flippante mais apaisante), ainsi que les trips de Lescop (La Nuit Américaine, électro et planante, bruits de orages et pluies pour avoir l’impression d’être vraiment dans la situation ; Ljubljana, histoire d’un couple en balade dans la capitale de la Slovénie et Los Angeles, planante, superbe, très Étienne Daho, qui pourrait devenir un tube dans vos playlists). Seul bémol : l’absence de Marlène et Je Danse, deux titres qu’on pourra écouter seulement sur l’EP.
Donc, un album très noir, très night, très cold wave, très français. Mais tellement subtil, romantique et brillant, considérant Lescop comme l’héritier de Taxi Girl ou d‘Indochine (ou il a signé un texte sur le prochain album du groupe). Son album est juste une petite tuerie pour les oreilles. Et pour ceux qui voudront le voir en concert (et on vous le conseille !), il passera à Caen le 31 octobre, à Marseille le 2 novembre, à Paris le 5, à Lille le 6, à Bordeaux le 14, à Strasbourg le 30, à Limoges le 8 décembre et à Lyon le 14.